[Interview] Madame Robert – “C’est pas Blanche Neige ni Cendrillon”

Le quintette parisien Madame Robert, a sorti il y a quelques semaines un excellent nouvel album répondant au doux nom de “C’est pas Blanche-Neige ni Cendrillon” mais contrairement à ce que vous pourriez penser de prime abord, il ne s’agit là ni de contes de fées, ni de chansonnettes pour enfants, mais plutôt d’un généreux carrousel de portraits digne d’un Boris Vian, tendres, mélancolique ou sarcastiques, vue par la lorgnette de notre bistrot de quartier favoris. Cette bande de grands gamins terribles n’en est pas à son coup d’essai : en effet, au chant, nous retrouvons Reuno (frontman de Lofofora), à la basse Stef Zen (Harvest Blues Band, ex-bassiste et Parabellum), à la guitare Julien Mutis (Harvest Blues Band), aux claviers Léa Worms (Gaëlle Buswel et Nina Attal) et à la batterie Fabien Rault (Little Odetta). Voilà donc un combo gagnant qui prouve, en dix titres, qu’il maîtrise un Rhythm & Blues à la sauce Soul des meilleurs effets. Que vous soyez adepte des dancefloors ou des comptoirs de café-concert, à l’écoute de ce disque savoureux, vous remettrez forcément une pièce dans le jukebox et comme moi, vous vous direz : Madame Robert, redonnez moi, s’il vous plaît, encore un peu plus de décibels pour mon tuner.
Afin d’en découvrir un peu plus, Reuno répond à nos questions.  

 

Bonjour, pouvez-vous revenir brièvement sur le postulat à l’origine de Madame Robert ?
L’idée de départ avec ce groupe était de faire en français, une musique inspirée du Rhythm & blues et de chanteurs des années 60 dont les textes oscillaient entre dérision et sensibilité, tels que Jacques Dutronc, Nino Ferrer, Claude Nougaro ou encore Pierre Vassiliu. Et puis aussi l’envie avec Stef, le bassiste qui jouait dans Parabellum et moi qui suis aussi dans Lofofora, de jouer le contre-emploi en nous éloignant de nos univers musicaux plus agressifs pour aller vers quelque chose de plus léger.

Vous avez sorti votre 2e album “C’est pas Blanche-Neige ni Cendrillon” il y a quelques semaines. Dès le départ, avez-vous une idée bien précise de ce que devrait donner cet album ?
C’est après avoir joué, live le premier album que l’on a évalué le potentiel du groupe à faire danser le public et le plaisir que l’on y prenait. Sans vouloir vouloir répondre à une étude de marché, on s’est naturellement dirigé vers des compos encore plus « groove » que dans le premier disque. Même si l’on ne s’est rien interdit.

Dans cette belle bande, de 5 fantastiques complices, que forme Madame Robert, il y a moult expériences et un savoir-faire mélodique indéniable. Pouvez-vous nous parler du processus créatif au sein du groupe ?

Ça s’organise un petit peu comme une bouffe entre potes, ou chacun ramène ce qu’il a dans son frigo. Enfin on essaie d’éviter les restes avariés. Ça fonctionne pas mal à l’instinct entre nous avec beaucoup de jam. Avec les influences et les expériences de chacun, on arrive à être assez complémentaires et à se surprendre les uns les autres, ce qui est la plupart du temps très agréable.

Il y avait quoi dans le Jukebox de Madame Robert à cette période de création ?

Du Ann Peebles, du JD Mc Pierson, The Black Key, The Black Pumas, Etta James, Brigitte Fontaine… etc…

Niveau sonorité, vous naviguez entre soul, blues, rock avec un groove bien entraînant. C’est quoi exactement la recette secrète du cocktail de Madame Robert ?
On n’ a pas de recette secrète, ou alors on n’en est pas conscients. Ça nous plaît vraiment de faire de la musique ensemble et on essaye de retranscrire cet enthousiasme dans nos compos. On réfléchit pas trop.

Beaucoup de choses se sont passées depuis votre dernier disque, il y a 6 ans. Dans quelle mesure ces années ont-elles influencé votre musique ?
La pandémie notamment, après nous avoir mis à l’arrêt pendant trop longtemps, nous a donné envie de nous remettre à la création de la façon la plus sincère possible, la plus intense aussi, parce que maintenant on est conscient que tout peut s’arrêter d’un jour à l’autre. Donc certainement un sentiment d’urgence.

Dans vos chansons, de prime abord, il y a beaucoup de légèreté, mais en écoutant bien, il y a aussi un propos avec du sens, un regard sur le monde. Dans le climat actuel, n’est-ce pas un exercice d’équilibre difficile de naviguer entre bonne humeur et gravité ?
C’est vrai que ces jours-ci, on n’a pas trop envie de se marrer. Mais je reste de ceux qui pensent que l’on peut rire de tout (mais pas avec tout le monde). Dédramatiser pour prendre le contrôle de ses propres peurs, c’est un peu ça le coup d’entourloupe des artistes. Transformer le cauchemar en rêve ou quelque chose dans le genre…

Quel est le message le plus important que vous pourriez écrire sur un papyrus hindoustanis pour les ami.e.s de Madame Robert ?

De ne pas sortir la nuit sans Waterproof et aussi qu’on a hâte de les retrouver dans la vraie vie lors d’un de nos concerts par exemple.

 

 

Photo de couv. Richard Metivier