Avec « Musiques de stade », STADE signe un premier album qui cogne fort d’entrée de jeu, pensé pour être ressenti et écouté à fond. Trio breton venu du rock indé, du post-punk et de tous les terrains accidentés où l’électricité se frotte aux nerfs, le groupe revendique une musique physique, instinctive, qui se loge dans le ventre avant de remonter à la tête. On y croise des anti-héros magnifiques, des perdants splendides, des silhouettes cabossées qui avancent de travers mais toujours debout. Entre tension permanente, humour décalé et fragilité assumée, STADE construit un univers sincère et furieusement enivrant.
À l’heure où l’album s’apprête à rencontrer son public, le combo revient sur ce qui les réunit, leur imaginaire, leur Bretagne et la façon dont leurs morceaux naissent.
Votre musique est souvent décrite comme “physique” et sensorielle. Qu’est-ce que vous cherchez à transmettre à l’auditeur à travers elle ?
On veut que ça se ressente dans le corps avant de passer par la tête. C’est une musique qui tape dans le ventre. On ne cherche pas forcément à faire réfléchir mais à faire sentir/ressentir. Et si ça donne envie de bouger ou de se défouler, c’est qu’on a réussi !
Vous venez d’univers musicaux distincts. Qu’est-ce qui a fait naître l’évidence de jouer ensemble et de former STADE ?
L’entente entre nous 3, avant tout. On savait que ce serait un plaisir de composer et de jouer ensemble, sans prise de tête.
Pourquoi ce nom « Stade » ? Quel imaginaire vous vouliez convoquer en choisissant ce nom de groupe, ce nom « Musiques de stade » pour l’album ?
Pour le nom de groupe, on voulait faire simple et efficace, comme pour un match de foot. Et “Musiques de stade”, c’est un clin d’œil. On ne fait pas des hymnes pour les grandes salles mais plutôt de la musique de vestiaires, d’après-match. On aimait l’idée du décalage justement.
Vos titres racontent des figures un peu cabossées : le perdant magnifique « Raymond Gommenec’h », l’anti-héros de « Human Robot »… Qu’est-ce qui vous attire dans ces personnages à la marge ?
On a toujours préféré les gens qui doutent à ceux qui savent. Ces personnages, c’est un peu nous, un peu tout le monde. D’une certaine façon, c’est presque l’archétype de l’épistémè d’un mouvement anarcho-syndicaliste à tendance brutale : des types un peu pusillanimes, qui essaient de comprendre le monde en cognant dedans.
C’est ce mélange entre fragilité et tension qu’on aime raconter — un truc humain, imparfait mais vrai.
On sent une tension permanente dans vos compositions. Comment naissent ces compositions ?
Souvent d’un déséquilibre, en fait. Une ligne de basse trop longue, une batterie qui insiste, une guitare qui déborde. On construit autour de ça jusqu’à ce que ça tienne debout, presque par accident. On aime quand la tension devient vivante.
La Bretagne, ses ports, ses paysages, son climat, semblent traverser votre musique. Est-ce une influence assumée ?
C’est vrai que nous sommes plutôt attachés à notre région. Yann est originaire des Côtes-d’Armor, Elouan du Morbihan et moi (Baptiste) du Finistère. On retrouve pratiquement toute la Bretagne dans Stade. Ça fait aussi un bon derby breton entre Brest, Guingamp et Lorient !
Vous venez du rock indépendant, du post-punk, du garage… Quelles sont vos références communes, celles qui constituent votre “terrain de jeu” sonore ?
Sur le moment, je dirais des groupes comme Fugazi, At the Drive-in, The Mars Volta, Crazy Frog, Francky Vincent… Du lourd quoi !
Vous accordez une place forte à l’image, notamment avec les clips sortis cette année. Comment le visuel participe-t-il à la définition de l’univers STADE ?
L’image, pour nous, c’est une autre façon de faire du bruit. On ne fait pas du “joli”, on fait du vrai. Les clips prolongent nos morceaux : bruts, parfois absurdes et parfois même poétiques sans le vouloir. C’est la même énergie, juste dans un autre langage.
L’album sort le 21 novembre. Comment imaginez-vous la rencontre avec le public ?
On a juste hâte de jouer. C’est sur scène que tout se met en place. On veut que les gens sortent un peu secoués, un peu transpirants, un peu vivants. C’est le meilleur retour qu’on puisse espérer.
Photo de couv. (c)Guillaume D’Arsene



