THE FAITH TONES, QUAND LA RUMEUR PERSISTE

Il est clair qu’ici nous nous insurgeons vigoureusement contre les blagues capillaires et que nous sommes encore plus vindicatifs lorsqu’il s’agit de s’attaquer au physique.

Ceci étant la règle générale, inscrite dans la charte rédactionnelle, il y a, comme en grammaire, des exceptions.

Et puis, vous l’aurez compris, ce dossier, proposé avec malice par le rédac’chef goguenard, a quand même été créé pour se moquer. Un peu, beaucoup, passionnément, etc.

Je compris au début qu’il s’agissait d’écrire une chronique sur The Fleshtones, ce groupe de fêtards new-yorkais qui sévit dans le rock garage et la marrade depuis 42 ans maintenant (le groupe se forma en 1976).

A y regarder de plus près, je m’aperçus de ma totale méprise : il s’agissait en fait de The Faith Tones, un trio chantant du southern gospel, très éloigné du caractère enjoué de Pete Zaremba et sa bande de joyeux drilles. Ma déficience auditive naissante m’avait sournoisement trahi !

N’y allons pas par quatre chemins : nos trois nymphettes originaires de Caroline du Nord – Beverly Beecham, Vivian Wyler et Marie Samuels -, malgré des heures de maquillage que l’on imagine fastidieuses, n’avaient pas le physique aussi facile et avenant que les ‘’Drôles de Dames’’ – Farah Fawcett-Majors, Jaclyn Smith et Kate Jackson -, qui firent fantasmer l’adolescent pré-pubère que j’étais à l’orée des années 80.

Une expression qui, comme le mentionne fort justement Yves-André Samère dans un article paru le 13 janvier 2012, n’existe pas puisqu’un ado ‘’est évidemment quelqu’un qui est DÉJÀ pubère !’’, précisant avec à-propos ‘’qu’on a (donc) autant de chances de dénicher un ado pré-pubère qu’un sarkozyste cultivé’’.

Ne rechignons pas à nous gausser des prouesses capillaires du trio de laidrons The Faith Tones. La pochette de leur unique album (Dieu soit loué !), ‘’Jesus Use Me’’, est l’illustration pathétique des ravages que provoqua la mise sur le marché d’un shampooing à base de levure dès le début des 60s. Un des plus gros scandales de l’époque avec les déhanchements lascifs et outrageusement sexuels d’Elvis Presley  !

Mais redevenons sérieux. Même si cela n’est pas simple je le concède.

Le trio a enregistré le tubesque titre gospel éponyme ‘’Jesus Use Me’’ (sorti en 1964 sur le label Angelus Records), écrit par Jack et Billy Campbell, qui s’y sont quand même mis à deux pour commettre cette purge, qui ne s’écoute plus guère que pendant les offices de la chapelle du Carmel à Fontainebleau ou dans les églises des diocèses adeptes du thomisme (vous irez chercher par vous-mêmes la signification, on ne peut quand même pas tout le temps vous mâcher le boulot liturgique  !).

De là à dire que la chanson est un sacerdoce à écouter, il n’y a qu’un pas, que nous franchirons allègrement.

L’histoire ne retiendra pas non plus leurs deux autres plus fameux singles – ‘’I left My Load at Calvary’’ et ‘’Gladly the Cross-Eyed Bear’’ -, chantés avec conviction par nos trois donzelles qui, aux dires de leurs proches, n’ont jamais été folles de la messe.

Le trio aura néanmoins apporté, grâce à des morceaux aujourd’hui oubliés fort heureusement, une créativité pastorale qui tend à disparaître de nos jours, tout autant que la banquise ou le beurre à la baratte artisanal (ne cherchez pas le rapport entre les deux, il n’y en a pas).

Le plus étonnant dans tout cela, c’est que les Faith Tones font l’objet d’une rumeur persistante. Ont-elles véritablement existé ? Rien n’est moins sûr.

Certains prétendent que ‘’Jesus Use Me’’ a bel et bien existé puisqu’ils en possèdent un exemplaire patiné dans leur vinylothèque. D’aucuns affirment avoir vu l’album mis à prix 17$ sur e-bay .

Et puis après tout, ‘’Jesus Use Me’’,  »It’s Different Now »et « God Bless America’’ sont bien présents sur YouTube avec une photo de la couverture de l’album mais… ne serait-ce pas l’œuvre d’un faussaire facétieux ?

Un dénommé Buck est allé jusqu’à publier le 14 septembre 2012 une bio bidon, tellement détaillée qu’on y croirait presque. A lire ICI. :

D’autres au contraire soutiennent mordicus que l’album n’est qu’un fake, à l’image du réchauffement climatique pour Donald Trump et Claude Allègre.

Alors on nous aurait mytho sur ce coup-là ?

Il y a tout lieu de le croire puisque le groupe serait en vérité un girl-group de rock chrétien canadien, The Gal Tones !

Plus de 50 ans après la sortie de ‘’Jesus Use Me’’, la rumeur court toujours, aussi prégnante qu’un remaniement ministériel au sein du gouvernement Macron et hypothétique que la relation sexuelle qu’auraient eue Mick Jagger et Sœur Emmanuelle dans les toilettes du Palace lors d’une soirée déguisée le 14 décembre 1979.

Alechinsky