Tindersticks – la Nouvelle Vague (St Malo) 17-10-2022

Par une heureuse coïncidence calendaire offerte à mon ami Jean-No pour son anniversaire, Tindersticks est programmé pour une Route du Rock Session en ce lundi 17 octobre. Le rendez-vous était pris depuis quelque temps, les billets aussi, pour rattraper notre acte manqué de février 2020 au TNB de Rennes. Excité comme des adolescents d’à peine 16 ans aux âmes écolo, nous faisons le trajet de Rennes à Saint-Malo dans le monospace de l’ami Bruno en mode covoiturage. En chemin, j’avoue timidement à ma voisine de droite (une fan absolue) que malgré ma grande admiration pour ce groupe, je n’ai jamais vu Tindersticks en concert. Le temps n’étant qu’une succession de croisements hasardeux, je me rassure en me disant intérieurement que j’ai une chance inouïe – que seule une temporalité parfaite pouvait m’offrir – de pouvoir enfin les voir et les photographier dans la même soirée. En deux deux, pied au plancher, nous voilà devant la salle, et après un court moment nous investissons le premier rang de la fosse en attendant fébrilement que la soirée commence.

Sans première partie, les acolytes de Stuart Staples s’installent dans l’obscurité sur la scène de La Nouvelle Vague, ils sont rapidement rejoints par le leader. Chapeau noir (qu’il pourrait avoir emprunté à un pécheur à la truite classe) et ensemble sombre décontracté, simple et sans fard, Stuart entame la soirée par le classique “Willow”. Avec leur musique acoustique élégante et raffinée, les Tindersticks, en formation à six musiciens, enveloppent la salle, presque comble et qui écoute religieusement, d’une atmosphère feutrée. Le chant doux et pourtant puissant du leader prend aux tripes quand il se mélange admirablement avec les notes mélodieuses et suaves. C’est peut-être légèrement trop vaporeux pour atteindre l’intensité que nous espérions avoir d’entrée. La setlist tiendra le même rythme jusqu’à ce que le concert prenne vraiment son envol après l’indémodable et captivant “The Waiting Room”. Alors, les musiciens anglais gonflent leur magnifique son pour remplir la salle du puissant “The Other Side Of The World”. Puis, Stuart offre une interprétation somptueuse sur “You’ll have to scream louder” et apporte encore un supplément d’âme au concert lorsque sous une lumière magique il achève la première partie avec “For The Beauty”.

Après une courte pause, Staples reprend la guitare et entame le très intimiste “Medicine” (prenant ainsi la place de “Tough love” initialement prévu sur la set list), puis le concert devient plus remuant avec “Her”. C’est sous des applaudissements mérités, rommelpot en mains (c’est un petit tambour à friction), et avec une voix tout juste audible, que le leader des Tindersticks nous lance un timide remerciement avant d’enchaîner de manière somptueuse et tout en justesse “Take Care in Your dreams”. Ainsi, s’achève cette belle soirée, tout à fait raccord avec la splendide carrière de ce groupe à part.

 

Photos : Stéphane Perraux, lust4live.fr