Sylvie Kreusch illumine la scène belge

Artiste belge en pleine ascension, Sylvie Kreusch était vendredi 11 juillet sous le chapiteau du festival “Chauffer Dans La Noirceur” pour présenter “Comic Trip”, un nouvel album d’une rare qualité. L’occasion d’en savoir plus sur cette prétendante à une place de choix au sein de la scène belge, Sylvie Kreusch.

Installée près de Gand, en Belgique, mais originaire d’Anvers, Sylvie Kreusch nous accueille dans sa loge, en extérieur. Elle apprécie vivre en pleine nature et est visiblement sous le charme du site. Longtemps indépendante, elle a signé avec Sony son nouvel album, sorti l’an passé. C’est donc deuxième en solo, après une expérience réussie avec Warhaus, le groupe formé par le leader du groupe Balthazar, Maarten Devoldere. Logiquement membre à part entière de l’excellente scène belge, dont la diversité n’est plus à démontrer, elle se sent inspirée par la communauté d’artistes avec qui elle travaille parfois.  « En Belgique, nous n’avons pas uniquement un seul son. Et beaucoup de bons groupes sont bien connus à l’étranger. »

Petite face au miroir.

Très inspirée par la scène locale, elle revendique un désir de monter sur scène très ancien.  « J’ai voulu être sur scène depuis que j’étais si petite. Je me souviens que j’avais des vidéos de moi-même en face d’un miroir à 3 ans. Bien avant que je ne découvre les groupes belges. Au début, tu es jeune et tu veux juste être une star musicale, peut-être. Tu vois des gens chanter des films ou tu veux juste être sur scène. Mais tu n’as pas trouvé ton son.  En fait, j’ai dû trouver mon propre chemin car je ne viens pas d’une famille de musiciens. »

Du swing avant tout.

Visiblement, la jeune femme l’a trouvé, son style. Il est à son image, en perpétuelle évolution. Pour preuve, ce nouvel album à la fois swing et résolu.  « Ça change toujours un peu, mais mon dernier album est très énergétique. Toujours cinématique. Tu peux danser sur ça, mais pas d’une manière électronique. C’est très chaud, avec les percussions Voodoo. »  Et surtout des mélodies entêtantes, à l’image des deux premiers titres de l’opus, “Sweet love” et “Ding dong”. Ses inspirations en provenance de percussions vaudou et africaines visent à installer une ambiance où les gens peuvent danser et entrer en transe d’une manière très joyeuse.

De David Lynch à Roman Polanski

Côté influences, Sylvie avoue une passion pour les films de David Lynch mais aussi pour Roman Polanski. “Lunes de fiel” (Bitter Moon) est son film préféré. « Je suis fan du film, mais pas de lui en tant que personne. C’est très important de dissocier. Ce n’est pas parce que cette personne a fait quelque chose de mauvais que nous ne pouvons plus regarder ses films ou écouter sa musique. Si nous avons apprécié un film, et ce n’est pas seulement à cause du réalisateur. Il y a aussi les acteurs. La musique est géniale. Tout cela, ce n’est pas seulement lui. Il y a un groupe de gens talentueux qui ont contribué au film. J’ai l’impression qu’ils ne devraient pas être punis aussi. Mais c’est compliqué. »

Inspirée par elle-même

Sur scène, elle admire, voire s’inspire de PJ Harvey, St. Vincent, Nina Simone et Lana Del Rey. Mais au-delà de ces figures de proues, elle délivre une musique très personnelle et n’écrit jamais une chanson qui ne soit pas à propos de sa vie ou de ses expériences, y compris ses traumas. Pour elle, l’écriture est une forme d’exutoire, une thérapie. Résultat, elle crée d’abord pour elle-même.  « Ma musique est très personnelle. Je ne vais jamais écrire une chanson qui n’est pas à propos de moi, qui n’est pas à propos de ma vie ou de quelque chose qui s’est passé dans celle-ci. Écrire une chanson, c’est toujours très difficile de comprendre ou d’avoir une idée, c’est juste de la pure chance. »

L’urgence des choses nouvelles

Difficile pour elle d’imaginer avoir écrit tout un album.  « Cela me rend fière, mais d’un autre côté, tu as aussi l’urgence de faire des choses nouvelles. Ça prend du temps pour terminer un album, et une fois qu’il est sorti dans le monde, tu es déjà dans un autre endroit.  Après, quand tu commences à écrire quelque chose de nouveau, c’est toujours très ardu de reprendre le processus. »

Elle se rêve à la ferme.

Aujourd’hui, elle rêve de vivre dans une ferme avec des animaux et deux ou trois enfants mais elle veut aussi voyager, se produire de manière confortable avec son groupe complet malgré les contraintes budgétaires actuelles. Elle souhaite aussi collaborer avec d’autres artistes pour sortir de sa zone de confort et assure préférer « aller avec le flow » plutôt que de fixer des objectifs trop rigides, craignant la déception et voulant préserver sa créativité.

Libre sur scène

En attendant, elle défend son album sur scène, à Werchter devant 50 000 personnes début juillet mais aussi à Chauffer dans le Noirceur ou même en ouverture de la journée rock de Rock en Seine fin août avec toujours la même grâce et la même facilité à enflammer son public. Cela fait de Sylvie Kreusch sur scène une expérience rare.  « Je ne pense pas à ça quand je suis à la maison, la semaine précédente, mais la journée précédente, c’était… C’est pas que je me sens excitée de le faire, mais une fois que tu es sur scène, c’est comme… Tu te sens libre et soudain tu réalises que tu as vraiment besoin de faire ça. C’est un autre genre de maison. C’est un endroit où tu peux être ce que tu veux être. Il n’y a pas de haine. Les gens ne vont pas te juger. C’est quelque chose qui me manque parfois quand je suis dans la vie. »

Album Sylvie Kreusch – Comic Trip Deluxe, disponible depuis le 24 octobre 2025.