Dans les méandres d’une métropole où la lumière des néons danse comme des kaléidoscopes, le combo Back In The City réussit à imposer sa propre vibration rock riche en atmosphères captivantes et en tensions électrisantes. Les 11 titres acérés de leur 1er album « A Place Where Life Is Better » qui suit un premier EP « Deep into the night » (2021), évoquent aussi bien les vies nyctalopes que les aubes mélancoliques d’une jeunesse fiévreuse qui semblent vouloir graver sur les murs bétonnés, leurs slogans musicaux comme autant d’échos d’humanités dans la cacophonie de la modernité. Avec un héritage anglo-saxon allant de la vague britannique des années 90 jusqu’à la scène plus récente, Back In The City a tous les atouts pour vous séduire et bien plus encore. Pour en savoir plus sur eux et leur univers, voici les réponses du chanteur et guitariste Alex…
Pouvez-vous nous parler de l’origine de Back In The City, le groupe ?
Charles, Timothée et moi-même nous sommes rencontrés dans une école post-bac. C’est là qu’on a commencé à jouer avec Charles et que j’ai également commencé à écrire. C’était impossible pour moi de m’imaginer poursuivre dans la voie du commerce donc en 2020, j’ai convaincu Charles de se lancer à fond dans le groupe. Puis, on a rencontré Alex, le guitariste, via une annonce que nous avions passée. Puis, Tim nous a finalement rejoint en 2022.
Vous venez, si je ne me trompe pas, de la région parisienne alors pourquoi avoir choisi ce nom « Back In The City » ?
Les membres du groupe viennent d’un peu partout en France mais le nom n’a pas de rapport. Pour moi, « Back in the City » marquait mon retour à Paris après 5 ans passés à Angers. Il exprimait à la fois, la lourdeur pesante de la ville sur mon moral et à la fois, l’envie de prouver des choses. Et quel meilleur endroit que la ville pour le faire ? Je pense que le fait de partir en tant qu’enfant et revenir en tant qu’homme a également inspiré le nom du groupe.
Après votre excellent EP, « Deep into the Night » sorti il y a 3 ans, vous venez de sortir votre 1ᵉʳ album « A Place Where Life Is Better ». Qu’est-ce qui a motivé votre envie de travailler sur ce 1ᵉʳ grand format ?
On commençait à avoir écrit pas mal de chansons et une identité commençait vraiment à se dessiner. C’était donc assez frustrant pour nous de n’avoir que l’EP à faire écouter alors que nous trouvions qu’il ne nous ne nous représentait pas vraiment. Nous avons aussi eu le fantasme de l’album et du vinyle. Ce qui n’est pas forcément génial marketing-ment parlant aujourd’hui mais on essaye au maximum d’être au plus près de ce qu’on l’aime et que l’on a envie de faire.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ce que vous aimez transmettre à travers votre musique ?
En fait, c’est plus une pensée post-écriture. On ne pense à rien d’autre qu’à nous pendant l’étape d’écriture. L’idée est que si nous ça nous a emmené quelque part intérieurement à un moment donné alors ça résonnera peut-être aussi chez quelqu’un d’autre, à sa manière, avec son vécu. Et ça pour le coup, c’est une pensée que j’aime.
Mais globalement, en live, on se plaît à penser qu’on transmet quelque chose d’authentique. D’imparfait. On ne sait absolument pas comment va se passer un concert avant d’être sur la scène. Les émotions sont assez fortes et ça peut donner un peu tout. Après, je crois que les gens le sentent et sont ok avec ça, ce qui me libère l’esprit du coup.
Comment et avec qui avez-vous composé les 11 titres de » A Place Where Life Is Better » ?
Charles et moi composons chacun de notre côté et ensuite, nous proposons une maquette au groupe. On voit en répét ce qui prend et ce qui prend moins et on ajuste. On n’est pas vraiment un groupe d’écriture collective. En ce qui me concerne, je peux avoir beaucoup d’idées à la fois et c’est parfois compliqué de les transmettre. Seul, j’ai moins ce problème.
Quels souvenirs gardez-vous du studio Vega ?
C’est un beau souvenir, avec des gens très cools. C’était le premier album donc forcément, c’est quelque chose de particulier. Après, je ne suis pas forcément doué pour réussir à profiter quand je suis concentré sur un truc. Enregistrer 11 chansons en 5 jours, par exemple.
Vous avez utilisé un cliché du génial photographe Frank Horvat pour votre pochette. Pourquoi cette photo en particulier et que représente-t-elle pour vous ?
C’était un véritable coup de cœur quand je suis tombé sur ce cliché et je savais qu’il deviendrait la pochette de notre album si Fiammetta, la fille de Frank, nous le permettait ; ce qu’elle a fait et je l’en remercie encore. Cette photo représente beaucoup de choses. Je trouve qu’elle installe la tonalité de l’album, à savoir nostalgique, beaucoup tournée sur le passé, sur l’enfance et les choix qu’on peut faire. Elle représente également bien notre for intérieur, l’innocence de l’enfant en nous qui cohabite avec des émotions plus violentes, qui doit se battre. Evidemment, le titre pose la question du point de vue des protagonistes : est-ce qu’ils rêvent d’un endroit où la vie est meilleure ? Est-ce qu’il s’agit simplement d’une nostalgie de l’enfance durant laquelle la vie est parfois plus simple ? Et en même temps, pas toujours. Je ne sais pas.
« Ghost Rodeo » et « Witchcraft » sont deux de mes titres préférés du disque. On dirait une sorte de dialogue sur le passé que l’on fuit. Comment imaginez-vous vos chansons ?
Il faudrait demander à Charles quel est son processus d’écriture mais personnellement la musique me vient en premier et ensuite, les mots viennent d’eux-mêmes. 95% du temps ces mots restent jusqu’au bout. J’y reste fidèle parce que ce sont les mots qui me sont venus quand j’étais dans l’émotion pure, sans aucune intellectualisation. Je vois les chansons comme des histoires, plus ou moins longues. Parfois, cela me fait prendre des décisions commercialement embêtantes parce que des éléments, musique ou textes, sont pour moi nécessaires à la compréhension de l’histoire qui est racontée. J’essaye de ne pas penser au fait que les gens s’en foutent des paroles, par exemple.
Sur le disque, vous oscillez constamment entre un mood profondément introspectif et des hits hyper énergétiques, qui donnent une dynamique déroutante à la première écoute mais qui finalement installent une sorte d’équilibre funambulesque surprenant. D’où vous vient ce besoin d’ambivalence ?
Je crois que notre musique est souvent proche de la « thématique » qu’on aborde. Et comme on tourne souvent autour de l’introspection, ça donne des directions assez variées. Si je suis très énervé, je n’ai pas envie de l’exprimer dans une balade. Nous n’avons pas qu’une seule personnalité tous les jours de notre vie. Nous avons différentes facettes qui, elles-mêmes, évoluent dans le temps. Parfois, je suis triste, parfois je suis rempli de rage, parfois je ne m’aime pas et parfois je me sens le roi du monde. Et je ne peux pas exprimer tout cela d’une seule et même manière. Mais encore une fois ce n’est conscientisé que lorsque je dois en parler. Après, quand j’entends un artiste qui sort toujours la même sauce, ça m’emmerde vite, donc je pense que ça joue aussi.
Quelque part entre The Brian Jonestown Massacre et Tindersticks. Deux grandes figures du rock qui ont peut-être inspiré votre propre univers ?
Pas vraiment mais c’est drôle parce que j’ai cette envie d’agrandir le quatuor depuis quelques mois/années et je pense souvent à Brian Jonestown Massacre quand je me projette. Il ne s’agit pas non plus d’être 24 sur scène, c’est plus l’idée.
Photo de couv. Nicolas Deleplace