La guitariste et chanteuse lilloise Lena Deluxe revient avec son nouvel album “Santaï”. Mélancolique et somptueuse, elle nous invite à la suivre dans une belle excursion musicale où se mêlent des rythmes chaloupés et lancinants. La voix chaude et sensuelle de Lena, chantée en français, en anglais et en bahasa indonésien, dépasse les horizons et en devient un point d’accroche transfrontalier puissant aux styles multiples. Interview…
Vous avez sorti votre nouvel album ” Santaï” en septembre dernier, pouvez-vous revenir sur l’idée d’origine qui vous a guidé dans son écriture ?
Cet album est une sorte de carnet de voyage musical. En effet, je suis partie en voyage en Asie du Sud Est et j’ai séjourné en Indonésie dans une communauté d’artistes à Yogyakarta. j’y ai rencontré un guitariste au jeu très particulier, Ipin Nur Setiyo, mélangeant des influences rock psyché et la musique traditionnelle indonésienne. Un soir, nous avons jammé ensemble et ça a tout de suite matché. Je lui ai donc proposé de faire un album ensemble.
Dans cet album le français, l’anglais et l’Indonésien s’unissent pour composer un univers riche qui semble profondément poétique. Comment définiriez-vous l’univers de Santaï ?
Pour moi Santai, est un album pour voyager, se vider la tête, avec un aspect mystique, une rencontre entre la pop, le rock psychédélique et la musique de transe ethnique.
Avec qui et comment avez-vous enregistré et composé cet album ?
J’ai donc enregistré et composé l’album avec Ipin à la guitare et 3 autres musiciens de Yoygakarta : Adam Lauhil à la basse, Eugene Gagah Caputantra à la batterie et au kendang (percussions inodnésienne), et Adam Alydrus aux instruments plus traditionnels (sapé et kecapi). Nous avons enregistré la majorité des instruments au studio Kua Etnica à Yogyakarta avec le groupe, puis j’ai fini les voix et les arrangements en France. Pour la composition, nous sommes partis d’improvisation ensemble pour trouver les idées et l’énergie des morceaux puis de mon côté je travaillais sur les structures, les mélodies et l’harmonie.
Dans votre musique il y a de nombreuses influences : rock psyché, pop, musique du monde parfois. Où puisez-vous vos inspirations ?
La musique indonésienne comme le keroncong a influencé une partie de cet album mais il y a aussi tous les groupes rock psychés 60’s ou plus récents que j’écoute qui m’inspire. Ça va des Beatles au Doors à Allah Las ou le groupe Goat pour les plus récents. J’aime beaucoup ces groupes psychés qui mélange les genres et mettent en avant la musique traditionnelle de leur culture comme Tinariwen par exemple ou Altin Gun.
Presque mystique, il y a quelque chose de magnétique, de magique qui plane dans l’atmosphère dans vos chansons. Que cherchez-vous à transmettre ?
Pour les musiciens indonésiens avec qui j’ai travaillé sur cet album, la musique a traditionnellement une origine spirituelle et profonde. Elle est là pour honorer la nature par exemple ou les esprits. Je pense que de ce fait, on trouve dans cet album une dimension mystique. La musique en Indonésie peut servir de pont vers la transe, et j’avais envie de retrouver cet aspect transe dans cet album, à travers des riffs et des rythmiques répétitives, des chants parfois scandés au niveau de la musique. Et en ce qui concerne les paroles, les textes évoquent des sujets variés comme le féminisme, l’écologie, l’introspection.
Vous avez eu l’occasion de présenter vos nouvelles chansons sur scène déjà de nombreuses fois. Comment vivez-vous les moments de partage que sont les concerts ?
Le live c’est vraiment l’occasion de donner vie à ces morceaux, à la transe dont je parlais. Sur scène, je me sens portée par les musicien-nes qui m’entourent et par le public. La scène, c’est vraiment un moment très particulier qu’on ne vit pas dans notre vie de tous les jours et j’essaie de me rappeler de profiter de chaque seconde avant chaque concert car c’est une chance de pouvoir jouer ces titres devant un public.
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Photo de couv (c) Audrey Jean