FESTIVAL LES NUITS DE FOURVIERE 2017

Chaque été, en juin et juillet, le festival pluridisciplinaire ‘’Les Nuits de Fourvière’’ présente près de 60 représentations pour plus de cent trente mille spectateurs dans les théâtres antiques. The Limiñanas et Royal Blood étaient sur scène le lundi 10 juillet pour une soirée bien orageuse…

En cette fin d’après-midi, de violents orages se sont abattus dans le Rhône, apportant pluie, vent et grêle. Surplombant la ville de Lyon, les théâtres romains de Fourvière ont été épargnés par la montée des eaux mais n’ont pu échapper en revanche à deux orages musicaux agités.

Dès 20h, ce sont les tempétueux The Limiñanas qui grondent les premiers, faisant fi des mots historiques prononcés par le comte d’Auteroche à l’adresse du capitaine anglais Charles Hay lors de la bataille de Fontenoy le 11 mai 1745 : ‘’Messieurs les Anglais, tirez les premiers !’’.

Et en matière de tirs, les sudistes de Cabestany ne se font pas prier, délivrant sans sommation leur recette maison d’un garage rock psychédélique puissant : sons de guitares distordus et batucada à la catalane par Lionel et Marie Limiñana, le tout accompagné de la voix de Nika Leeflang.

Nourri à la musique primitive américaine, au psyché anglais, au freak beat anglais, au punk US des 70’s et aux Stooges, le duo fait parler la poudre et balance la grosse artillerie.

Le groupe ne souhaitant pas jouer plus de vingt-cinq concerts par an, chacune de leurs apparitions est précieuse car rare. Seules deux prochaines dates de concert sont programmées d’ici fin 2017 : le samedi 29 juillet dans le cadre du festival Au Pont du Rock à Malestroit (56) et le samedi 25 novembre 2017 dans le cadre du festival BeBop au Mans (72). Courrez-y !

Il est 22h lorsque les deux anglais de Royal BloodMike Kerr (chant, basse) et Ben Thatcher (batterie), montent sur scène. Sang royal ? Pas sûr que la Reine adopterait les deux rejetons de Brighton, le genre à faire du bruit après minuit, à l’heure où Buckingham éteint ses feux…. Qu’ils seraient plutôt enclins à raviver en soufflant sur la braise.

Les deux Brittons portent haut les couleurs du Royaume-Uni depuis la sortie de leur premier album en août 2014, au gré de prestations live détonantes, en première partie des Foo Fighters notamment. Le tout sous le regard bienveillant des illustres Jimmy PageIggy PopDave Grohl et les Arctic Monkeys ! Excusez du peu.

Ils produisent un son heavy aussi lourd qu’une blague graveleuse de Donald Trump à l’endroit de la gente féminine, qui n’est pas sans rappeler celui de Royal Republic, un autre ‘’Royal’’ band. Sauf que l’entreprise reste ici totalement digeste, au point qu’on a envie de prendre du rab.

Royal Blood est la meilleure section rythmique du monde avec une singularité notoire, celle d’être sur le devant de la scène. L’apparition de l’imposante batterie de Ben Thatcher (le genre à casser les oreilles de Mamy Elisabeth, Papy Philip et Tatie Margaret) déclenche immédiatement une réaction d’enthousiasme dans le public.


Ce Ben Thatcher est un petit malin ! Que ne ferait-il pas pour séduire le public et susciter sa bénédiction… le drapeau tricolore sur les épaules, il enjoint l’assistance de reprendre avec lui l’hymne mancunien ‘’Ooh Aah Cantona’’ en hommage au King Eric. Il ne devait pas avoir réfléchi que la majorité du jeune public présent ce soir n’avait jamais vu jouer le légendaire numéro 7 des Red Devils et se demandait pour quelle raison étrange il tenait absolument à faire acclamer un acteur de cinéma aujourd’hui cinquantenaire. Nul doute qu’une version actualisée du type ‘’Ooh ééé M’Bappé’’ aurait été mieux comprise.
Un subterfuge de séduction qui ne sera pas aisément reproductible demain (mardi 11 juillet) au Montreux Jazz Lab, faute d’étoiles footballistiques helvètes. Pas sûr qu’un ‘’Ooh Aah Chapuisat’’ transcende la foule !

Mais revenons au set de notre duo bruitiste dont la marque de fabrique est ce son brut et fort, celui des riffs de basse, démultipliés par les pédales d’effet, aussi puissants que ce que pourraient produire plusieurs guitares, et celui des rythmes martiaux de la batterie.

Les yeux fermés, on a peine à imaginer qu’ils ne sont que deux pour produire un tel volume.
Royal Blood est devenu en trois ans seulement une ‘’grosse machinerie’’, taillée pour les stades. Une impression renforcée par les rampes d’éclairages intenses positionnées derrière eux.

Le public devant la scène est au diapason du son animal produit. L’agitation est brutale et permanente tout au long du set. Le groupe enchaîne à un rythme soutenu les morceaux de leurs deux albums, dont le second, ‘’How Did We Get So Dark’’, vient de paraître le 16 juin.

Il n’y aura pas de rappel. Le second gros orage de la soirée vient de cesser soudainement.
Le théâtre antique de Lugdunum retrouve son auguste quiétude dans la nuit fraîche.

Alechinsky.