Le duo, HUM HUM, réunissant Sophie Verbeeck et Bernard Tanguy alias BT93, dévoilait, le 13 septembre 2024, un nouvel album, au nom évocateur « Le Prince de Cendres ». Plein de sensibilité et profondément émouvant, les deux artistes traitent de la perte de l’autre, du deuil et des forces qui nous raccrochent à la vie…
Pourriez-vous revenir sur l’origine de Hum Hum ?
Sophie : sur l’origine du nom, on cherchait un nom qui nous ressemble et un jour on est tombé sur le mot « hum » qui désigne un son basse fréquence que seulement certaines personnes sur le globe entendrait et leur perturberait l’esprit. Il y a eu des recherches sérieuses sur le sujet. Eh bien un son qui perturberait l’esprit de certains êtres humains pourrait convenir parfaitement à ce qu’on fait et comme on est deux, Hum Hum. Après on s’est rendu compte que ça pouvait aussi signifier humain, humaine.
Bernard : sur l’origine du groupe, on s’est rencontré sur le tournage d’un film que je réalisais (Parenthèse sorti en 2016) où Sophie avait l’un des rôles principaux et le soir à l’hôtel, je me mettais parfois au piano et Sophie chantait. L’envie de prolonger l’expérience après le film est venue naturellement et je me suis remis à composer des chansons après avoir arrêté la musique pendant plus de 20 ans.
Par rapport à vos autres projets respectifs, quel est le lien qui vous soude à faire de la musique ensemble ?
Sophie : l’amitié, le fait d’aimer partager du temps ensemble.
Bernard : je suis payé très cher pour composer des musiques pour Sophie. un véritable pont d’or qu’on ne peut refuser, comme Ronaldo en Arabie Saoudite. Je plaisante, Sophie a tout dit, c’est notre amitié le moteur principal.
Dans la continuité de « Traversant » sorti il y a 3 ans, vous venez de sortir « Le Prince de Cendres ». Vous déroulez un fil narratif autour du deuil avec beaucoup de sensibilité entre retenues et émotions fortes. Pourquoi avez-vous décidé d’aborder ce sujet si intime finalement ?
Sophie : je trouve que ce n’est pas vraiment un choix, car finalement les sujets s’imposent à nous. On part souvent de la mélodie, donc quelque chose d’un peu abstrait, et au fur et à mesure des improvisations entre nous, ce qui s’impose c’est le sentiment qui nous submerge et pour moi dans l’écriture, ce qui me submergeait, c’est que je venais de perdre mon père. Il y a aussi les angoisses et inquiétudes qu’on a par rapport à cette époque. Au bout d’un moment, les thèmes s’imposent d’eux-mêmes. Le sentiment vient avant l’intelligence du texte.
Bernard : comme je venais moi aussi de perdre mon père, le thème du deuil me touchait aussi profondément.
Est-ce que le fait de réaliser ce dernier disque vous a permis de définir encore plus votre univers ?
Sophie : oui, toujours, un nouvel album ça permet d’affiner un paysage et notre paysage était déjà dessiné autour du respect de la nature, du règne animal et du féminisme. Et il l’est encore plus avec cet album, avec un focus sur la fragilité des êtres et des choses dans ce monde et le soin et la bienveillance dont on doit d’autant plus faire preuve.
Bernard : musicalement, cet album a permis d’affiner notre positionnement Prog-pop (voir question suivante)
Votre duo dégage un sens rythmique particulier plein de délicatesse et de fougue. Comment définiriez-vous votre style musical ?
Bernard : on fait donc de la Prog-pop (une trouvaille de Technikart pour qualifier notre style), avec le recours à de vrais instruments, une rythmique humaine et des morceaux aux mélodies et arrangements que j’aimerais pourvoir dire sophistiqués, en tout cas qui me prennent beaucoup de temps, et qui peuvent « progresser » au cours de la chanson. Donc de la pop matinée de rock progressif, un peu électro aussi, en résumé, de l’électro-pop-rock progressif…
Sophie : …pur 🙂
Bernard : hyper pur 🙂 En réalité le style importe peu. Tout a tendance à être un peu formaté et dans des cases, principalement pour que les gens s’y retrouvent, mais ça a un côté artificiel. Nous, on n’est pas très porté sur le formatage. Il faut avant tout écouter les mélodies, les schémas harmoniques et se laisser porter par les émotions qui en résultent.
En vous écoutant je pense à . Quels sont les artistes qui vous inspirent le plus ?
Sophie : PJ Harvey, Bjork, Kate Bush… les artistes qui m’inspirent le plus sont ceux qui sont chargés d’un univers mental très singulier.
Bernard : musicalement, Bowie, Gainsbourg, Yes, Air… et aussi Stupeflip, notamment dans sa composante Prog-rock qui s’exprime dans les morceaux terminant chaque disque.
La scène est aussi un aspect important de votre univers artistique. Vous serez notamment sur la scène de la boule noire le 20 décembre 2024 prochain. Un moment clef pour présenter vos titres en live. Comment appréhendez vous cette date ? -Et sans en dévoiler trop, qu’allez-vous préparer ?
Sophie : on a toujours peur de monter sur une scène, car si on n’avait plus peur, on ne le ferait pas, néanmoins le travail apaise les angoisses, donc on travaille beaucoup.
Bernard : et que va-t-on préparer déjà !?
Sophie : on va préparer notre fin 🙂 on va mourir sur scène… et renaître.