“Terminator Dark Fate”. Rage against the machine…

Hollywood n’en finit plus de balbutier. Quelques semaines après le retour discret de John Rambo et quelques années avant le reboot annoncé de “Jack Burton dans les griffes du Mandarin”, les années 80 nous font de l’œil et nous délivrent un sixième épisode du plus célèbre des cyborgs tueurs. Faisant fi des épisodes 3, 4 et surtout de la débâcle du 5 – en roue libre et totalement hors-sujet- la Twenty Century Fox retrousse ses manches, sort les biceps et s’applique à restituer une recette, à présent, éprouvée : un retour aux sources digne de l’épisode emblématique de la franchise ( à savoir « Terminator  2 ») ! Come-back du “duo infernal” Linda Hamiton et Arnold Schwarzenneger, James Cameron à la production et-cerise sur le pancake-le réalisateur de « Deadpool » aux manettes. Foule en liesse, amas de liasses… les fans s’excitent sur le web dans l’espoir d’un épisode tout neuf qui creuserait un peu plus profondément dans les inexactitudes d’une faille spatio-temporelle.

On ne va pas se mentir, le film fait « machine arrière » dans tous les sens du terme.

Nous reconnaissons immédiatement le style « sanguin » mais pas « sans guns » de Tim Miller dont la réalisation privilégie les scènes d’actions lisibles ( appréciées par votre serviteur) et les ambiances sombres mais non dénuées de chaleur.

Combats survitaminés, chocs frontaux et tôles froissées. Attitude bad-ass et robots kamikazes. Soit.
Mais, disons-le tout net, « Dark Fate », ce n’est vraiment pas la fête.

A aucun moment, ce « nouveau » récit ne semble prendre le moindre risque pour nous coller sur notre fauteuil. Ou éclairer d’un jour nouveau les origines d’une apocalypse annoncée.

« Terminator 3 » tentait un twist final surprenant? « Terminator  Renaissance » flirtait avec des réminiscences « madmaxiennes » inédites?

Ici, tout sent le renfermé et le cambouis.

Une désagréable impression de « redite » et de « déjà-vu » nous envahit dès les premières minutes et les incohérences scénaristiques nous font rire nerveusement, tant l’indigence de certaines scènes ( Tonton Schwarzy et son nouveau départ, les apparitions surprises de Sarah Connor, le choix du Rev-9 envoyé dans le futur totalement stupide et anachronique, vu les précédents modèles autrement plus efficaces, la chute d’un avion cargo et des protagonistes en lévitation rappelant « La Momie » ou « Inception », un final attendu mais loin d’être tendu, etc…) frôle le ridicule.

“Mes circuits sont niqués

Puis y’a un truc qui fait masse

Courant peut plus passer

Non mais t’as vu c’qui passe?”

Au détour d’une discussion en Gare Montparnasse, mon frère m’avoua très justement son dépit et me fit part de sa théorie sur le « Syndrome Star Wars 7 » qui sévit outre-atlantique. A savoir un film « passe partout » dont le casting flatte notre nostalgie mais dont la substance première ( l’enjeu narratif) se substitue à un ectoplasme. Ainsi, nous, enfants des golden eighties et parents versés sur le passéisme et le regret d’un temps fantasmé où les blockbusters rivalisaient d’ingéniosité, sommes les premières proies de ces machines de guerre. Et ses victimes consentantes.

« Reine des Neiges 2 », « Star Wars 9 », « Fast & Furious 9 », « Sonic », rien ne semble arrêter l’industrie du divertissement dans ses hoquets et son appât du gain. Au risque d’une saturation ? Hollywood burns.

Je retiendrai, donc, entre deux bâillements, la très belle performance d’actrice de Mackenzie Davis, une critique sans surprise de notre société ultra-connectée et auto-centrée… et une charge un tantinet démagogique du gouvernement Trump, l’intrigue se situant (tout comme « Rambo Last Blood !) à la frontière mexicaine…je vous laisse imaginer la suite?

Sentence et Jugement dernier :
“A l’avenir laisse venir
Laisse le vent du soir décider
A l’avenir
Laisse venir
Laisse venir
L’imprudence”

John Book.