DENNER – Raven Studio Summer 2020 Sessions

DENNER, le groupe Rennais bien connu des aficionados de bons goûts, revient cette année en sortant, non pas un album, mais une série de trois maxi 45 tours vinyles sur l’excellent label indépendant français Meidosem Records. Deux 12’ sont déjà sortis : « Dreamless Tribulations » en janvier et « Semi Monde » début mai. Le troisième volet « Together in Obscurity » arrivera quant à lui en septembre. Plus pop et mélodique, DENNER arbore une sonorité plus séduisante de façade, mais il n’y vend pas son âme au diable pour autant. La patte de cold wave est toujours là. Et le cocktail fonctionne parfaitement quel que soit l’angle d’attaque du groupe.
On a posé quelques questions à Gilles Le Guen, chanteur, sur ces sorties et la mutation du groupe. Il nous répond sans détour, avec son éloquence habituelle.

Apres Dreamless Tribulations, le deuxième volet de votre triptyque Semi Monde vient de sortir. Comment est venue cette envie de refaire une série de trois disques ?
En fait, on ne l’appelle pas triptyque, mais la 3 X 12’ EP Serie des Raven Studio Summer 2020 Sessions. Les sessions principales ont eu lieu en juillet-août à Pouldouran (Côtes-d’Armor) dans le studio de Steeve Lannuzel. C’est un petit studio, au bout d’un jardin, au bord de l’eau, dans le Tregor. J’adore aller là-bas. C’est un peu devenu comme notre maison.

Justement, comment est née l’envie d’enregistrer là-bas ?
On avait déjà travaillé avec Steeve Lannuzel. On était très contents du boulot qu’il avait fait sur Drifting Canticles. Et il avait aussi été impliqué dans le processus d’enregistrement de notre album New York – Trebeurden – Minsk pourles prises de son des guitare et voix -cordes et vents ayant été enregistrés à Minsk.

L’expérience de travail commun dans Craftmen Club entre Marc, arrivé dans Denner en novembre 2018, et Steeve a rendu les sessions au Raven Studio encore plus efficaces.

Et depuis Drifting Canticles où on louait le studio de répétition municipal à Guingamp, Steeve avait installé le sien dans une construction en bois au fond de son jardin, ce qui offre un confort de travail. Il a enfin pu réunir tout son matériel en fixe dans un seul endroit : console, micros, amplis etc

Le fait est que Craftmen Club n’existe plus. Est-ce qu’on peut dire qu’il consacre plus de temps à présent au Raven Studio ?
Je ne sais pas. Il faut lui poser la question. Je pense que oui inévitablement. Puis confinement. Cela laisse du temps à l’immersion en studio, qui est un temps long et lent. Il écrit toujours des morceaux solos, je crois. Pour l’instant, il maquette et nous enregistre.  Trois EP, douze titres, ça prend du temps ! Il a aussi d’autres sessions d’enregistrement en cours avec d’autres artistes.

Comment qualifierais tu la transition entre le Denner de 2010 et le Denner de 2021 ?
Entre le Denner new yorkais et le Denner ré-inventé en Bretagne, ça a pas mal évolué. Longue transition. Il y a eu plusieurs étapes : 2010 Nouvelle-Bretagne avec Adam est cold shoegaze avec un zeste noise. Puis le combo toujours cold, plus rock avec les Rennais Philippe Kervella, Yann Even, David Cadoret où on fait Drifting Canticles. Et enfin l’arrivée de Marc en novembre 2019 qui change beaucoup la donne. Moi, je ne pensais pas que ça aurait autant de répercussions. Mais son expérience et surtout son jeu plus mélodique, très Hooky, ont fait bouger les fondations et le son. Toujours cold, mais avec des formats moins longs et des compos plus pop, dans le sens accrocheuses.

Y’a aussi des gars qui sont partis. Philippe, batteur, en juillet 2019 que l’on n’a pas remplacé. On a pris l’option de la boîte à rythmes puisque c’est comme ça qu’on bossait les compos avec Marc en home-studio. Yann, guitariste, est parti en décembre dernier. Pour la guitare, Bernard Marie (Dead, Soon She said, The Name of the Band, etc…) -qui faisait nos masterings- nous rejoint pour le live. François, le synthé, est toujours là. Le projet artistique a donc évolué, le son aussi.

Ce que vous faisiez intéressait Marc Corlett aussi ?
Il nous avait vus en concert au Festival Art Rock à Saint-Brieuc en mai 2018. Et il se disait qu’il y avait quelque chose à faire avec Denner. À la rentrée, David Cadoret quittait Denner. Marc l’a appris. Il m’a contacté. On a très vite fait un essai. Ça a matché. Le premier concert avec Marc avait lieu en mars suivant au Bistro de la Cité. C’était une très bonne soirée. Un très bon souvenir pour nous tous.

Il a aussi pas mal d’expérience et apporte des choses à Denner ?
Oui. Avec Craftmen Club, ils ont pas mal tourné. De grosses scènes. Et plusieurs albums. Même si Philippe et moi, on traîne dans des groupes depuis les années 80 … On avait quand même à apprendre avec un mec comme ça. Dès son arrivée, il a pris les choses en main. La basse est devenue centrale, une sorte d’arrête dorsale. Ça a donné le la pour notre son actuel.

Bernard est un nouveau venu dans Denner ?
Oui. Officiellement, il n’est pas intégré au groupe. Il nous aide pour le live. Il était à portée ! Il faisait déjà les masterings de nos EP … et travaille déjà avec Marc dans Soon She Said. Quand l’émission Purple Rennes de Canal B nous a demandé si on voulait bien faire un live, on a fait deux rapides répétitions et préparé trois morceaux. C’était fun !

Comment travaillez-vous sur vos morceaux ?
Avec Marc, on travaille par home studios interposés. Il m’envoie des fichiers audio d’idées musicales, je mets ma voix dessus. Et on structure les morceaux à partir de là. On demande aussi à François le claviériste de nous aider dans les arrangements et les harmonies. Il y a donc des morceaux sur les maxis récents qui n’ont jamais été joués en live, qui ont été conçus en home-studio et qui sont passés directement à la phase enregistrement studio. Donc par exemple, pour le live de Purple Rennes, on a fait un morceau pour la première fois en live. Nous ne l’avions jamais joué en direct. Ce titre qui s’appelle « A stab of loneliness » s’est avéré très fun à jouer !

Photo : Catherine Rué

Et pourquoi avez-vous voulu partir sur trois EP plutôt que de sortir directement un album ?
Pendant le 1er confinement, on a d’abord finalisé des titres qui étaient en cours. Puis on s’est dit qu’on allait enregistrer tous la dizaine de nouveaux morceaux qu’on avait faits ensemble depuis que Marc était arrivé. C’était la meilleure façon de voir un peu ce qu’ils avaient dans le ventre. Il y avait deux titres plus anciens qui étaient à l’origine une idée de Yann, et que je voyais bien ensemble sur un 45 tours : « The kelp » et « Low Life« . C’était ça l’idée de départ. En entrant en studio début juillet 2020 avec Steeve au Raven Studio, j’ai envoyé un message à deux contacts : Stanislas Chapel de Meidosem Records qui distribuait déjà nos disques, et Mathieu Marmillot qui avait fait de chouettes papiers sur nous pour Benzine ou Parklife, et qui avait dans l’Est une structure label associative. Réponses super rapides des deux qui sont intéressés et me disent la même chose : « Ça ne sert à rien de faire un 45 tours, mieux vaut faire un maxi. C’est-à-dire un douze pouces avec trois ou quatre titres ».

Stanislas a été très rapide et avait plein d’idées et de solutions. Il était vraiment ultra entreprenant avec plein de conseils. Il avait déjà beaucoup de groupes de notre planète cold wave, dark, post punk … Ça avait du sens. Cela s’avère aujourd’hui très judicieux. Meidosem sort actuellement Opera Multi Steel, Collection d’Arnell-Andrea, Guerre Froide, un nouveau Martin Dupont bientôt. Bref ! C’est une super maison ! Mais Matthieu est toujours là pour des coups de main et des chroniques.

Et pour répondre à la question, une fois actée l’idée de faire un 12’ EP 4 titres, comme on partait pour faire une petite dizaine de titres durant l’été, j’ai pensé à cette histoire de réaliser non pas un, mais trois 12’ ! J’ai pitché l’idée auprès de Stanislas, qui après avoir entendu les quatre premiers titres des sessions, s’est dit partant. Super ! On fonce !

On est une génération de collectionneurs de vinyles. Et encore plus de maxi 45 puisque c’étaient des versions inédites, particulières.
Oui, le maxi 45 tours, c’était une mode des années 80 ! C’était un format très excitant. Tu avais toujours le morceau très pop accrocheur en ouverture du maxi, éventuellement sa version longue. Et puis en fin de face B, tu avais un morceau super dark planqué, qui était celui que tu adorais. Celui qui ne passait pas à la radio et que personne ne connaissait. On s’est offert un kif ! Le Maxi 45 Tours !

On revient aussi à la question fondamentale de la consommation de la musique maintenant.
Si tu fais allusion aux formats des disques, oui, moi, je me voyais pas ressortir un album entier ! Même si on faisait le nombre de titres nécessaires pour un album. Je me disais qu’il y avait moyen de raconter une histoire, de décliner des visuels … J’ai vu avec « Drifting Canticles » que les gens retiennent un ou deux titres d’un album et que les autres passent à la trappe. Je pense que les gens n’ont plus la concentration pour écouter des albums entiers si tu veux.
Je trouvais beaucoup plus fun et excitant de faire une série de trois micro-scénarios : « Dreamless Tribulations« , « Semi Monde » puis « Together in Obscurité » pour capter l’attention des auditeurs. Et prétentieusement tenter d’être tout le temps dans l’actu. Puisque les albums ont une durée de vie très courte. Leur momentum ne dure que quelques semaines. Ils sont vite déchus. La péremption frappe. Je voulais que Denner reste dans le fil de l’info. Cela permet de développer quelque chose au niveau visuel.
Et puis, on avait des titres qui avaient été composés sur une période de 18 mois. Donc il y avait une évolution au niveau du son.

C’est sûr. Toi, tu es un habitué des trilogies …
Cette fois-ci, je ne l’appelle pas trilogie ! Pour moi, c’est une trois fois twelve inches series. 3X12’ Series. D’abord, on a déjà fait une trilogie avec nos trois premiers albums, comme trois tableaux d’une histoire. Là, c’est plutôt une série de trois maxi 45 tours comme une série de trois singles qui arrivent du même moule, de la même expérience, des mêmes sessions. Celles que l’on appelait « Raven Studio Summer 2020 Sessions »

Tu sais, il y a maintenant d’autres qui le font aussi, mais différemment et dans d’autres styles musicaux. Ils sortent par exemple un premier album avec huit titres. Sur le deuxième, ils sortent aussi huit titres mais en réalité il y en aura un qui a été repiqué sur le premier et remastérisé avec une autre fonctionnalité. Tu vois-tu ce que je veux dire? C’est une évolution …
En ce qui nous concerne, on a quasiment respecté la chronologie de composition des morceaux. Sur le premier, ce sont les titres les plus vieux assez « classic cold wave », sur le deuxième, ceux arrivés un peu après plus synthétiques, dansants mais personnels et toujours dark; et le troisième, les plus récents qui amorcent un léger virage contemporain avec toujours la patte cold. Voici comment on a procédé. 

Ça veut donc dire que la matière est déjà là. Tout est déjà enregistré et tout est prêt ?
Oui. Tout est enregistré. Là, avant que Steeve mixe, je suis juste en train de peaufiner les voix du troisième EP. J’amène de plus en plus de français. Cela demande du boulot.

Et donc le EP Together in Obscurity en septembre pour clore la série ?
Oui. Et en même temps que ce troisième vinyle, on sortira un CD avec l’intégralité des douze titres des 3 maxis, plus des bonus, des inédits qui n’étaient pas sur les vinyles. De vieux titres qu’on n’avait jamais finalisés, ressortis des tiroirs. Donc un CD 14-15 titres minimum en septembre.

La distribution, c’est une partie relativement compliquée apparemment.
Ce n’est pas de financer un enregistrement, un pressage CD/vinyl qui est le plus difficile, c’est de les distribuer et les vendre qui l’est ! Ce que nous avons trouvé génial, et qui n’était jamais arrivé à Denner, c’est d’avoir un label. Même un petit label DIY comme celui de Stanislas qui organise tout de son arrière-cuisine en Cotentin. Il a plein d’idées, il bosse beaucoup sur ses sorties, il prend des risques. Si nous devions faire tout cela, ce serait trop compliqué. Il vaut mieux garder notre énergie pour créer des morceaux, aller en studio, etc.
On organise tout de même quelques dépôts dans les magasins de Rennes et Côtes d’Armor, à Paris quand on peut. Et on vend en direct à nos amis. C’est du boulot et de la motivation !

Le côté collectif créatif est lui aussi important j’imagine, Surtout lorsque l’on s’entend bien. 
Le temps du studio est long. C’est lent. Mais passionnant ! Tu vois la musique émerger. Je suis plutôt de nature impatiente. Je cours tout le temps, je parle vite et fais à la va-vite. Mais en studio, c’est différent. Ca me calme. En repartant du Raven Studio, Pouldouran, à chaque fois, c’est comme si j’avais fait une séance de yoga. Bon ! OK. J’ai jamais fait de yoga.

Dans tes textes, je te trouve peu méchant avec toi-même. Il y a un côté assez rude. Cependant, je ne sais pas si tu te parles à toi-même ou si tu parles à quelqu’un d’autre.
Je fais mine de parler à quelqu’un d’autre, mais je crois que je me parle en fait … Je m’interpelle, je me questionne. Je crois que l’on prend plein d’éléments personnels et que l’on crée un personnage, en rendant les situations plus belles qu’elles ne le sont. On « romantise ». On ajoute du drame. C’est beau la noirceur ! Dans « Low life », je mets en scène un type seul dans un appartement un peu au bout du rouleau. C’est beau les losers aussi.

Ce n’est pas complètement autobiographique ? Tu n’es pas comme certains qui écrivent leurs chansons en racontant leur vie par exemple ?
Ah non … Pas du tout ! Je noircis le tableau par pur plaisir. Mais parfois, je me reconnais quand même à 2 heures du matin, en train de rentrer bourré et être en colère avec moi-même. Beaucoup de choses me passent dans la tête et sortent dans les textes. Mais un morceau comme « The Kelp » par exemple ça parle de l’univers maritime, d’un personnage qui divague en bord de mer.

Mais pour autant on peut comprendre que tu es relativement sur une lancée ténébreuse sur l’ensemble des titres. On se dit alors que le mec en se jetant dans les vagues ne va pas simplement faire un crawl pour savoir ce que ça fait.
Je l’imagine tout habillé. C’est vraiment une vision romantique. Une histoire de fusion avec la Nature. De vieilles obsessions de Bretons !

Pour en revenir justement à l’artwork du deuxième EP qui représente une femme dans le métro… Le tableau est de qui ?
Il s’agit d’un peintre new yorkais contemporain, Nigel Van Wieck. La peinture se nomme « Q Train ». La découverte de cette image il y a un an et demi a été un choc ! Je savais que je m’en servirais pour un projet. Je ne voulais plus utiliser l’imaginaire new yorkais mais j’ai été rattrapé. Pour le premier EP « Dreamless Tribulations« , il y a eu cette image du couple qui marche devant des buildings de Wall Street. Une merveilleuse photographie de 1915 « libre de droits » de Paul Strand, avec la touche graphique d’ Yves Bigot, qui fait toutes les pochettes de la série.

J’ai demandé à Nigel l’autorisation d’utilisation de sa peinture par message Facebook. Je lui parlé de son travail sur l’immobilisme, de ses atmosphères et cadrages à la Eric Rohmer, tout en lui présentant notre projet. Il m’a dit, que d’habitude il « faisait ça pour de l’argent », et donné un « oui » direct. J’adore cette pochette !

« Semi Monde » contient du texte français l’inverse de Dreamless Tribulations.
Exact. La face B est principalement en français. Avec toujours quelques punchlines en anglais. J’aime mélanger les deux langues, souvent des couplets en français et des refrains en anglais. C’est beaucoup plus accrocheur. Et le dernier titre « Tel Est Le Jour », est intégralement en français. Vraiment dark. Une ambiance à la Second Layer, side-project de The Sound dont je suis fan. Ça décrit cet instant étrange où la nuit devient jour. Il n’y a qu’une ligne en anglais : « an afterhour in pagan land ». Et c’est très raccord !!!
Steeve et moi savions que le français pouvait être un atout. Après les prises de voix sur « Ultima Thulé », Marc nous a rejoints sur ce choix. Mais, on fait attention à ne pas tomber dans l’excès du trop de français sur le troisième EP.

En France nous avons une vision littéraire de la chanson qui est très importante !
Cette vision littéraire crée aussi des lourdeurs énormes. Écrire en français est très compliqué. Il y a une grosse pression à cause de la tradition littéraire française. Le français, c’est bien mais c’est compliqué. Il faut pouvoir porter tout ce sens. Derrière chaque mot, il y a un univers, un imaginaire, de l’affect pour chaque auditeur. On touche beaucoup plus les gens. Tu racontes une histoire. Mais c’est casse-gueule.

Sur Semi Monde, tu as utilisé un texte d’un auteur japonais, Haruki Murakami …
Loin de moi l’idée de me faire passer pour un lettré. Je ne lis pas ! Mais voilà, je suis tombé sur un très court extrait extrait d’un de ses livres, de 1991, « Chroniques de l’oiseau à ressort ». C’est apparemment l’un des romanciers japonais les plus connus. Mais cette citation courte sur laquelle je suis tombé a été un choc. Je pensais que ce serait parfait pour un pont. J’ai finalement réorganisé les mots, identifié un refrain possible et « A stab of loneliness » est né.

Ce texte est fort et étrange. Il dit qu’à chaque fois qu’il boit un verre d’eau, qu’il ouvre un livre ou qu’il respire l’air, il reçoit un coup de couteau de solitude. Je ne prends pas souvent des textes d’auteurs. Je trouve problématique de m’approprier les mots d’une autre personne. Mais là, ça a été très facile et naturel; et un « perfect match » avec cet instru de Marc dark rapide avec une basse très New Order.

Sur « Dreamless Tribulations« , les deux premiers couplets du titre « Tranquillity » sont aussi une réorganisation d’un texte qui n’est pas de moi. Il s’agit d’emprunts au commentaire d’un documentaire de la NASA de 1970 intitulé « Moonwalk One », sur la mission Apollo 11. Donc « Tranquility » pour la Mer de la Tranquillité …

Finalement, sortir des formats plus courts provoque aussi une certaine forme d’attente ?
On essaie en tout cas de créer cette excitation. L’idée était d’installer une belle séquence avec une narration et de sortir de beaux objets. Qui sait ? Il y aura peut être une boîte pour les réunir à la fin ! C’est à Stanislas de dire …

Disons que puisque chaque maxi a son identité sonore, ça a plus de sens. Si vous aviez sorti tout ça d’un seul tenant, ça aurait peut-être été compliqué de s’y retrouver. Les sonorités très dark wave du premier auraient sans doute moins sonné avec les ambiances françaises du dernier maxi ?
Ils ne sont pas non plus radicalement différents ! C’est toujours Denner avec sa forte touche cold, mais avec différentes sous-familles à l’intérieur de ce mouvement toujours très vivace aujourd’hui. La production très logique de Steeve Lannuzel crée le liant.

Et comment as-tu eu connaissance du label de Stanislas, Meidosem?
Stanislas nous suivait depuis 2010 avec Nouvelle-Bretagne et revendait nos albums auprès de son réseau. Avec son association Trinity, il a mis en place une distribution de disques de groupes/labels indépendants français et même de disques anglais comme Sad Lovers & Giants

Mais il avait aussi une activité de label. Des maxis de Love In Cage par exemple, des amis à lui. Là, j’ai l’impression qu’aujourd’hui, il développe cette partie label. Il y a plein de gens qui arrivent. Martin Dupont va sortir son nouveau disque sur Meidosem. Charles de Goal va y rééditer son second album culte « Ici l’ombre », Les Tétines Noires aussi. Et tous les trois sont des amis !

Meidosem Records a aussi développé une certaine identité sonore ?
Stanislas est un fan et collectionneur de musique depuis longtemps. Il connaît très bien les musiques cold, dark, post-punk et affiliées. Donc Meidosem Records a cet angle musical fort. Il fait vraiment un boulot de label à l’ancienne d’une personne qui a pour moteur le coup de cœur. Mais tout ça est fragile. Il faut que le public suive et achète les disques. Et c’est du travail.

Vous avez de très bons retours. On vous attendait au tournant ?
Oui. On a plein de feedback très cool, de plein de directions et de loin ! Des passages radios en Italie, Angleterre, Allemagne, Hollande, Texas et Oregon aux US. Beaucoup de playlists et de chroniques sur les blogs spécialisés. Probablement l’effet Meidosem qui est suivi comme un label prescripteur, je pense.
La musique est aussi plus directe, les morceaux plus courts. On a laissé de côté certains éléments de l’ancien Denner, d’un chant maniéré par exemple. Il y a maintenant une véritable accroche du public.

https://www.asso-trinity.org/boutique/
https://meidosemrecords.bandcamp.com/