Konvent

Le noir est-il la représentation du vide absolue ? Seules les étoiles sont présentes et illuminent nos chemins. Elles sont les repères des navigateurs, des âmes égarées. Pour le poète, elles permettent de rêver ou se sombrer dans la folie dans certains cas. Elles seront toujours présentes à nos côtés, tant que nous pouvons les contempler. Konvent est l’une d’elle. Le groupe fait partie de la nouvelle garde Danoise du “Doom” qui sévit depuis quelques années sur la scène musicale metal. Call down the sun, est le second album, disponible depuis février 2022 dans les bacs de tous les disquaires via une distribution du label Napalm Records. Le groupe tourne actuellement en Europe pour le plus grand plaisir des adeptes du style.

Les étoiles se conjuguent toujours au féminin, même les plus sombres. 

Doom 4 étoiles

Que serait la scène métal, rock en générale sans la présence déterminante du groupe Black Sabbath ? Le groupe à changé la face du rock dans les années 1970, offrant à cette époque une noirceur musicale qui a influencé jusqu’à aujourd’hui un grand nombre de groupe : Type O Negative, Cathedral ou plus récemment October Tide entre autres. Tous se réclamant, comme les dignes héritiers des riff de Tony Iommi, des fûts martelé par Bill Ward, les lignes de basses lourdes comme la peine de Geezer Butler et enfin du sacro-saint front-man et fondateur du groupe : Ozzy Osbourne. Les 4 anglais ont changé le rock et ont enfanté bien des années plus tard le doom metal. De nos jours beaucoup de groupes pratiquant ce style, viennent des pays du nord ou de bien de l’est de l’Europe. De là à supposer que les conditions climatiques peuvent avoir une influence sur la musique ? Oui je le crois. La mélancolie est sœur d’absence de lumière. 

Julie Simonsen, Heidi Withington Brink, Rikke Emilie List et Sara Helena Nørregaard du groupe Konvent redéfinissent les frontières du genre et apporte un nouveau souffle noir.

Konvent de gauche à droite Julie Simonsen, Heidi Withington Brink, Rikke Emilie List et Sara Helena Nørregaard

Les grognements gutturaux et sublimes et les cris féroces de Rikke Emilie List s’intègrent parfaitement à un mur lourd comme l’enfer de riffs de death noirci et de doom funéraire de la guitariste Sara Helena Nørregaard, soutenus par une section rythmique épaisse et profonde fournie par la bassiste Heidi Withington Brink et la batteuse Julie Simonsen. Des morceaux tels que “Grains”, mettent en valeur l’âme noire profonde du groupe avec une touche de post-métal et même des éléments progressifs!

Konvent – Official BandCamp – 2022

Call down the sun

Call down the sun – Napalm Records – 2022

Konvent se démarque, évidement, par la composition uniquement féminine. Premièrement cela n’as aucune importance aux oreilles du fan du genre, elles sont doués un point c’est tout ! Dans un second temps c’est bien par la qualité des titres que nous écoutons sur la galette qui prime. Une déflagration retenus,  dans les 9 titres de Call down the sun. Elles nous offrent ici un doom – death avec du coffre et une saine envie de “headbanger”. Des titres comme “Grains” “Never Rest” et l’incroyable “Pipe Dreams” sont à l’image de l’album : sans concession, brut, d’une lourdeur à faire pâlir les menhirs de Carnac de nos ami(e)s bretons. Et quel final avec “Harena” et ses 7 minutes 13 secondes qui marque la fin de l’opus de manière magistrale. Puissant ! Mention spéciale à la chanteuse Rikke Emilie, qui ruine toute espoir à travers son chant.

Visuellement, c’est une pochette sombre et sobre. Photomontage ou gravure ? Qu’importe la technique,  la qualité est aussi présente. Le ciel de la nuit fait penser aux cernes (anneau de croissance) que composent le tronc des arbres. Au centre l’astre qui n’est plus, domine un paysage désertique où des silhouettes sont visibles au pied de l’immense dune en bas à droite. Métaphore du groupe ? Ou bien est-ce les derniers êtres humains attendant vainement le soleil ? Visuel efficace et qui fait écho à l’album précédent Puritan Masochism (2020) et leurs 1er démo (2017). Par cette démarche Konvent affirme aussi bien son style graphique et musicale.

Credit photo Kasper Pasinki

Un nouvel album qui essore donc les méninges, par le poids du marteau et l’enclume. Une belle découverte et qui finira sans aucun doute dans mon top 10 de 2022.  Les étoiles du nord vont encore briller pour quelques années.

Konvent, du lourd à l’état pur.

Ekimr

Je dédie cet article à mon étoile.

Konvent – credit Naplam Record – 2022

Set list :

1. Into the Distance
2. Sand is King
3. In the Soot
4. Grains
5. Fatamorgana
6. Interlude
7. Never Rest
8. Pipe Dreams
9. Harena


Liens : Bandcamp

Illustration : Mike Rouault