REPUBLIK – RENCONTRE AVEC FRANK DARCEL

Le deuxième album de Republik‘’Exotica’’, sortira le 31 mars 2017.

L’occasion d’aller à la rencontre de Frank Darcel, le leader de Republiket ex-guitariste des mythiques Marquis de Sade à la fin des 70s, d’une gentillesse et d’une humilité confondantes, d’une grande érudition musicale mais pas que…

Il est de ces conversations qu’on aimerait poursuivre indéfiniment…

Echanges sur le projet Exotica, les évolutions depuis le précédent album, le travail en studio et la tournée qui démarre fin mars 2017 à travers la France…

A quel moment le projet Exotica a-t-il vu le jour ?

Les membres du groupe (Stéphane Kerihuel, guitare, et Romain Poligné, claviers et choeurs) ont été surpris que je re-maquette aussi rapidement après la sortie du premier album Elements (novembre 2015). Mais ce nouvel album est venu très rapidement, l’inspiration n’est pas quelque chose de facile à définir…

On sait qu’on a franchi un cap entre les deux albums. Je trouve intéressant le fait de ressortir des disques dans le même rythme que celui que nous avions dans les années 80, tous les 12 ou 18 mois. Aujourd’hui, les périodes entre deux albums sont plus généralement de l’ordre de 24 à 36 mois. Je trouve que c’est trop long car à chaque fois, tout est à recommencer. On progresse plus facilement quand on ne se coupe pas du studio pendant deux ans ou deux ans et demi.

Justement, quelles sont les évolutions entre Elements et Exotica ?

Pour Elements, on a travaillé pendant presque un an en studio. C’était le premier véritable album du groupe, on se cherchait, on tâtonnait. On travaillait sur 16 ou 17 titres pour ne garder au final que ce qui nous plaisait.

Pour Exotica, ça a été beaucoup plus ramassé. Les titres étaient maquettés assez précisément depuis le printemps 2016. On a donc réussi à enregistrer le plus gros en moins de trois mois. Ça se ressent, c’est plus cohérent pour nous, ça été plus vite. Avec Stéphane et Romain, on se comprend bien maintenant, il y a des choses instinctives qui s’installent.

Exotica, c’est quoi ?

Tour d’abord, le film ‘’Exotica’’ d’Atom Egoyan m’avait beaucoup marqué quand il est sorti en 1994. Ensuite, à partir du nom j’ai voulu réfléchir au rapport à l’exotisme dans l’époque actuelle, quand aller d’un point à un autre est devenu si facile, quand les images arrivent de tous les coins de la planète, même les plus reculés. Même s’il s’agit de lointaines terres australes, on les a déjà vues dans National Geographic ou sur Internet. L’aventure du voyage n’est plus la même qu’à l’époque des grands navigateurs et c’est évidemment un peu dommage.

Comme j’ai toujours eu des envies d’ailleurs et le désir de les cristalliser soit dans un roman soit dans un disque, je me suis demandé si le véritable exotisme ne résidait pas plus dans la manière dont on vivait plutôt qu’où l’on vit. De fait, l’idée des villes utopiques m’a paru pertinente pour parler de ces nouveaux systèmes d’échanges et de vivre ensemble que l’on peut, et que l’on doit, inventer, hors des propositions politiques courantes.

Ainsi Exotica est devenu une ville utopique, et c’est le thème du disque. C’est un topic qui existe depuis que les écrivains écrivent ; il y a eu des villes utopiques dans les romans de toutes les époques. Et cela va devenir de plus en plus d’actualité dans la vie réelle à mon avis, puisqu’avec cette impression que le monde est un peu en train de se déliter, je crois que les gens vont avoir envie de construire ces structures sociales nouvelles, plus proches d’eux.

Comment travaillez-vous ensemble ?

Stéphane est là depuis déjà 4-5 ans, Romain est arrivé plus tard. Les deux sont devenus très importants. On se complète bien. Sur scène, nous sommes cinq avec la section rythmique, Nicolas Hild à la batterie et Niko Boyer (ex-Detroit) à la basse.

Exotica ne s’est pas fait dans la souffrance. Lorsqu’on arrive en répétitions, on sait qu’à partir d’une idée simple, il va se passer des choses. Je retrouve des manières de travailler que je n’ai pas connues depuis très longtemps. C’est pour ça que l’aventure Republikdevient de plus en plus excitante.

Pour la suite, ce qui est important, c’est que la nouvelle rythmique s’intègre le plus rapidement possible, et nous répétons beaucoup pour ça. Comme ça, si on enregistre un troisième album d’ici un an et demi, je pense qu’il viendra tout à fait naturellement.

Qui compose les morceaux ?

J’amène le corps de l’album en démo, que je fais tout seul en studio. A partir de là, on retravaille les titres et parfois, Stéphane apporte des riffs et des arrangements si importants que cela revient à de la co-composition. Il y a donc quelques co-compositions avec Stéphane et Romain sur le disque.

J’écris également les textes seul, sauf pour ‘’En ce jour on ressent’’, pour lequel un ami (Frédéric Dol) m’a envoyé quelques phrases qui me plaisaient. J’ai pris la guitare un matin et j’ai écrit le reste du texte. C’est la première fois que je fais ça et j’ai envie de renouveler l’expérience.

Même si on essaye de travailler dans une forme d’urgence, il faut se laisser la possibilité d’ouvrir la porte à de nouvelles compositions au dernier moment. ‘’En ce jour on ressent’’ et ‘’Tu seras mon ombre’’ sont des morceaux qui n’étaient pas dans les démos d’origine et qui sont nés à peine une semaine avant les mix. C’est important que ce genre d’accidents soit possible. Et c’est pour ça que les phrases envoyées par mon ami étaient importantes, parce qu’après avoir écrit douze ou treize textes pour cet album, je me sentais un peu sec…

‘’En ce jour on ressent’’ est le premier clip disponible…

La chanson est une introspection sobre et austère, qui finit tout de même sur une note d’espoir. Notre metteur en images, Jo Pinto Maïa, était présent lorsqu’elle a été bouclée, très tardivement. Elle me plaisait mais je n’avais pas de recul vu qu’on venait de la terminer. Jo a dit ‘’J’adore cette chanson !’’. Il voulait la réécouter tout le temps, l’a embarquée chez lui et m’a dit qu’il voulait réaliser le clip. J’ai alors demandé son avis à Nathalie Ridard (fondatrice de l’agence de promotion indépendante Ephélide), qui m’a dit ‘’banco’’ sur ce titre-là. J’ai ensuite fait confiance à Jo.

Je m’étais rasé le crâne il y a environ un an, ce qui lui a donné l’idée. J’étais content que ça ait repoussé mais Jo m’a dit ‘’Tu as quinze jours pour te laisser pousser encore un peu les cheveux, et tu ne te coupes plus ta barbe… Ensuite on rasera tout ! » On a l’impression dans le clip que je me rase avec le doigt. En fait, le tournage a été fait image par image. On avait un barbier qui découpait des bandes de cheveux cm par cm. Ça a pris des heures, avec des cheveux dans le cou, je déteste ça…(rires)

Le clip n’est pas très gai, mais je l’aime beaucoup et il plaît. On m’a dit qu’avec la moustache que je ressemblais à Georges Brassens ou Louis Chédid…(rires).

Dominic Sonic est également présent sur un titre (‘’I Wanna Be Your Car’’)…

Dominic est un ami de longue date. Il a connu le succès à Rennes à la fin des 80s-début 90s et il est toujours là, il a fait par exemple un excellent concert au Vieilles Charrues l’année dernière. Il est considéré comme rennais mais il est originaire de St-Brieuc. C’est un peu lui le premier qui a mis fin au son rennais post-punk en jouant un rock plus stoogien avec des références Sex Drugs and Rock’n’roll qui ne faisaient pas partie du langage habituel de la ville jusque-là. Mais on ne lui en a pas voulu de casser le théâtre (sic), cela a même fait beaucoup de bien.

On s’entend bien et c’est pour ça qu’on l’a invité à chanter un duo sur l’album. L’idée est de faire un clin d’œil Rock’n’Roll sur le disque et on est très contents du titre. Dominicviendra jouer sur scène avec nous sur une ou deux dates.

Comment tu appréhendes les prochaines scènes ?

J’ai découvert la scène en tant que chanteur sur le tard, à 55 ans. Au début, j’ai expérimenté de chanter et de jouer de la guitare en même temps dans des petits clubs et bars, et on y a mis énormément d’énergie. Ça passait parce que c’est le punk en moi qui s’était réveillé. Mais je ne crois pas que je chantais vraiment au début…. Je testais mes cordes vocales…

Et puis petit à petit, avec Elements, une sorte de conscience ou de confiance s’est installée. Le plaisir sur scène est aujourd’hui très différent. A Rennes, il commence à y avoir à présent un public qui connaît les paroles. Je ne pensais pas connaître ça parce que je ne m’imaginais pas chanter il y a encore quelques années. Chanter et entendre des gens qui disent les choses en même temps que vous, je pensais que c’était réservé à d’autres. C’est très agréable.

Exotica est plus sophistiqué que Elements. Les mélodies de voix et les parties de chœur sont plus complexes. Ça passera moins dans l’énergie que pour le premier album, d’où un boulot supplémentaire. On a vraiment la section rythmique qu’il nous faut maintenant et on est confiants. On a pas mal de répétitions de marquées avant les premières dates et on a vraiment hâte de jouer !

Parle-nous de la pochette de l’album ?

C’est Jérôme Sevrette, photographe rennais, qui l’a réalisée. Il travaille avec beaucoup de groupes de rock, notamment anglais (Also The Trees…). Il a beaucoup bourlingué en Europe. J’ai découvert ses photos de villes européennes sur les réseaux sociaux et j’ai adoré. La photo de la pochette représente un aspect de notre future ville, Exotica. Le clin d’œil années 30 me plaisait également, c’était le début d’une véritable modernité en architecture…

Il est prévu de faire prochainement de nouvelles prises avec les cinq musiciens, avec Jérôme Sevrette, mais j’attends de récupérer un peu de cheveux.… (rires). Les photos de presse à trois sont de Jo Pinto Maïa.

Alechinsky

Concerts à venir :

29/03 Rennes – Pot ‘’making of’’ – Melody Maker. 31/03 Châteaubriant – La Charrue. 7/04Saint-Brieuc – La Citrouille. 22/04 Rennes – Showcase It’s only Rennes. 25/04 Lomé (Togo). 4/05 Rennes – L’Ubu (avec Daniel Paboeuf en ouverture). 6/05 Brest – Le P’tit Minou. 12/05 Tréguier – L’Atelier. 13/05 Quimper – Le Ceili. 17/05 Clermont-Ferrand – La Coopérative de Mai. 18/05 Toulouse – Le Métronum, Music Box. 19/05 Bordeaux – Le 180°. 20/05 Auch25/05 Paris – Petit Bain (avec A Boy Called Vidal en ouverture). 26/05 Paris – Showcase Gibert Joseph. 20/07 Pontivy – Les Jeudis de Pontivy. 27/07 Guémené-sur-Scorff – Les Jeudis de Guémené-sur-Scorff.

D’autres dates à venir sur le site republik.bzh