WHYPD “Can’t Wait To Be Fine” Révolte et Amour à contre-courant

Alors que la France revient doucement a une vie presque normale, WE HATE YOU PLEASE DIE sort aujourd’hui (18 juin) son tant attendu nouvel album, intitulé “Can’t Wait To Be Fine” le bien nommé. Cette pause qu’eux comme nous avons connue était l’occasion de composer un opus unitaire, mêlant force et conviction, aussi incandescent que percutant. Uppercut dans les propos, Raphaël, Chloé, Mathilde et Joseph développent leur irrésistible côté punk aux rythmes toujours séduisants. Cascade, looping, avalanche d’excellence qui transpose la force et la liberté naturelle dans leurs convictions tranchées à vif.
L’amour toujours déçu, le désespoir encore vaincu. Libération et création prédominent dans cette vision du monde au romantisme révolutionniste, dans un mouvement tourbillonnant à contre-courant orienté vers le bouleversement de mornes normes sociales. Seules les âmes conscientes de cette destruction par la civilisation moderne peuvent comprendre là où le bas blesse. L’enchantement certainement émotionnel, de cet opus, éclate à nos yeux, là où la fraternité est une croisade contre les préjugés de l’époque.
Avec autant d’arguments, nous ne pouvions qu’adhérer dès la première écoute. Nous étions impatients et avions matière à discuter. Nous avons donc posé à WHYPD une série de questions autour de l’essence qui motive et compose leur musique et leur vie.

Nous sommes aujourd’hui au jour J de la sortie de votre 2eme album. Quelle était l’idée de départ qui a provoqué l’envie de repartir sur un album ?
Le premier album date de 2018! Il était temps de mettre dans le réel les nouvelles chansons qui trottaient dans nos têtes ! On se serait fait chier à jouer les mêmes tracks sinon (rire)

La crise s’étant mis au travers du chemin de bon nombre de groupe qui voulaient sortir des albums et rendant les choses plus complexes. Comment l’avez vous vécue ? Quelles sont les conséquences de la crise sanitaire sur la réalisation de votre album ?
En vrai mis à part le fait que les concerts étaient en pause, la crise est arrivée pendant la réalisation du nouvel album, du coup on a enregistré entre les deux premiers confinements, on est pas à plaindre niveau timing. On a plus une pensée pour les groupes qui ont sortie des choses au commencement de ce bazar, ou qui était en début de développement… En vrai on a eu de la chance.

J’imagine qu’il y a inévitablement le sentiment de perdre le fil. Une sorte d’arrêt sur image… Comment l’avez vous surmonté en tant que musiciennes et amis ?
C’est encore tôt pour prendre du recul mais globalement ça a été, comme on disait plus haut on a eu de la chance, surtout qu’on a eu l’intermittence quelques semaines avant tout ça. On pensait que la période allait permettre un truc inédit et que le monde entier allait réfléchir au sens de la vie et sur la précarité de son existence. Faut croire que non, il n’y aura pas de nouveau monde ou alors un encore pire. Il suffit de faire un tour sur les réseaux sociaux pour voir que la haine est devenu une norme, que le monde s’écroule sous les inégalités. Des fois on se demande qui est le vrai virus dans tout ça… Donc on peut pas se lamenter de pas avoir pu faire de concerts depuis un an.

Votre 2eme clip “Barney”, extrait de votre album, possède une très forte identité visuelle, un vrai coup de poing dans l’écran. Pouvez-vous nous expliquer vos intentions avec ce clip ?
On voulait un peu prendre notre premier clip à contre-pied (qui était assez sombre et grave dans son intention) et montrer que la vie n’est pas fait que de colère ou de frustration, il y a aussi un paramètre de légèreté qu’il faut garder à l’esprit, celui du fun et du lâcher-prise ! C’est important pour nous de montrer les diverses émotions qui nous habitent. On adore rigoler et les choses débiles. C’est important de partager ce coté là aussi et de ne pas juste rester sur le constat de choses qui ne vont pas, sinon la vie perdrait vraiment beaucoup de valeur et de douceur. Il faut équilibrer les névroses un moment (rire). Du coup on voulait un clip vif et coloré pour cette chanson zinzin. Margaux Jaudinaud qui avait déjà fait un clip en animation pour un groupe qu’on adore (Johnnie Carwash) était la personne parfaite ! On a fait un visio avec elle dans lequel on a pu lui donner des références, anecdotes et inspirations. Ensuite avec son équipe elle a su apporter toute la poésie et la folie qui convenaient à ce titre! On en est très fier.e.s.

“Can’t Wait To Be Fine” comporte plusieurs titres qui interpellent, et questionnent le système sur un sujet relativement actuel. Vous sentez vous en dualité avec le système et pourquoi l’abordez-vous ? punk anarchique et rock engagé. Entre les deux mon cœur balance et vous avez vous plus d’affinité avec l’un ou l’autre ? Ou aucun des deux ?
Je pense pas qu’on soit « engagé.e.s », c’est un terme qui n’a plus beaucoup de sens et qui est très large. On est pas là pour faire la morale, ça serait bien présomptueux, on parle juste de notre perception de la réalité. Nous ça nous fait chier un monde qui scie la branche sur laquelle il est assis. Ça nous rend triste de voir que les gens sont de plus en plus individualistes et qu’ils en sont fiers. Il y a tellement de choses qui merdent de partout, ça devient de plus en plus dûr de choper le positif. Si juste les gens pouvaient essayer de se concentrer sur le vivre ensemble un peu plus, avec plus d’empathie, je pense que ça serait déjà mieux…Mais bon la nouvelle génération est déjà plus rassurante et inclusive, à partir de ça il y a un peu plus d’espoir et il y aura plus qu’a attendre que la génération de réac et leurs valeurs de croissances capitalistes crèvent, si dans leur mort ils peuvent emmener avec eux le racisme, le sexisme et la discrimination globalement, ça serait cool. Pareil le terme anarchique est très vaste et mal utilisé souvent. Le coté romancé de l’anarchie du type le chaos, le nihilisme et le « no future » on aime pas. Le coté plus politisé du vivre ensemble et de l’auto-gestion nous parle déjà plus, mais globalement le système soit disant de démocratie dans laquelle nous vivons est certainement la plus grosse vanne jamais faite…

Les sonorités que vous développez sont encore plus percutantes que sur votre précédent album. Le sont elles autant que vous le souhaitiez ou vous êtes vous fixé des limites ?
Pour ce deuxième album on voulait que le son soit différent du premier. Le premier est vraiment lo-fi et même des fois un peu trop bruitiste. On voulait un son qui aille plus dans le sens des chansons pour ce deuxième album, c’est pour ça qu’on a travaillé avec notre ingé son Guillaume Bordier qui nous suit depuis plus de 2 ans en tournée. Il a enregistré et mixé l’album et il le trouve trop bien comme ça ! On est tous carrément content.te.s du rendu sonore de ce deuxième album, il a des côtés vraiment plus épiques dans la construction comme dans le son.

Vos textes aussi me semblent plus poussés sur cet opus. Vous avez plus de choses à dire qu’avant ?
Le premier album était brut, plus un cri de colère où les paroles ne ressemblaient pas forcément à grand chose de définit. Ici chaque mot est pesé et cible souvent une émotion ou un sujet, parfois plusieurs en même temps. Il fallait trouver le ton juste pour raconter sans perdre la musicalité. Les sujets sont assez nombreux, ça va de l’amour jusqu’à la notion d’effondrement sociétal ! Souvent ça parle de névroses ou du sentiment de révolte, mais bon les deux sont liés je crois.

Quand on écoute votre album on se dit forcément vivement le retour au live grand format. Les bains de foule et les débordements festifs. Vous avez je suppose hâte de retrouver les concerts ?
Les concerts c’est une chose où les gens de tout horizons partagent, dansent et se mélangent, c’est trop beau et évidemment que ça nous manque. C’est juste dommage que ça soit payant souvent, ça permettrait à tout le monde de venir sans la barrière de l’argent, mais clairement on a hâte de déchaîner un bon coup avec toute la libération et l’allégresse que ce genre de moment peut procurer !

Et la suite pour vous, vous l’imaginez comment idéalement ?
Vivre dans un monde où on n’aurait plus de raison d’avoir ce nom de groupe. Dans tout les cas j’espère avec beaucoup de musiques !

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“Can’t Wait To Be Fine” We Hate You Please Die – 18 juin 2021
Labels Kids Are Lo-Fi Records / Howlin Banana Records / Le Cèpe Records / Ideal Crash / Stomp Records (Canada) / Freakout Records (USA) / Buttercup Records (Australie)

Stef’Arzak