VÉNUS D’ARGENT – “La Naissance”

Alexandre Geoffrion est un auteur, compositeur et interprète, Bordelais qui très tôt apprend la guitare puis au fil des années la basse, les synthétiseurs, la batterie et l’écriture pour finalement devenir Vénus d’Argent. Avec talent, il vient de sortir un premier Ep ”la naissance” où dès les premiers sons, nous sommes plongés dans un monde étrange qui se dévoile note après note, mot après mot. Dans un savant mélange de rock progressif psychédélique proche des 70’s, il dessine, en 6 titres, un univers sonore galopant, nerveux, organique, plein d’intrigues, d’éclats de guitares et de nappes électro, d’une rages poétique bluffante. Il en résulte une sorte de bande son filmique fantasmée à la croisée de David Lynch et de David Fincher où les textes rudes et riches sonnent comme du Serge Gainsbourg s’assemblent et semblent ainsi aussi cinématographique que mélodiquement habités. Les premières minutes nous installent dans une ambiance dark, sombre et captivante, de plus en plus profondément vers cet univers et cette voix tour à tour lente ou puissante, déversant un flow rauque imparable. “La Naissance” n’en est que plus savoureux. Alexandre Geoffrion aka Vénus d’Argent répond à nos questions pour vous révéler une infime part de cette alchimie virale.

 

Première question hyper bateau mais utile pour mieux le connaître. Pourquoi ce pseudo Vénus d’Argent ?
Trouver un nom, c’est assez complexe, ça m’a pris du temps. Je voulais faire allusion à ma passion pour l’automobile et aussi à la chanson française. Surtout, il me fallait quelque chose qui évoque le féminin, l’élégance… donc pas évident ! Et puis pendant le confinement, avec ma mère, on se montrait tous nos clips préférés, on regardait tout ce qui sortait. Vient alors celui de « Melody » de Serge Gainsbourg. Il fait référence à la statuette à l’avant des Rolls Royce, « la Vénus d’Argent du radiateur » ou Spirit of Ecstasy. J’ai sauté du canapé et ça m’est apparu comme une évidence : Vénus d’Argent venait de naître !

Ton 1er ep “La Naissance” sortira le 2 décembre, comment et avec qui a-t-il été composé ?
Il s’agit en réalité du second EP ! Le premier, « Make It Blue » est sorti fin 2020 et est un hommage au rock psychédélique des early 70’s. Ici, je voulais vraiment construire une histoire qui se suit, comme dans un album concept de Gainsbourg ou Air. J’en suis l’auteur et le compositeur – même si j’ai été entouré par des amis très doués pour l’arrangement qui m’ont aidé de temps en temps. Si je suis à l’origine des morceaux, l’EP a été produit au studio 48L, à côté de République. C’est un écrin incroyable sous l’aura de Baptiste Leroy, ingénieur du son et producteur du lieu, qui est aussi (et surtout!) devenu un ami en or.

Dans cet ep tu portes un soin particulier aux rythmes et aux atmosphères, tu oscilles entre longue composition musicale et chanson aux textes habités. Comment ce chemin artistique se dévoile-t-il ?
Je pense être quelqu’un de très organisé, presque trop, et d’assez hyperactif. Donc quand je fais de la musique, j’aime que ça prenne le temps. J’adore construire des paysages très riches qui comme certains livres ou films que l’on connaît pourtant par coeur ne cessent de nous surprendre à chaque nouvelle lecture.
Dans ‘Vénus’ par exemple, il y a des dizaines de sons cachés : qui reprennent la fréquence exacte de mes acouphènes, ou qui étaient générés par « hasard » par certains synthés.
Autrement dit, avant l’export final, on ne savait jamais à quoi s’attendre ! Que ça soit court ou long, j’aime l’idée d’un paysage en mouvement, qu’on ressente des choses fortes. Je fais de mon mieux pour ça et suis encore une fois très bien entouré pour matérialiser ce qui parfois paraît impossible dans mon esprit !

Et comment aménages-tu ton processus créatif atypique ?
Je pense que je vois, écoute, mange ou regarde certaines choses et qu’à un moment mon esprit les transforme. L’autre jour j’ai découvert un engin qui sert à masser, tout en bois, d’une taille disproportionnée. Ça m’a tout de suite évoqué un son. Après qu’est ce que je vais en faire… aucune idée ! J’essaie d’être le plus curieux possible, de sortir de ma zone de confort. On est jamais à l’abri de découvrir une autre sensibilité dans une danse, un morceau ou même un plat. Autrement dit, je déménage mon processus plus que je ne l’aménage ! C’est notamment le cas sur « l’accident » qui profite d’une narration vaporeuse pour instaurer un climat très cinématographique.
Merci beaucoup, ça me touche de lire ce genre de remarques. Que ma musique soit cinématographique, on me le dit régulièrement et j’aime ça plus que tout au monde. Que des sons évoquent des images, je trouve ça fou. Ça veut dire que d’une manière ou d’une autre, mes idées et ma sensibilité ont été transformées, une fois de plus. C’est un cycle perpétuel !

VÉNUS D’ARGENT – 1er EP “La naissance” le 2 décembre 2022

Crédits photo : Bazil Lamy