[Interview] Akira & le Sabbat // Poudrière

Rages, fièvres et frissons ! Aux carrefours des passions et du vertige des envies, Akira & le Sabbat est l’écho pulsionnel d’une génération “Poudrière” sur le point d’exploser. Les chansons de ce 1er Ep, aux multiples formes d’émois intenses, transpirent et soupirent de ces moments intenses, parfois douloureux, parfois savoureux, que nous ressentons au plus profond de nos tripes. Difficile de ne pas être hypnotisé par ces vagues émotionnelles orageuses aux goûts de révolte. Le tourbillon queer du collectif lyonnais mêle sans sourciller les sonorités rap, rock, techno, électro dans une sorte d’ouragan hors norme, terriblement abrasif. Les poings serrés et la bouche pleine de mots qui tranchent comme des rasoirs, iels transforment leur rage en un besoin frénétique de danse, de transe.    



Comment est né votre collectif et pourquoi ce nom AKIRA & LE SABBAT ?

A la base, nous étions 3 ami·es qui faisions de la musique ensemble au Lycée, à Chaumont, une petite ville dans la campagne de la Haute Marne où nous avons grandi. Notre petite bande a été rejointe par Elric et sa guitare, puis nous avons déménagé à Lyon en 2019, où nous avons rencontré Lucie et Jules. Le collectif est sous sa forme actuelle depuis 2022. Ce qui nous a réuni·es, c’est la sensation partagée de ne pas trouver notre place dans le monde, et de trouver une force collective en faisant de la musique ensemble. Le nom Akira & le Sabbat vient de l’anime « Devilman Crybaby ». C’est l’histoire d’un jeune timide et peu sûr de lui, Akira, qui se rend un soir dans une rave appelée « Le Sabbat ». Là, il se fait posséder par un démon, et il en puisera en sortant de cette rave une énergie et un courage décuplés pour essayer de sauver l’humanité de nombreuses menaces. On a choisi ce nom car on souhaite que nos concerts apportent, au public comme à nous, une envie et une volonté d’améliorer les choses autour de nous, de refuser les indécences de l’époque et d’essayer d’œuvrer pour un monde plus juste et solidaire.


Dans votre musique vous mêlez rap, rock, techno punk et électro. Aviez-vous une ligne musicale directrice dès le départ du projet ?

Chacun·e des six membres a ses propres influences qui se retrouvent dans notre musique. Rap, rock, techno, électro mais aussi pop, chanson. Nous ne nous posons pas la question du style tant que l’énergie est juste pour nous six. Et cette énergie doit être transmissible au public, nous réunir avec celles et ceux qui sont là au rendez-vous quand on est sur une scène.


Vous venez de sortir votre Ep au titre évocateur “POUDRIÈRE”. Pourquoi ce titre ?

Nous savons que notre génération, née après l’an 2000, est celle qui va se prendre le mur social, économique, comportemental, écologique, politique bâti par les générations précédentes. Nous avons espoir que si celles et ceux qui refusent ce crash s’unissent, nous pourrions faire exploser ce mur. Mais pour ça il faut être une multitude. La poudrière c’est l’énergie que contiennent les chanson, mais c’est aussi toutes ces jeunesses qui se retrouvent dans nos rêves et nos colères. La mèche c’est le public, l’étincelle ce sont les concerts, ces rendez-vous explosifs. Aussi, le mot poudrière est un clin d’œil à notre identité queer : pas de sortie sans maquillage.



Avec qui avez-vous travaillé pour réaliser les 5 titres de ce disque ?

Nous créons les titres au sein du collectif. Nous avons un drive sur lequel chacun·e peut déposer une compo instrumentale. Ensuite Océan pose un premier texte, et enfin nous nous approprions le titre toustes ensemble et chacun·e y apporte sa touche.  Pour finaliser les titres dans leurs versions de l’EP, nous avons collaboré avec Pierre Simon, un musicien réalisateur qui est un peu comme un grand frère pour nous, et qui nous a fait des suggestions qu’on a tout de suite adoptées. C’est ça aussi l’esprit d’un collectif, c’est d’être ouvert·e vers les apports des autres, quand la confiance est là.


Avec qui vous sentez-vous le plus proche dans cette nouvelle et foisonnante scène musicale ?

On adore Uzi Freyja, Théa, Eloi, Maddy Street.. Ce n’est pas forcément la même musique que la nôtre, mais on ressent le même feu. La même envie de faire bouger les lignes sociales et artistiques. Et un détachement total des chapelles esthétiques des décennies précédentes, même si ça déstabilise quelques spécialistes qui s’y connaissent bien en musique (rire).


Quelles sont vos envies pour le futur ?

Nous voulons recenser les colères et les rêves de toutes celles et ceux qui ne trouvent pas leur place et sont angoissé·es par la tournure que prend l’époque. Nous voulons les réunir en un seul bloc visible par toutes et tous, dans un texte que nous enverrons à celles et ceux qui ont les clés des verrous : gouvernement, chefs d’entreprises, institutions, médias.. Nous appelons à nous envoyer vos témoignages, récits, propositions par les tous moyens, et on a fait un site internet pour expliquer ça plus en détails : www.appeldesjeunesses.fr

 
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Akira & le Sabbat // Poudrière
(EP. Horizon Musiques, 23 avril 2024)

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Photo de couv. (c) AKIRA & LE SABBAT