Avec « Cold Lava », Bukowski signe un retour aussi brûlant que viscéral. Sorti en novembre chez At(h)ome, ce nouvel album marque la poursuite de l’aventure, avec l’arrivée de Max à la basse, après le décès du bassiste originel Julien. Le quatuor parisien, toujours aussi habile dans son mélange de stoner, hard rock et punk metal, renoue avec l’urgence de ses débuts tout en y injectant une puissance frontale massive. Onze titres portés par une tension permanente et un engagement plus affirmé que jamais. Ce septième opus de Buko, pour les intimes, coule comme un magma incendiaire et frappe fort. Très fort.
À cette occasion, Mathieu, chanteur du groupe, revient sur la genèse de l’album, ce besoin de revenir à l’essentiel, l’importance de la scène et l’énergie intacte qui anime encore Bukowski après toutes ces années.
Pour ce nouvel album, vous avez mis la main à la pâte collectivement ?
Oui, complètement. On a tous participé à la création, aux structures, à l’écriture. C’est vraiment un album collégial.
Quelque chose de plus unique que ce que vous aviez fait auparavant ?
On a essayé de revenir à l’essentiel, avec des morceaux plus courts et plus efficaces, un peu comme à nos débuts. On y a quand même ajouté une touche de modernité, notamment avec quelques sons électro en arrière-plan. Ça ne change pas l’ADN du groupe, mais ça crée un mélange entre retour aux sources et modernité.
Cette envie de revenir aux sources vient d’où ?
L’album précédent a été un peu particulier à faire, notamment à cause du Covid. On est partis dans des expérimentations intéressantes, mais qui s’éloignaient un peu de ce qu’est Bukowski. Avec ce nouvel album, on a vraiment voulu revenir à l’essentiel.
Vous avez travaillé à nouveau avec Francis Caste pour l’enregistrement. Ça a joué dans cette direction ?
Oui, énormément. C’est le quatrième album qu’on fait avec lui. Il connaît la genèse du groupe, notre histoire. Il aime dire que Bukowski, c’est un porte-avions sur le canal Saint-Martin, et c’est exactement ce qu’on voulait retrouver. Dès la réunion avant l’enregistrement, on était tous alignés. Il a vraiment été comme un cinquième membre du groupe.
Il y a aussi une vraie complicité quand on travaille avec les mêmes personnes ?
Oui, clairement. On s’entend très bien humainement, sa manière de travailler est très relax. On a enregistré dans d’excellentes conditions, à la fois humaines et artistiques.
Dans l’histoire du groupe, comme partout il y a eu des hauts et des bas. Est-ce que ça a aussi influencé ce retour à quelque chose de plus originel ?
Exactement. C’est l’histoire d’un groupe : à un moment, tu te dis que ce qui a fait naître le projet, c’est ça la base. Cet album est aussi un hommage aux débuts de Bukowski.
Avec l’expérience des grandes scènes comme des plus petites, l’envie de monter sur scène est elle toujours la même ?
Oui, toujours. Et l’arrivée de Max, notre nouveau bassiste, nous a apporté un regain d’énergie énorme. On est vraiment impatients de reprendre la route pour défendre cet album.
Vous avez aussi la réputation d’être un groupe très intense en live !
Oui, c’est assez sportif ! Du coup, on s’est tous mis à faire plus de sport qu’avant. Histoire de ne pas perdre trop de patates sur scène.
La scène reste essentielle pour vous ?
Complètement. On adore ça. On prépare un vrai show, avec une grosse scénographie, des lights time-codées, de la fumée, un backdrop spécial. On a voulu des morceaux plus “fat”, plus amples, pour créer quelque chose de fort sur scène.
On sent un regain d’intérêt pour le rock metal aujourd’hui. Y a t il une forme de fierté à appartenir à cette scène ?
Carrément. On est très fiers de défendre cette musique, qui est clairement d’inspiration anglo-saxonne. Il y a une très belle scène en ce moment, que ce soit dans le rock ou le metal, avec beaucoup de nouveaux groupes impressionnants. Ça fait plaisir de voir émerger tous ces nouveaux groupes français.
Est-ce que des gens vous parlent parfois de l’influence que vous avez eue sur eux ?
Oui, assez souvent. On a parfois été catalogués “stoner”, même si c’est plus large que ça. Quand des groupes nous disent qu’on leur a donné envie de faire de la musique, c’est extrêmement gratifiant.
Il y a aussi cette idée de fédérer. Faire de la musique, pour moi, c’est aussi partager et rassembler. Et là, on est en plein dedans.
Sur cet album, vous avez un titre avec Reuno (Lofofora). Comment est née cette collaboration sur « Communication In Silence » ?
On cherchait un invité, et on a fait un concert avec Lofofora, juste avant l’enregistrement. Ça nous a paru évident. Reuno est très sollicité et dit souvent non, donc on était super heureux qu’il accepte. Ça s’est fait très simplement en réalité.
J’ai grandi avec Lofofora. Avoir Reuno sur un album enregistré chez Francis, qui ne l’avait jamais enregistré avant, c’était une vraie fierté personnelle.
Bukowski existe depuis la fin des années 2000. Le monde de la musique a beaucoup changé depuis.
Je fais partie de ceux qui trouvent certains changements regrettables, même si je ne veux pas faire le vieux con. Aujourd’hui, tout passe par les algorithmes, l’image, le fait de se montrer en permanence. C’est presque une forme de télé-réalité. On essaie de s’adapter, on n’a pas trop le choix.
On sent aussi un engagement plus frontal dans vos textes.
Oui. Ça a toujours été là, mais aujourd’hui on ose davantage. Ce n’est pas politisé, mais il y a de l’engagement. On assume plus nos convictions. Les premiers singles étaient une façon d’annoncer ça !
« Criminals » met clairement les pieds dans le plat. On voulait prévenir que cet album serait engagé.
https://boutique.label-athome.com/fr/bukowski/671-bukowski-cold-lava-edition-vinyle-collector-numerotee-3760068974060.html
Photo de couv. François Duffour



