« The Mandalorian » par Jon Favreau. Dead or Alive.

Après des mois d’attente et de spéculation, voici la série « live » que tous les fans de Star Wars attendaient ! « The Mandalorian » ou les tribulations d’un chasseur de primes après la chute de l’Empire. Qu’on se rassure tout de suite, The Mandalorian, en dépit de son équipage prestigieux, est loin d’atteindre les nuages de Bespin ou la frénésie d’un passage en hyper-espace. Ses épisodes sont inégaux et les histoires exploitées oscillent entre l’anecdotique et le cultissime. La faute à des scénarios privilégiant le morcellement à la continuité, la disgression d’un « Star Trek » à la tension prégnante d’un « Breaking Bad » ou d’un « Peaky Blinders » …
Toutefois, sans tomber dans la comparaison hâtive ou déplacée, cette série réserve de nombreuses surprises et séduit par son ton léger et son format court. A tel point que de nombreux déçus de la nouvelle trilogie se sont ralliés, à nouveau, à « la cause Lucasienne » via les aventures extraordinaires de ce mercenaire hors-pair (et père en or).

Nous sommes en 2017 et Disney annonce une plateforme concurrente à Netflix et Amazon Prime : Disney+.
Dans ses bagages, les catalogues complets de la Fox, la Saga Star Wars, les Héros Marvel et Pixar, rétrospectivement les films n’ayant pas pu bénéficier d’une sortie en salles (« Mulan« , « Soul » et certainement « Black Widow« – ce qui ébranlera considérablement le marché du Cinéma…mais c’est un autre débat) et, bien entendu, les classiques archi-connus.
A l’instar de ses adversaires, cette nouvelle chaîne promet « en plus » des productions originales, dont un projet alléchant : une mini-série Star Wars.
L’action est censée se passer 5 ans après l’ultime annihilation de l’Etoile de la Mort et narrerait les déambulations d’un as de la gâchette louant ses services au plus offrant.Le navire semble beau.

A la barre : Kathleen Kennedy, ex-productrice de Spielberg et actuelle présidente de Lucasfilm. Aux manettes : Jon Favreau, réalisateur comblé et « happy » d’Iron Man. A leurs côtés : des réalisateurs de renom ou en devenir. Au final : un cahier des charges respecté à la lettre.
Ayant bien compris la leçon face au naufrage quasi-annoncé des prémices de « Solo » (une comédie débridée et azimutée par les créateurs de « La grande Aventure Lego« ), l’équipe de direction du Mickey Maousse mise sur un seul genre et s’y tient : le western intergalactique.Ainsi, c’est sur les traces d' »Au nom de la loi » et de grands noms hollywoodiens liés à l’Ouest Sauvage que Din Djarin marche d’un pas assuré et chaloupé. Indiscutablement, notre Mando est un Josh Randall en puissance. Cow-boy taiseux dont l’armure cache une sensibilité à fleur de peau, c’est au contact d’un étrange petit personnage que notre anti-héros se découvrira l’âme d’un protecteur bienveillant. Vous pensez à Baby Cart? Je pense au « Fils du Désert ». Vous songez, au détour d’un plan, à « Alamo » ? Je décèle la fraternité virile d’un « Rio Bravo » Et ce n’est que le début…quitte à confondre hommage et pompage.
Car le réalisateur du « Livre de la Jungle » n’a ni la portée humaniste John Ford ni la noirceur d’un Clint Eastwood. Il s’efforce de délivrer un produit fini et bien ficelé, agrémenté de nombreux cliffhangers, sans insuffler à son « bébé » le moindre vibrato. La moindre liberté.Certes, le bestiaire est bien présent et les codes respectés. Point de Princesse en mode Mary Poppins ou de Luke en Ermite la grenouille.
Et c’est tant mieux.

Kathleen Kennedy, Reine Mère en puissance, ne tolère, apparemment, plus aucun pas de côté.Mais, pour un vieil admirateur comme moi, cette production corsetée manque souvent d’originalité.La structure de « The Mandalorian » ne tiendrait qu’à des bouts de ficelles scénaristiques usées jusqu’à la corde ? Des enjeux dramatiques basés sur des chantages à gogo ? Si tu veux la carte qui te mènera jusqu’à Machin, tu dois délivrer Bidule ? Mais, attention, Bidule veut un truc.C’est un peu le cas.
Bon nombre me répondront que le Père George n’a jamais brillé pour ses scripts : l’histoire d’un jeune fermier promis à un destin hors du commun qui, par le plus grand des hasards, trouvera un droïde (D2 R2 avait une chance sur un million d’atterrir sur Tatooine, le choix des planètes étant laaaarge, et dans la même région où demeure Luke Skywalker) le menant droit au meilleur ami de son père, c’est un peu léger…, non ?A moins que le compagnon de route de C-3PO ait choisi sciemment cette destination ?
Un wookie passe.

Soit. Faisons fi de la narration.La réalisation ? De facture classique, en dépit d’un budget confortable et de l’utilisation judicieuse d’un superbe cinémascope.
Ainsi Robert Rodriguez dégaine again les guns, Bryce Dallas Howard (la fille de…) opte pour le pamphlet féministe et Dave Filoni transpose-avec panache- son univers dessiné et survitaminé en prises de vues réelles dans un seul et même but : le divertissement policé.
Question à l’adresse de Mme Minnie Ambition :
A quoi bon miser sur une brochette de movie-makers hétéroclites quand chacun joue la même partition ?C’est du bel ouvrage mais sans la noirceur d’un Irvin Kershner ou la maîtrise fiévreuse d’un J.J. Abrams, à quoi bon ?
Soit. Faisons fi de la réalisation.
Le décorum ?
Impeccable.

Ce mélange d’high-tech et de déliquescence entraperçu dans l’épisode 7 est parfaitement annoncé.
C’est à la fois la grande force de la major aux grandes oreilles et aussi sa grande faiblesse. Flatter la « fan-base » à grand renfort de souvenirs, s’offrir les talents d’un réalisateur de renom ET conforter le public familial.Mais la réussite de « The Mandalorian » se situe ailleurs.
Cette nouvelle franchise doit son engouement à une distribution d’exception, des effets spéciaux « old school« , un suspens savamment dosé et le retour de figures emblématiques.

ATTENTION. SPOIL ALERT.

Source d’inspiration principale pour ces deux saisons ? « Rogue One » ! Pedro Pascal a de faux airs de Diego Luna, Carl Weathers possède la force tranquille d’un Donnie Yen et Temuera Morrison fait un come-back fracassant- digne de Dark Vador dans le spin-off précité- dans la peau de son alter-ego.(Il est à noter que cette apparition n’est, en rien, fortuite, mais publiée dès 1992 dans la suite de romans inspirée de l’univers de « La Guerre des Etoiles »…tout comme la résurrection de Palpatine !)
Rosario Dawson est l’incarnation idéale d’une Ahsoka Tano tant fantasmée, Giancarlo Esposito enterre Darth Maul en quelques lignes de dialogue, Michael Biehn  ravit l’âme de tous les cinéphages… et Le Retour d’un Jedi (numérisé et âgé d’une trentaine d’années !) clôt une seconde saison riche en événements marquants.Enfin, que dire de cette vignette post-générique annonçant un « Book of Bobba Fett » d’envergure ?
J’abdique et avoue un manque cruel d’objectivité tant cette déferlante de grands bonheurs enterre toute critique potentielle et/ou finale de ma part.

Une série centrée sur le personnage d’Obi-Wan Kenobi– avec le talentueux Ewan McGregor et le trop vite oublié Hayden Christensen– est actuellement en cours de tournage.
Prions pour que ce duo de choc nous envoie une bonne paire de gifle pour coup de semonce !
Pour ma part ?
Ce sera une mandale…ou rien.
John Book.