The Murder Capital : “Gigi’s Recovery”

The Murder Capital est de retour ! Sortez vos costumes sombres, vos mouchoirs en dentelles et préparez-vous à plonger dans de nouvelles pénombres voluptueuses aux goûts de coups de foudres tenaces ! Depuis leur premier album “When I Have Fears” (2019), les cinq Irlandais étaient très attendus (surtout après leur dernière tournée à guichets fermés), ils ne devaient pas décevoir avec leur nouveau brûlot, “Gigi’s Recovery” produit par John Congleton (St. Vincent, Sharon Van Etten… ). Le groupe emmené par le chanteur James McGovern navigue cette fois dans un post-punk plus monochrome, certes, mais au son pourtant épatant, car fait d’éclats rougissants et de pure poésie funeste. Bref, The Murder Capital approfondit sa palette sonore tout en subtilité.

À la première écoute, je suis submergé d’émotion, tant il s’agit d’un disque tendre et mature. Mais j’avoue qu’il m’a fallu l’écouter trois ou quatre fois, pour en apprécier pleinement la complexité : l’opus est déroutant, intrigant, mélancolique, parfois amer mais finalement luxuriant. Hors du temps et langoureux, “Gigi’s Recovery” joue sur la corde sensible avec des guitares tonitruantes, une batterie frénétique, des échos indie-rock et électro synthétique. C’est un hymne à l’abandon personnel qui prend tout son sens dans le calme d’une ballade amoureuse comme “belonging”, tandis qu’il atteint l’excellence avec le superbe “The lie Becomes the self” et l’énorme “Éthel”.

Ensuite, avec le titre éponyme les perspectives s’ouvrent sous la forme de mélodies qui s’intensifient lentement, m’évoquant Nick Cave ou Leonard Cohen. Autant de pulsations explosives qui me transpercent et qui se transforment de manière captivante sur le final, “Exist”. Est-ce une œuvre capitale des Dublinois ? Je ne pourrais pas le dire, il y a en effet une certaine forme d’âpreté. Mais il s’agit là d’un opus mûr et pétri de sincérité, un disque habillé de noir le jour et de blanc la nuit pour mieux marquer le contraste existentiel qui y règne ! Doute et certitude, n’en sommes-nous pas tous là ?