[Interview] MARCEL “charivari”

Charivari, synonyme de rassemblement festif et de joyeux désordre est le titre du premier album des quatre Belges de marcel. Du post-punk qui gratte, qui sent la sueur et le plaisir du partage, aussi vif que surréaliste, c’est un joyeux bordel qu’il nous offre dans cet opus. Avec une furieuse envie de grand désordre, le quatuor turbulent brouille les pistes musicales et souligne un goût pour le piquant. Furieusement bons, les 10 titres trouvent une alliance subtile entre leurs énergies vivifiantes et leurs rythmes trépidants, parfaitement mis au point ils donnent autant envie de pogoter que de chanter à tue-tête avec eux. Dans cet album plein d’airs obsédants, marcel, caché derrière un masque de clown au rictus satirique, écorche jusqu’au sang les affres de notre monde moderne. Idéal pour reprendre du poil de la bête, parfait pour retrouver le sens de la révolte, indispensable pour dégainer ton pistolet à bouchon et tirer à bout portant sur la morosité ambiante. Ce cérémonial là, au tranchant sous-jacent, est terriblement jouissif. Marcel, c’est du sérieux. Interviews… 

 

Pouvez-vous nous parler rapidement de l’origine de marcel ?
Le groupe s’est fondé à Arlon, dans le sud de la Belgique, autour de 2020. Arlon est une des plus anciennes villes de Belgique avec Tongres, même si on ne sait pas du tout laquelle est la plus vieille. Peut-être Tongres. Mais en même temps Arlon possède un musée gallo-romain avec de trèèès vieilles pierres, donc peut-être qu’Arlon est bel et bien la ville la plus ancienne de Belgique. C’est pour ça, sûrement, qu’un jour quelqu’un nous a dit qu’on avait un son “ancien”.

Post punk délicieusement délirant, rageur et cinglant vous avez un vrai style musical. Avez vous un maître mot qui pourrait vous définir ?
“Fripon”


Votre premier album “Charivari” est sorti le 3 mars. Une étape forcément importante dans votre parcours. Cela représente il une sorte de checkpoint pour marquer votre style ou plutôt ou un point de bascule qui vous propulse vers la suite ?
Disons que nous ferons toujours un peu la même chose en essayant de faire mieux, du moins de continuer à explorer ce qu’on trouve intéressant. Il y avait des accents expérimentaux dans le premier album et des essais sur les timbres avec des instruments artisanaux faits par un pote sur le premier EP. On va sans doute essayer de pousser un peu plus loin ces choses qui font partie de notre ADN, quitte à délaisser la mélodie et sonner moins “pop”. En gros on est en train de réfléchir à une formule plus brutale, plus noise et plus expérimentale de notre musique, tout en conservant son côté festif et joyeux.

Comment et avec qui avez-vous enregistré cet album ?
A part les batteries, qui ont été enregistrées dans un studio pro à Bruxelles, nous avons tout enregistré chez Ulysse, le batteur, qui se trouve être aussi ingénieur son. On prenait le temps, on était “comme à la maison”, en pleine campagne ardennaise, sans se presser, en se bookant des petits jours par ci par là. Et on a envoyé le tout à Ben Hampson, qui a produit et enregistré le premier album de DITZ, qui nous avait tapé dans l’oreille l’an dernier.

Dans votre musique nous identifions de nombreuses influences tel que Idles, Yard Act, It It Anita, etc… Mais vous Qu’écoutez-vous le plus ?
Certains écoutent ces groupes, d’autres écoutent des trucs beaucoup plus noise et punk, d’autres de la musique classique, des trucs dépressifs indie ou des trucs plus expérimentaux. On se retrouve tous un peu dans ces groupes, mais on pratique surtout l’éclectisme pour ne pas tomber dans la mimique creuse. L’important, c’est la variété, comme dirait mémé !

Il y a dans vos morceaux un axe volontairement sarcastique, limite cynique, qui intrigue. Que cherchez-vous à transmettre dans vos chansons ?
Le sens de la fête. Le retour à l’animalité positive, proche de la nature. A une humanité bestiale mais heureuse. En maternelle, on a appris que les premiers cyniques étaient des philosophes grecs qui voulaient se comporter comme des chiens pour mettre à jour, par des techniques burlesques, les comportements inhumains dans une société humaine. 2500 ans plus tard, on constate toujours que certains rottweiler ont plus d’humanité en eux que Pascal Praud. Donc il y a plusieurs formes de cynisme aujourd’hui; celui auquel on se rattache, moins connu, est plus joyeux et fantasque que celui pratiqué par Patrick Pouyanné. Il a l’odeur de l’Acropole et des branches d’olivier, pas du pétrole et du léchage de cul.


Vous avez défendu “Charivari” plusieurs fois sur scène depuis la sortie. Le live est aussi un moment charnière pour confronter les morceaux au public. Comment l’avez-vous vécu et comment le public a-t-il accueilli ?
Nous sommes globalement très contents des retours des gens qui viennent nous voir, même si nous sommes loin d’atteindre le quota de vente de gants de toilette qu’on s’était fixés au tout début du projet. Mais en général, on peut dire qu’il y a toujours des malades pour s’intéresser à une musique bruyante faite par des personnes qui tiennent des instruments dans leur main avec une maladresse relative. Parfois on est même sur le cul de voir que nos morceaux font bouger des centaines de jeunes qui ne nous connaissaient pas du tout à la base. On a eu cette surprise au Pelpass Festival à Strasbourg cette année: les gens se sont rentrés dans le lard pendant 45 minutes, et tout ça dans la joie et la bonne humeur, sous un chapiteau de 800 personnes. C’est notre meilleur souvenir scénique jusqu’à présent. C’est pour ça qu’on fait ça. Pour apprendre encore à se bousculer dans le sourire et à libérer une énergie qui dort le reste du temps.

 
 
 

 


Écouter Charivari de Marcel
Photo de couv. (c) Marthieu Teissier