Bien que The Strokes ait cultivé une réputation de groupe au style plus cool que cool, dans la désinvolture, ils révèlent là une mélancolie inhabituelle. Avec leur 6ème album Studio The New Abnormal (Sortie en avril 2020) pour la première fois de leur carrière, ils explorent un champ émotionnel moins festif. Et pourtant à l’époque de sa composition la fête n’était pas encore finie !
L’intention du groupe ne manque pas, pour autant, d’une bonne dose de rock’n’roll, qui les a rendu célèbres sur le globe…
Seraient- ils déjà devenu (vieux) sage ? seraient- ils devenu (trop) calme ?
Même avec le légendaire Rick Rubin à la production, pour en arriver là, il fallait bien un acte fort, un séisme !
L’inspiration de Julian Fernando Casablancas (le chanteur) vient d’une relation en cul-de-sac qui prend fin. Voilà ! Pas vraiment réjouissant et pourtant !!!
L’amertume est inéluctable, même avec des fioritures de synthétiseurs nébuleux « Eternal Summer ». Le goût de l’absinthe ne donne pas que des vertiges surtout si on en abuse « Selfless« . Mais sur ces longues chansons tristes au contour finalement plaisant, le sentiment d’être laissé pour compte s’efface progressivement. The Strokes semblent plus unis qu’ils ne l’ont, sans doute, jamais été. Peut-être également plus matures « The Adults Are Talking« . Il n’est pas seulement question d’une vue de l’esprit ou un effet de style « You’re sophisticated« . « Bad Decisions » (écrit et composé avec Billy Idol) reflète le plaisir de faire en conscience sans souffrance « Always singing in my sleep, I will leave it in my dreams« . Jouissif !!! « Ode To The Mets » dans ses rythmes aux guitares tumultueuses, et cette façon dont les synthés montent en flèche, font preuve de la mise en œuvre de possibilité de composition tangible. Voilà qui fait fondre inévitablement la jelly des jeunes anglais toujours moderne.
Rythmes tendus, mélodies entrelacées qui ne font que grandir. Ces chansons à la candeur parfois désordonnée, ne pouvaient être autres choses que des joyaux issu de la Pop culture. Musicalement et émotionnellement, ils possèdent des refrains des plus accrocheurs, entourés d’aveux de faiblesse consciente qui le rendent honnêtes et terriblement captivant.
A l’image du syndrome de Stendhal que certain éprouve devant une œuvre de J.M. Basquiat (référence à “Bird on Money”*) « The New Abnormal » lorsqu’il vous attrape, il ne vous lâche plus, il n’existe plus ni temps, ni espace, mais un émoi vertigineux « I can’t escape it« …
Ici et tout au long de, The Stroke prouve qu’ils ont grandi. Sous une désolation d’apparence se cachait une toile aux couleurs débordantes. Ca déborde de partout et c’est beau, c’est tout ! Faisant de celui-ci une œuvre qui vient à point nommé.
Il vous reste encore une décennie d’expérience les mecs garder en pour demain…
*Pochette de l’album The New Abnormal est une œuvre de Jean-Michel Basquiat “Bird on Money”.