[Interview] Festival Rituel 6 – Du 15 au 19 novembre 2023 à Rennes

À vos agendas, les amis Je vous parle aujourd’hui d’un immanquable rendez-vous, le fameux festival Rituel 6 qui mélange musiques, tatouages et art visuel. Il redebarque à Rennes du 15 au 19 novembre 2023 avec une nouvelle édition une fois de plus préparée aux petits ognons. Entretien avec Manon Hody, coordinatrice générale du festival, qui répond à nos indiscrétions sur cet événement hautement recommandable. 

– Pourriez-vous nous expliquer d’où vient l’idée d’origine du Festival Rituel ?
 
Au départ, on voulait seulement organiser des concerts de groupes de découverte dans différents bars à Rennes. Petit à petit, on a eu envie de faire venir des groupes d’un peu plus loin, et un peu plus gros : le format du festival s’y prêtait mieux, que ce soit en termes de budget, ou d’attractivité. Comme notre but premier est de faire découvrir des artistes au public rennais, créer un événement ponctuel attire plus d’attention du public qu’un “simple” concert en bar.
Très vite, on a aussi été attiré par l’idée de mélanger les disciplines du tatouage et des arts visuels sur ce rendez-vous. Notre réflexion était que les artistes de nos jours sont rarement impliqués dans une seule discipline, parfois par passion, mais souvent par nécessité économique. En parlant autour de nous, on s’est vite rendu compte que beaucoup des musicien.ne.s qui jouaient chez nous étaient aussi graphiste, tatoueur.euse, peintre etc. C’est ainsi qu’on a eu envie de les mettre à l’honneur sous différentes formes : expositions, concerts et sessions tatouage.


– Votre pluridisciplinarité mélange Musiques, Tatouages et Art visuels en investissant plusieurs lieux associatifs, salle de spectacles et cafés-concerts ce n’est pas banal et même plutôt audacieuse. Dans cette effervescence vous identifiez-vous comme des faiseurs d’interactions artistiques et sociales ?
 
Depuis les débuts du festival, il a toujours été important pour nous d’aller à la rencontre du public, d’où notre investissement dans plusieurs lieux à chaque édition.
D’un côté, on vit dans une époque de sur-sollicitation, ce qui rend très difficile de tout digérer et des faires des choix.
Aller dans ces endroits nous permet de rencontrer le public dans ses zones de confort, et pourquoi pas les motiver à découvrir de nouveaux lieux par la suite.
Aussi, nous avons toujours aimé provoquer la curiosité des gens. Les meilleurs retours qu’on puisse avoir sont “j’ai découvert tel groupe au hasard d’une de vos soirées et maintenant je les écoute tout le temps”.
C’est peut-être naïf et idéaliste, mais se dire qu’on peut créer du lien social seulement grâce à un concert ou une expo, c’est une idée qui nous plaît beaucoup et qui nous donne envie de continuer. On se rend compte que les fractures dans notre société ne résistent pas à l’envie des gens de s’immerger dans l’art et rencontrer de nouvelles personnes. Les rencontres entre le public et les artistes permettent aussi de faire tomber les frontières, de parler de ses modes de vies, d’apprendre les uns des autres et d’apporter son soutien. À notre sens, c’est une étape indispensable pour avancer et évoluer en tant qu’être humain.

 
– Depuis 2017, vous avez forcément acquis une certaine connaissance de vos besoins et de vos attentes. Qu’elle est pour vous votre évolution principale ?
 
L’évolution principale pour nous est la qualité d’accueil qu’on peut offrir aux artistes. On a fait beaucoup de chemin depuis 6 ans, et bien que les accueils techniques se soient toujours bien passés, on sent – surtout depuis 2022 – qu’on a franchi un certain cap dans le confort qu’on offre aux artistes. Ce qu’il y a au centre de tout événement, c’est la volonté d’accueillir sereinement les groupes, avec du bon matériel et parfois, une scène un peu plus conséquente que ce à quoi ils sont habitués. Dans l’association, on a tous commencé sans trop savoir comment travailler, et on s’est beaucoup formé sur le tas, à force de rencontrer de nouvelles personnes et surtout, on a beaucoup appris de nos erreurs. On a encore du chemin à faire, bien sûr, mais savoir qu’on a amélioré tout l’aspect technique de notre festival, ça nous permet aussi d’inviter des groupes plus demandeurs techniquement, et de commencer à explorer d’autres formations que basse – batterie – guitare – voix. 

 
– Pour la construction de votre programmation, avec cette masse incroyable de nouveaux projets à découvrir et d’artistes à soutenir, comment vous organisez-vous pour faire vos sélections ?
 
Comme beaucoup de gens de nos âges, on passe beaucoup de temps sur internet à chercher de nouveaux projets. Que ce soit à l’aveugle en traînant sur les dernières sorties de bandcamp, ou via des side-projects d’autres groupes, on est très souvent amené à découvrir de nouvelles pépites. Une de nos grandes inspirations, c’est aussi les autres événements organisés à Rennes ou en France, et d’autres festivals de découverte. Je pense notamment au festival néerlandais Left off the Dial qui depuis 2018 s’est spécialisé dans la découverte de groupes punk, post-punk, rock et pop. 
Au centre de tout ça, il y a aussi les rencontres qu’on peut faire lors de nos événements. Au détour d’une conversation, on peut apprendre qu’un.e musicien.ne est aussi graphiste ou tatoueur.euse, et ça nous donne envie de le.a réinviter pour l’année suivante. Même chose pour leurs autres projets musicaux, ou même les projets de leurs proches. 

 
– Dans vos découvertes artistiques, quels ont été vos plus beaux coups de cœur ?
 
Au sein de la programmation, c’est difficile de choisir un seul coup de cœur, mais je dois dire que le projet qui me donne très envie ces derniers temps, c’est Mock Media. C’est un groupe fondé par des membres de Crack Cloud, N0V3L (qu’on a pu faire jouer en 2019 au bar’hic), Pottery et Painted Fruits. Je suis très fan de tous ces projets depuis quelques années, et c’est très excitant de voir que ces gens se connaissent et ont voulu créer un projet ensemble. 
 Il y a aussi le groupe Neighbours Burning Neighbours qui est passé à Rennes en avril dernier. C’est un projet noise-grunge de Rotterdam, mené par deux chanteuses. Un groupe avec une belle énergie, et une justesse dans leur rage qui est très rare dans un milieu où l’attitude “over the top” est de plus en plus courante sur scène. 

 
– Quelles actions aimeriez-vous pouvoir mettre en place dans l’avenir pour rendre votre structure encore plus active localement, et artistiquement parlant ?
 
Notre priorité est surtout de consolider le festival et de rendre notre activité pérenne. Pour l’instant ce n’est pas le cas : entre les financements publics octroyés aux petites associations qui sont plutôt faibles, la hausse des coûts de production (cachets, location de matériel…) et la quantité d’évènements à Rennes, on marche sur un fil à chaque édition. On trouve beaucoup de réconfort à parler à d’autres associations similaires à la nôtre, je pense notamment à l’association Des Pies Chicaillent et la FTTT : on se rend compte qu’on n’est pas les seuls à avoir des galères, mais à tout de même avoir envie de continuer. 
En 2023, espérer une hausse de l’argent public est, à mon sens, une fausse piste. Sans rentrer dans les enjeux politiques, on assiste aujourd’hui à une privatisation de la musique. Par conséquent, un fossé se créer entre le festival indépendant et les grandes machines gérées par des multinationales. C’est toujours simple de taper sur les grands méchants, mais même à l’échelle de Rennes, on commence à sentir ces différences. Même si ça peut être effrayant, je crois fermement en la force des associations locales et indépendantes, et leur envie d’offrir des événements accessibles de qualité à leur public. Je pense qu’il va être très compliqué de nous faire disparaître. 

 
– À maintenant moins d’un mois du début de Rituel 6, avez-vous une certaine forme d’impatience et/ou encore des appréhensions ?
 
C’est très excitant mais c’est aussi impressionnant à quel point le temps passe vite. J’ai l’impression que le moment où j’ai découvert Opus Kink au hasard était seulement hier, alors que nous les accueillons dans moins d’un mois. Mais il y a surtout beaucoup d’impatience, surtout de rencontrer enfin les artistes dont on parle sans relâche depuis des mois.
Bien sûr, on a beaucoup d’appréhension sur le bon déroulement du festival, notamment au niveau de la fréquentation. Rennes est une ville hyperactive où les événements rock et punk sont la norme, et il peut paraître parfois difficile de pouvoir tirer son épingle du jeu. Mais c’est un projet de passion, et nous travaillons sans relâche depuis ces 7 derniers mois pour que l’événement trouve son public, que les gens découvrent de nouveaux artistes et que tout le monde passe un bon moment. 
 
 
 
 
 
 



Plus d’information sur le festival : www.rituel111.fr