Et toi, tes esgourdes, elles en disent quoi de cette année 2023 ? Des dinosaures, de jeunes pousses, des surprises à foison et un MP3 ras la gueule de mélodies entêtantes ? Des déceptions, des redites, des attentes concrétisées et des trésors dénichés ? De la bonne came, du dépoussiérage, des come-backs dans les bacs et des formations prometteuses. Pour ma part, je ne te promets pas le grand soir. Juste un élan du cœur souvent balisé dans ses espérances mais toujours versé dans le romantisme de bon aloi. C’est comme ça!
C’est parti pour le Top 7 des albums !
1) « ATUM » des Smashing Pumpkins. Ah ouais, je fais fort!? Voici un triple album défoncé par la critique pour ses (soi-disant) tendances musicales loukoum, sa paresse dans ses compositions et le peu d’inspiration qui infuse cet opéra-rock en toc. Je dis « Que nenni ». Vous transpirez à l’idée d’un énième » Melon Collie & the infinite Sadness » ? D’un retour fracassant du rock, du vrai, de celui qui chausse des baskets trouées et enfile des chemises de bûcherons ? Nirbanana Split? C’est mal envisager le caractère retors de Billy Corgan, tête pensante surchauffée de ses citrouilles damnées. Ici, la croisière s’amuse et prend son pied dans une liberté totale de ton. Du rock pompier ? Certes. Du genre abrasif. Les années 90? Dans le calbute. En studio, des pages et des pages de compositions complexes et décomplexées. C’mon Billy. C’est ta tournée et il y en aura pour tout le monde, y compris pour les nostalgiques de ces satanés synthés. Au final ? Point de coupes mulets. Mais d’incandescents boulets tirés d’une plaine lointaine. ATUM ? A vos souhaits.
2) « Hackney Diamonds » des Rollings Stones. Qu’attendre d’un énième album des pierres qui roulent ? Un classique instantané. C’est le cas pour ce « Hackney Diamonds », de toute beauté, pur joyau sonore qui égrène ses titres surpuissants. Les papys résistent sans que le temps semble avoir une emprise sur leurs compositions. Terriblement vintage et contemporain, ce LP se déguste comme un bon vin. Suavement et longtemps.
3) « Angels & Queens » des Gabriels. Issu de Los Angeles (fatalement), ce groupe pioche aussi bien dans le gospel que dans la soul avec une classe déconcertante. Voix qui tutoie les plus grands, compositions riches en surprises (écoutez la rythmique de « Taboo » et vous comprendrez), « Angels & Queens. Part 1 & 2 » est le plus bel objet musical entendu depuis des lustres. Amateurs de Marvin Gaye et Bill Withers, cédez à la tentation !
4) « Turn the car around » de Gaz Coombes. Exit la formation pop/psyché des Supergrass! Mr Coombes assume son âge et nous balance une quatrième galette digne des Kinks et des Wings. Rock racé, ambiance so british et réminiscence exquise d’une certaine Brit’Pop. Au bout du compte? Gaz à tous les étages.
5) « Ce qu’il restera de nous » de Coline Rio. La plus grande révélation de cette année 2023 en matière de variété française. Textes simples et profonds, musique qui déroule ses armatures sur la pointe des pieds et cette voix cristalline qui nous emporte dès les premières mesures. Du haut de ses 26 ans, Coline Rio embrasse Barbara et Jewel dans un même élan. Sublime.
6) « Playing Robots into Heaven » de James Blake. Cet artiste british multi-facettes n’en finit plus de nous désarçonner avec sa dernière livraison, exigeante et mentale. Nappes qui se superposent, boucles ad libitum, voix fantômes et effets sonores triturés. James Blake est l’Homme de l’Atlantide coincé dans un aquarium. De la soul aquatique pour seul bain amniotique. Hypnotique.
7) « Guts » d’Olivia Rodrigo. La fille spiritu (t)elle de Britney Spears explose les Stream, les vues et les like avec un deuxième album d’une maturité rare pour une auteure-compositrice-interprète de son âge. Science de la pop-song implacable, voix profonde en lévitation et bilan amoureux malicieux, Miss Rodrigo brûle les cœurs, partage naturellement la scène avec Billy Joel et défonce les charts. Tout d’une grande ? Olivia « new » tonne jeune.
John Book.