Un murmure aquatique, une onde qui glisse et s’étire. “L’homme à la rivière” s’installe dans une lente respiration en apnée entre deux rives intemporelles : celle de Nick Drake, poète folk de l’intime, et celle de Frànçois & The Atlas Mountains, artisan des métissages sonores et des relectures lumineuses.
Reprendre “River Man” en français, c’est un geste de transmutation poétique, une filiation. Le flot anglais devient une source francophone, claire, fluide, parcourue de reflets diamants, nouveaux. La guitare et les textures électroniques ouvrent un lit harmonique où viennent se déposer des voix comme des galets polis par le temps.
Puis surgit la présence de Yasmine Hamdan, compositrice et interprète libanaise. Sa voix sensuelle serpente, se faufile, caresse et porte des arabesques langoureuses, tantôt brumeuse, tantôt braise, installant un ailleurs oriental qui élargit encore la beauté délicate et mystérieuse du morceau.
On songe aux collages impressionnistes de Robert Wyatt, aux mélodies évasives de Sufjan Stevens, mais aussi à cette tradition des voyageurs sonores contemplatifs et secrets qui ne craignent pas les résonances entre continents.
Le duo prête des mots d’aujourd’hui à cet Homme de la Rivière avec une nouvelle dimension de liberté, de solidarité, d’exploration intérieure où le mystère résiste au temps. Comme si la chanson refusait de s’épuiser dans une seule lecture linéaire. Le personnage se dérobe ainsi pour mieux renaître dans un autre songe.
C’est une chanson qui nous questionne : et toi, de quel côté du rêve te situes-tu ?
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Photo de couv. Danny Nguyen