Le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme organise du 15 octobre 2020 au 28 février la première exposition Pierre Dac, Du côté d’ailleurs. Des centaines de documents d’archives familiales et des extraits d’émissions télévisées, radiophoniques sont présentés pour mettre à l’honneur Pierre Dac (1893-1975). Entre les années 20 et les années 1970, Pierre Dac a animé la vie humoristique française et c’est ce que le MahJ nous propose de découvrir à travers cette exposition.
Roi de l’absurde, Pierre Dac (né André Isaac) se destinait à devenir violoniste mais blessé au bras pendant la première guerre mondiale il se tourna vers l’humour et ses déclinaisons. C’est dans les tranchées qu’il écrivit ses premiers textes qu’il fera vivre dans des cabarets parisiens d’après guerre. Son père boucher lui apprit des expressions du ‘’louchébem’’ ou argot des bouchers d’où il tire le mot »loufoque » ou fou, et il s’auto-proclama roi des loufoques, du comique de l’absurde . Il créa la Société des Loufoques à la radio et L’Os à Moëlle (1938, avec un tirage de 400000 exemplaires), le journal officiel et hebdomadaire des loufoques.
Il quitta Paris pour Londres en 1930 suite à des menaces après des railleries contre Hitler et Mussoliini. En figure de la Résistance engagée de la seconde guerre mondiale, contre l’Occupation de la France par l’Allemagne, il est l’auteur de grandes interventions à la radio de Londres sur la BBC dans »Les français parlent aux français ».
Artiviste, il s’armait d’un humour désarmant et désopilant : « L’humour permet de tenir le coup dans les situations les plus tragiques et dramatiques ». Son comique burlesque a inspiré beaucoup d’humoristes français. et continue de susciter l’intérêt.
L’exposition donne à voir le portrait d’un virtuose des mots, engagé contre l’anti-sémitisme, un génie des jeux de mots, phrases alambiquées, adepte du jeu d’idées. Il ne se moquait néanmoins ni des gens, ni du gouvernement, et aimait cultiver l’humour de l’absurde pour faire rire « ceux qui ne savent rien, en savent pour le moins autant que ceux qui n’en ne savent pas plus qu’eux »
Plus tard dans les années 1960, il crée une des premières séries radiophonique intitulée Signé Furax de science-fiction, poésie et absurde.
Il était « contre tout ce qui est pour et pour tout ce qui est contre’’ et était pour un seul parti, « le parti d’en rire ». Il se présente à l’élection présidentielle française en 1965 : » Les temps sont durs, votez M.O.U Mouvement Ondulatoire Unifié » (slogan de sa candidature). Une campagne inédite à en faire pâlir de rire un Donald Trump ou un Joe Biden s’évertuant à vouloir le pouvoir d’en rire !
Dans cette crise sanitaire, une autre de ses inventions, fruit de sa créativité prolifque, son ‘’biglotron’’ (1965) serait peut-être à même de vaincre la covid 19 !
Dans sa prolifique oeuvre, que l’on peux trouver en partie dans l’ouvrage Pensées éternelles (Cherche Midi) par exemple, il tourna en dérision le quotidien de notre société tout en restant simple et discret jusqu’à la fin :
« N’oublions pas que « l’Homme a son avenir devant lui et chaque fois qu’il se retournera il l’aura dans le dos ».
Un catalogue d’exposition est disponible aux éditions Gallimard. Une belle idée de sortie post-confinement 2 dès que possible !
Pierre Dac. Du côté d’ailleurs, Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, jusqu’au 28 février 2021.
Van Memento Maury