“CRAWLER” un IDLES et ça redémarre…

Plus d’un an après leur précédent album “Ultra Mono” le groupe punk IDLES, célébré en 2018 avec leur album déjà culte “Joy as an Act of Resistance”, reviens avec un nouvel opus dans les bacs depuis novembre “CRAWLER”. Étrangement je n’ai pas totalement accroché à la première écoute peut-être par manque de mordant, mais même tardivement je me fends là d’une nouvelle écoute et d’une chronique parce qu’ils le méritent bien finalement.

Du changement mais pas trop quand même. IDLES s’est rendu compte que quelque chose devait évoluer dans leur discographie, et avec Crawler le changement c’est maintenant. Cet opus n’est pourtant pas complètement différent d’ Ultra Mono. Et heureusement…  Il est content Gaétan ! Parce que le changement apporte inévitablement son lot de déception mais surtout un nouvel élan. Enfin logiquement… Dans “CRAWLER” il y a plus de place pour la variation et le développement est bien que le niveau des deux premiers albums ne soit pas tout à fait atteint, le groupe s’en rapproche quand même à deux trois détails. Il y a un peu de redite certainement mais la question est de savoir si cela doit être considéré comme un reproche ou un atout ! La volonté de faire, est en soi un défi et à l’heure du brexit et de la covid, les Anglais ont leurs propres batailles a mener pour ne pas rester confinées à d’un seul et unique album aussi culte soit-il !

Là où IDLES fait un croisement judicieux entre noise rock et post-punk, avec cette volonté revendicative propre à cette mouvance l’auditeur que je suis va plus facilement remarquer le deuxième genre que le premier sur ce millésime 2021. La musique respire un peu plus qu’avant, ce qui se reflète particulièrement bien dans le morceaux d’ouverture “MTT 420 RR“, qui est l’un des points culminants de l’album avec sa cadence retenue et sa tension palpable dans une charge émotionnelle habitée. “The Beachland Ballroom” est également impressionnant, avec un tempo lent et une belle orchestration électronique. Cette électricité qui manquait justement, revient plus souvent, plus fortes encore dans le “Crawl!” au rythme reconnaissable. une vraie signature identitaire. L’assez calme et imperméable “Progress” surprend mais donne un souffle de modernité a un son parfois trop unitaire. Les variations de tempo donnent un sang nouveau au groupe, une dimension supplémentaire et aussi plus d’opportunités de développement, alors peut-être devons nous nous attendre à entendre plus d’électro sur les prochaines sorties.

Le fait que IDLES ait pris une tournure quelque peu différente est également claire . Mais pour les nostalgiques du post-punk des années 80 “When the Lights Come On” et “King Snake” sont là pour les réjouir sans conteste. Cela sonne un peu moins conflictuel que ce à quoi nous sommes habitués du groupe, mais ce n’est pas un problème si une chanson est assez forte et c’est certainement le cas ici. Notons au passage que “Crawler” est co-produit par le producteur de hip-hop Kenny Beats et son influence est évidente sur “Car Crash“. Mettant un l’accent sur un rythme plutôt rapper, si nous pouvons dire. Talbot le fait plutôt bien à sa manière, avec une voix légèrement trafiquée. Étonnent mais ca marche ! 

Soulignons aussi que trois musiciens invités participent à “Crawler” : le saxophoniste Colin WebsterMeds“, également présent sur le disque précédent, la violoncelliste Charlotte Nicholls MTT 420 R“, “Progress” et le chanteur Dane Cross. Ils sont un peu moins que sur l’opus précédent, mais leurs apports sont efficaces, n’enlevant rien au son du groupe.

Que vous puissiez avoir un goût prononcé pour le punk, sexy ou brutal, les quatorze titres prouvent que même si il n’a pas beaucoup de révolution dans les compositions, il y a un quand même un grand intérêt à l’écouter et accessoirement vous pouvez aussi danser en même temps. 

Oui, le IDLES des débuts est toujours là et leurs guitares grinçantes aussi, la basse gronde, l’attitude punk revient au premier plan et la voix typiques de Talbot est à vif. Le groupe apporte un peu plus d’oxygène dans sa musique, même si “Crawler” peut ressembler parfois un peu trop comme une sorte de répétition, mais dans l’ensemble l’honneur est sauf. IDLES parvient même à mettre une petite touche de sensation pop (n’en déplaise au puriste du genre).

IDLES cherche et trouve de nouvelles voies sur cet album, non pas en cherchant de force d’autres angles, mais en incorporant de nouveaux éléments. C’était nécessaire et heureusement ça marche. Un beau pas en avant, qui vous rend curieux de l’évolution future du groupe…



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