[Interview] L’Ambulancier – “French Manhattan”

Ex-leader de So Was The Sun, chanteur des Reines du Baal et écrivain, Palem Candillier revient avec un nouveau projet musical : L’Ambulancier. Cet anti-héros solitaire combat ses angoisses à bord de son véhicule professionnel customisé, à toute berzingue dans les ruelles sombres de French Manhattan. Cette ville imaginaire construit ses hauts buildings à partir des bandes dessinées Tortues Ninja et des films d’action horrifique de John Carpenter. Sous une nuit pluvieuse perpétuelle, Alain Souchon viendrait s’y promener, à la lueur des lampadaires.

 

Pourrais-tu nous présenter brièvement l’origine de ton projet L’Ambulancier ? 
J’ai joué ou mené des groupes de rock indé pendant une quinzaine d’années et aujourd’hui je sillonne les rues d’un endroit méconnu du grand public qui s’appelle le French Manhattan. C’est un quartier de New York où la langue française est restée active et où les disquaires de nuit vendent des albums de variété, de krautrock et d’electro 80s, ce qu’on peut entendre dans mes chansons avec quelques riffs influencés par la scène grunge. C’était important pour moi de faire ce virage musical et de rouler en solitaire, même si j’ai de super brancardier.e.s qui m’assistent en live.

 

Tu travailles actuellement sur ton premier album French Manhattan, à paraître en novembre 2024. Quel en est le fil conducteur ? 
L’album est prêt depuis quelques mois, en ce moment je travaille surtout sur la promotion et la création de contenus autour de lui. Musicalement, ce sont dix titres electro-rock chantés en français sur l’amour à sens unique, la perte de repères, les réseaux sociaux et la fin du monde. En fait, French Manhattan parle beaucoup du fait de chercher sa place, que ce soit avec l’autre, avec les autres ou dans la société. Savoir qui on est, où on en est, avec les grosses batteries synthétiques et les guitares électriques que je traîne dans mon coffre. 

 

Avec qui bosses-tu pour son élaboration ? 
J’ai beaucoup écrit et arrangé seul ce disque, mais il ne serait pas aussi bon sans l’intervention de mon guitariste Baptiste Rigaud sur quelques idées et sans le travail incroyable de mon réalisateur, Hugo Cechosz (Bernard Lavilliers, Eiffel, Gurl), qui s’est battu pour donner à chaque titre une identité. On a passé beaucoup de temps ensemble à ajouter et retirer des éléments, à se demander comment réussir ce pari de faire cohabiter des sons électroniques et des guitares sans qu’il y ait de lassitude à l’écoute ou que la mayonnaise ne prenne pas. Vincent Louvet (Ko Ko Mo, Vianney) a assuré patiemment le mastering, je n’arrêtais pas de temporiser ma réponse pour valider ses propositions. Côté visuels, j’ai demandé à Olivier Laude (Dombrance, Science & Vie) de créer la pochette et d’autres images autour du projet pour recréer cette ambiance de comics US qui me résume bien. Et bien sûr j’ai la chance d’avoir les conseils et le guidage de mon manager, Yann Landry. 

 

Tu as déjà dévoilé tes premiers singles Iowa et Panne Sèche qui sont tous les deux bien électriques. Sont-ils représentatifs de la tonalité de l’album ? 
Je les trouve assez différents dans l’électricité et dans ce sens ils représentent bien l’album, oui. Il y a des morceaux rapides et incisifs mais aussi des moments plus mid-tempo où, comme avec “Panne Sèche”, je prends le temps de développer une idée et de laisser la chanson se faire une place dans la tête des gens. L’album est en tout cas très mélodique et a une bonne palette cohérente de couleurs, comme une enseigne néon dans la nuit. Et il passe très bien dans l’autoradio.

 

Ton clip d’ Iowa à la sauce Black Mirror est pour le moins percutant et bien pensé. Comment est venue cette idée ? 
J’adore travailler avec Seb Antoine, qui avait réalisé le clip de “Monogame” en 2021 et avec qui on a cette envie commune de raconter une histoire à chaque vidéo. On dévore a en commun d’être fan de séries et de jeux vidéos dystopiques et on a vite compris que les paroles d’Iowa, qui parlent de n’avoir le temps de rien, allaient nous amener à écrire quelque chose dans cette direction. L’idée d’une application de coaching de vie qui se détraque est venue très vite et on a voulu aussi injecter de l’humour dans le concept pour rester dans une vibe joyeuse. Je suis ravi si ça a marqué les esprits.

 

Ton rock mélodique en français révèle de multiples influences, punk rock, stoner, électro. Qui sont tes maîtres à penser en la matière ? 
Un jour j’ai écouté “Rather Ripped” de Sonic Youth, puis je les ai vus en concert et je me suis totalement reconnu dans leur démarche, j’ai tout de suite pensé que c’était mon vrai ADN et beaucoup de mes projets ont été influencés par leur univers grungy, expérimental, très à l’écoute des sonorités bizarres que le matériel peut produire. L’autre gros choc, ça a été Carpenter Brut, autant pour la puissance du son que pour la démarche visuelle et technique – j’ai même pu travailler avec un de ses collaborateurs pour faire évoluer ma configuration live. Sinon j’adore toutes les formes de rock “robotique”, que ce soit certains titres des Queens Of The Stone Age ou Kraftwerk, Can, Neu!. Il y a aussi Souchon, les Slits, L’Envoûtante, La Féline dans mon panthéon.

 

Tu seras sur la scène du Cirque Électrique le 10 juillet prochain. Sans en dévoiler trop, qu’as-tu prévu pour cette date ? 
Je partage la soirée avec des projets electro : d’abord Fleur et Bleue pour un showcase très pop optimiste et tendre, ensuite ça sera mon tour et le duo The Bousculaires va fermer la marche avec un set instrumental intense et dansant comme elles savent le faire. Vous viendrez passer un très bon moment non seulement francophone mais surtout entièrement paritaire, histoire d’ajouter un peu d’égalité et de solidarité dans ce monde et dans ce milieu où beaucoup reste encore à faire.