Nous en avons rêvé et nous y sommes. Binic !!!10ème édition du festival.
Devant la scène Pommelec, vide au moment où retentit la voix de Linda Scott avec I’ve told every little star.
Friends ask me : Am I in love ?
Introduction sonore de bon goût, toute en douceur, qui nous plonge progressivement dans l’univers du groupe Hoa Queen. Ballades sentimentales, dégénérées, sanglantes… Ce que l’on ne voit pas, c’est le groupe qui se rassemble en coulisses, en cercle, avant de surgir sur la scène. Aurélie Guillier au chant, Eric Cervera à la guitare et trois autres musiciens bretons : Aude Le Moigne (banjo/guitare/ batterie/choeur), Joachim Blanchet(clavier/batterie) et Xavier Soulabail (basse/choeurs).
C’est dans cette séquence du film Mulholland Drive du cinéaste David Lynch, que viendra cette phrase qui fera basculer le film : This is the girl. Et la fille, justement, la voilà qui rentre sur scène, c’est Aurélie ; elle chante en anglais : « Je suis bilingue, j’ai vécu aux Etats-Unis donc je n’ai pas de problème d’accent ni de vocabulaire; l’anglais, c’est ma langue de musique. Et écrire les textes, c’est un vrai bonheur. Jouer avec les mots, les tirer dans tous les sens, j’adore ça. »
L’album se nomme comme le groupe, Hoa Queen. Jeux de miroirs. Sur la magnifique pochette, une gravure de cette fleur réalisée par la plasticienne Sophie Degano. Hoa Queen. Une fleur vietnamienne qui n’éclot qu’une seule fois, le temps d’une nuit, avant de mourir au petit matin. C’est Éric qui a trouvé le nom du groupe, il symbolise parfaitement leur projet : un écrin émotif, inespéré, insaisissable et foudroyant.
Dans le groupe, « C’est surtout la musique qui amène les mots » dit Éric, et Aurélie de renchérir : « Moi je brode sur ses idées ».
Mais pour les deux, c’est surtout l’amour de la littérature, de l’Amérique et de ses auteurs qui fait bloc. John Fante avec Demande à la poussière pourrait définir la ligne claire du projet. Pour l’album, chaque chanson est un prénom féminin. Marjorie/Willow/Betty/Aileen/Norma Jeane/June/Lizzie/Lucia. Huit héroïnes. Huit petites nouvelles, huit histoires de vies, dépouillées et sombres, s’acharnant si possible à trouver la lumière. « Nous décalons la forme et le fond, on brouille les pistes ». Pour Marjorie, inspirée par le roman Speed creen de Stewart O’Nan, le son est très fifties, voix jazzy et raconte ses derniers moments dans le couloir de la mort…
Plus explosif sur Aileen, digne du meilleur de PJ Harvey.
Il faut voir les cinq musiciens faisant vibrer, reconstituer, prendre corps ces histoires, nous emmener loin dans le désert de l’humanité. La chair est en feu… et parfois, « Communiquer autrement que par les mots, la voix à travers le corps peut envoyer d’autres messages, et le chant s’incarne, d’abord dans le corps… ».
Signé sur l’excellent label Beast Records, Seb Blanchais a su dénicher avec Hoa Queen une âme sensible dans un monde de bruit et de fureur.
Friends ask me : Am I in love ?
Toi le vacancier, mais oui, il te reste une petite place dans ta valise. Va donc chez le libraire de ton choix et embarque avec toi le roman Speed creen de Stevart O’Nan : Marjorie, Lamont, Natalie lors d’une virée sur la Route 66 basculent dans un braquage qui se transforme en tuerie… Enfermée dans sa cellule, dans le « couloir de la mort », Marjorie attend l’heure de son exécution. Avant de mourir, elle adresse à Stephen King – le seul écrivain qu’elle ait jamais lu – une cassette contenant ses confessions, en espérant qu’il en tirera un best-seller…
SZAMANKA
Concerts à venir : 4/08/2018 Locquirec (29) – 24/08/2018 Nocturnes de St Brieuc (22) – 3/12/2018 Paris (Comedy Club) – 5/04/2019 Loudéac (22)