TORRENT D’AMOUR, NEW-WAVE NORMANDE

Le trio normand synth-wave Torrent d’Amour (Matthieu, Fanny et Axel), formé début 2014, produit un son très coloré new-wave 80’s – boîtes à rythmes et synthétiseurs en tête -, et compose ses morceaux en français.
Après les avoir découvert fin juillet lors du Biches Festival à Cisai-Saint-Aubin dans le Calvados, nous sommes allés à la rencontre de Matthieu…

Parlez-nous de vous : d’où êtes-vous ? Comment vous êtes-vous rencontrés ? Vos débuts ? Votre background ?

Axel et moi jouions ensemble dans Cochran Flash, en compagnie de deux autres membres à l’époque étudiants aux Beaux-Arts. Notre approche était résolument arty, nous chantions en français et le son était plus rock qu’aujourd’hui, avec des guitares plus tranchantes. Après ces débuts, nous avons créé Torrent d’Amour au début de l’année 2014.

L’endroit d’où vous venez a-t-il une influence sur votre musique ?

Fanny et Axel sont originaires d’Agneaux, près de Saint-Lô. Ils ont été tous deux marqués musicalement par la scène locale des années 2000, très influencée par la brit-pop, avec des groupes comme Da Brasilians (fondé en 1999) et The Lanskies (fondé en 2006). Je suis pour ma part arrivé avec des influences ‘’plus à l’ancienne’’. J’ai découvert le rock avec les compils Nuggets (garage rock et rock psychédélique milieu des 60’s)

Sur scène tous les trois, vous donnez l’impression d’être très proches et soudés. Ça explique le nom du groupe, Torrent d’Amour ? Vous en avez à revendre (de l’amour) ? Ça remonte à ma rencontre avec Fanny. J’ai dit ‘’On va faire un groupe ensemble’’ et on va appeler ça Torrent d’Amour ! Nous sommes une famille.

Quel est le trait de personnalité le plus marquant de chacun d’entre vous ?

Fanny est perfectionniste. Axel est passionné, il compose tout le temps et vit la musique à fond. Quant à moi, je suis rêveur et passionné. J’ai la collectionnite aigüe pour les vinyles.

En vous écoutant, on pense immédiatement à New Order ou Taxi Girl. Quelles sont vos influences ? Comment définiriez-vous votre musique ?

Elles sont multiples : ça peut aller du rock garage 60’s, de la brit-pop, du post-punk (j’adore Wire), Taxi Girl, le rock français, Gérard Manset… J’adore le folk anglais, Tim Buckley, David Bowie… des génies de la musique. Ce qui caractérise notre son, ce sont évidemment les synthés. Notamment un d’entre eux, le Roland JX-3P, qui sonne très 80’s.Travailler avec des boîtes à rythmes apporte aussi une couleur différente.

La période new-wave est un peu oubliée aujourd’hui, tu ne penses pas être en décalage par rapport à l’époque ?

Le grunge est le dernier grand mouvement rock que notre génération ait connu, et que je n’ai pas particulièrement aimé d’ailleurs. Depuis 2001 et les Libertines, on revisite tout ce qui a été fait dans le passé, il n’y a plus grand-chose à inventer malheureusement. En France, on sent aujourd’hui une vraie envie de chanter en français, ce qui n’était pas le cas il y a encore dix ans. Une période où la majorité des groupes français chantait dans un anglais abominable, ce qui faisait bien rire les Britanniques.

Pourquoi ce choix de chanter en français ? 

J’en avais assez de faire des répétitions en yaourt. On ne sait pas chanter en anglais. Pour moi, ça n’a pas de sens de vouloir imiter les Anglais ou les Américains qui le font déjà de façon excellentissime. Ce n’est pas cohérent. Donc autant essayer de se démarquer. J’adore la langue française, c’était une évidence de chanter dans notre langue, même si, à l’inverse de l’anglais qui se chante mieux, coule mieux et est plus facile à chanter, elle est plus difficile et moins fluide du fait du plus grand nombre de syllabes. Mais des artistes tels que Bashung, Gainsbourg et Daniel Darc l’ont fait de façon exceptionnelle.

Comment se créent les morceaux ? Qui écrit et compose ? 

On compose de manière collégiale, chacun apporte ses idées en répétition. Axel travaille les morceaux sur ordinateur. Il trouve des idées de lignes de basse, de synthés, d’arrangements. On pose les textes dessus en répétition avec Fanny. Il y a une grande bibliothèque dans la salle de répétition d’où l’on prend des bouquins au hasard. On extrait des phrases par-ci par-là dans des bouquins de Ginsberg ou de Barbey d’Aurevilly, on les assemble et ça fait émerger des idées. La composition est un travail assez laborieux.

Que racontez-vous dans vos chansons ? Y-a-t-il des thèmes récurrents ?

Il n’y a pas vraiment de thèmes récurrents. On parle de nous, de choses personnelles. On essaie de faire sonner les mots avec la musique, que ce soit agréable à écouter. Après, je ne pense pas que ce que l’on raconte ait énormément d’importance. Quand tu lis un texte de Bashung, il s’en fout un peu. Ce qui importe, c’est la façon d’assembler les mots et comment ils vont sonner avec la musique. Pour le reste, on parle de choses très banales, du quotidien. Je n’ai pas envie de parler de sujets politiques ou engagés. Pour moi, Le rock n’a pas à se préoccuper de politique. Ça peut être politique mais de façon détournée et indirecte. Je n’aime pas les groupes engagés. Ça peut donner des visions et une façon de voir le monde, mais moins il y a de politique et mieux je me porte !

Tu me disais être à la recherche d’un label. Vous voulez donc travailler différemment dans un avenir proche ?

On aimerait être produit sur un label. Ça accroît la notoriété, ça apporte du réseau, c’est plus facile de se faire connaître, d’avoir des articles, de passer en radio. La question est d’actualité puisqu’on aimerait sortir un 8 titres avant la fin de cette année. On a plusieurs nouveaux morceaux prêts à être enregistrer, on a commencé à les maquetter. Il faut juste qu’on réfléchisse à la manière dont on va les sortir.

Vous faites beaucoup de scènes ? Programmez-vous de nouvelles dates en 2017 ?

On a récemment fait trois dates à Paris (Trois Baudets, La Java, Carreau du Temple). On travaille en collaboration avec une tourneuse(Ma Bande Son) depuis quelques mois. On va arrêter en fin d’année pour privilégier la sortie de notre prochain EP.

Quel est ton coup de cœur musical du moment ?

J’écoute énormément de choses. Notamment en ce moment, le titre ‘’Seconds’’ de The Human League, un morceau avec une super mélodie, où il n’y a que des synthés, pas de guitares. J’ai un gros coup de cœur pour toutes les compils que sort l’association La Souterraine. J’écoute aussi beaucoup le titre ‘’Démission’’ des Vilars.

Qu’est-ce nous pouvons vous souhaiter pour la suite ?

De rester unis et de pouvoir continuer à faire de la musique ensembles !

Alechinsky.