Neuf ans après l’oubliable « Anarchytecture », Skunk Anansie revient enfin avec un vrai album conçu dans la douleur, la solidarité et la lucidité, The Painful Truth. Le combo mené par Skin et qui a été, rappelons-le, l’un des grands groupes de la vague britpop s’est retrouvé face à ses propres limites : maladie, doutes, passage du temps. Mais au lieu de se briser définitivement, a créé en accouchant d’un album puissant, viscéral et animal, qui sait autant nous remuer qu’il sait émouvoir ! Retrouvant ainsi une part de sa pertinence et de son mordant.
En 2020, les membres de Skunk Anansie pensaient en avoir fini. Entre la pandémie, la lassitude, et surtout le diagnostic accablant de Cass (leur bassiste, atteint d’un cancer en phase terminale mais en rémission miraculeuse aujourd’hui), tout semblait les pousser vers la sortie. C’est finalement dans une ferme isolée du Devon que la renaissance s’est jouée : pas de réseau, pas de distraction, juste la musique et la nécessité.
Avec l’aide du producteur David Sitek (TV on the Radio), le groupe a choisi de tout repenser, y compris sa manière de composer. Cela se ressent dans chaque morceau. Et même si Skunk Anansie n’a jamais été un groupe de compromis, ce disque le prouve encore plus. Si les guitares saturées sont toujours là, elles cohabitent désormais avec des textures électroniques, des percussions tribales, des touches de dub et des passages au piano minimaliste.
Riffs tendus, voix incandescente de Skin, dans une production plus aérée, presque cinématographique, on flirte avec une ambiance post-punk dansante, portée par des tempos irrésistibles et des refrains redoutables efficaces. « An Artist Is An Artist » est l’un des sommets de l’album. Une déclaration fière sur le droit de vieillir sans s’excuser, sans renoncer à sa fougue ni à sa créativité.
Le morceau final, « Meltdown », est une épure : voix + piano, presque rien d’autre. Une manière de finir dans le silence après la tempête, en laissant résonner ce qu’on n’ose souvent pas dire.
Skin n’a rien perdu de son charisme, de son mordant, ni de sa lucidité. Elle parle du temps qui passe, de la pression sociale, du vieillissement, de la peur de disparaître. Mais The Painful Truth est surtout un album de résistance. Le message est clair : on peut souffrir sans se taire, tomber et retrouver sa force.
The Painful Truth est sans doute l’album le plus personnel de Skunk Anansie. Il parle moins fort que leurs disques emblématiques des années 90, mais il parle plus vrai. C’est une œuvre mature, courageuse, retenu mais puissant. Et surtout, c’est une preuve éclatante qu’ils sont encore là, et bien vivants, toujours aussi « Animal ».
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Photo de couv. Rob OConnor