[Interview] Resto Basket – “Le Seum” 

Resto Basket voit le monde sous un angle un peu différent de celui de ses pairs d’inspiration Punk-Ska. Ils brandissent un esprit aiguisé, un bon sens de la dérision, tout en soulignant avec force et ténacité un propos plein de vigueur. C’est sûrement ce qui fait de ce quintette isérois de véritables petits démons bondissants. Plus rapide que Flash, Resto Basket, c’est un groupe d’amis pas très sages qui font ce qu’ils aiment, à la sauce Ludwig von 88, en restant pertinents. Pas facile à une époque où la culture est devenue de plus en plus jetable. Mais malgré le chant des sirènes qui pouvait les faire chuter dans un punk pathos, ils arrivent à y mettre du cœur et de la chaleur. La preuve avec leur EP, 7 titres, “Le Seum”, dans les bacs le 28 juin. Entre humeur grinçante, humour cinglant et revendications féroces, Resto Basket, souffle un séduisant vent de fraîcheur et une furieuse envie de foutre le bordel dans un monde complètement déboussolé.
Hugo Astorga (guitariste) et Sylvère Bourjaillat (chanteur) répondent à mes questions.  

 

Pouvez-vous revenir sur l’origine de Resto Basket ? 
Sylvère : Resto Basket, c’est 5 individus qui se connaissent depuis minimum 10 ans maintenant. On est passés par toutes les étapes des groupes, de la chambre aux reprises et même aux fêtes des voisins. En 2017, on décide de sauter le pas en se donnant le nom de « Resto Basket ». En février 2018, on donne notre premier concert avec uniquement nos propres morceaux. A ce moment-là, on a 18 ans et on découvre tout l’univers punk-rock qui nous fascine complètement. 

Pourquoi ce nom ? Pour vous, partir sans payer la note c’est un sport olympique ? 
Hugo : C’est une discipline comme une autre et on ne dira pas si on excelle en la matière ! Cependant, on peut tout de même souligner que le nom caractérise bien l’esprit du groupe : un refus du standard, une démarche contestataire avec juste le bon seuil d’insolence. 

Sylvère : Ça nous faisait bien rire parce que c’est impertinent, et voilà. On était quand même des ados plutôt gentils donc ça nous va bien. 


Vous allez sortir votre 1er Ep “Le seum” le 28 juin prochain. Quel était le fil conducteur qui a guidé celui-ci ? Sylvère : Le seum, c’est une toile de fond. Nos titres ne sont pas déprimants mais quand on relève la tête du manche de la guitare, on prend conscience que le paysage autour de nous se dégrade de jour en jour.  Politique, environnement, c’est la désillusion totale et on en parle, on essaie de mettre tout ça en mouvement. 

Hugo : On s’est aussi rendu compte qu’on était plus du tout à jour avec nos premiers disques en matière de production. Le seum, c’est la mise à plat de ce qu’est Resto Basket en 2024. La qualité de production ainsi que les moyens mobilisés sont bien supérieurs et ce qu’on aborde est bien plus adulte. Il est à la fois de meilleure qualité et plus sombre.

Cet Ep vous a-t-il permis de construire de façon plus affirmée votre univers musical ?
Sylvère : Certainement. Mais on retrouve également les principaux éléments présents dès le début de nos aventures musicales : le chant en français comme les influences punk-rock, ska et rock au sens large. 

Hugo : On a ouvert des portes. Le genre du groupe n’est pas quelque chose de figé, on essaiera toujours des choses.

Le disque nous permet en quelque sorte de fixer dans le temps ce qu’on aime faire à l’instant T. Je ne sais pas si un jour on pourra qualifier ou mettre des mots sur ce qu’est « l’univers musical de Resto Basket » mais ce que je sais, c’est que cet EP représente ce qu’est Resto Basket aujourd’hui, et pourvu que cette quête ne s’arrête jamais. 

Comment s’est passé l’enregistrement et avec qui avez-vous travaillé pour l’enregistrer ? 
Hugo : Pour cet EP, on est allé voir Christophe Arnaud au Warmaudio à Décines-Charpieu (69) sur deux semaines fin décembre 2023. 

Le rythme était soutenu mais on s’était bien préparés pour éviter les mauvaises surprises. En effet, on avait installé notre studio nomade pendant une semaine dans la Drôme pour peaufiner nos pré-prods et orienter un peu nos choix de production, tout en restant en contact avec Kris avant d’aller chez lui pour enregistrer ce qui sera notre produit fini. L’enregistrement s’est donc très bien déroulé.

Kris a été d’une aide précieuse quand on avait du mal à prendre des décisions et nous a guidés tout le long du voyage jusqu’au mixage final, qu’on lui a confié. 

Sylvère :Kris a réalisé des albums pour des groupes qu’on adore, comme les Uncommomenfrommars ou Not Scientists. On avait d’entrée de jeu une affinité sur le style, et il a une expérience incroyable donc on a envoyé et on est très contents du résultat ! 


Il y a un beau renouveau dans la scène rock française actuellement. Qui sont les artistes de la scène actuelle qui vous influencent le plus ? 
Sylvère : Pour ce qui est du punk-rock le plus proche de nous, on kiffe ce qui sort du côté de  Poésie Zéro, de Krav Boca, de Trholz ou encore de Mégadef.  Et si on élargit un peu, Johhnie Carwash ou  Pogo Car Crash Control sont des groupes qui font vachement de bien en ce moment ! 

Hugo : Ce n’est pas forcément évident à voir quand tu évolues au milieu de tout ça mais on se pose souvent la question : « où sont nos semblables dans ce registre ? ». Avec un peu de recul, on est conscients qu’on est un peu en bout de file. On suit de près le groupe de ska-punk grenoblois « Pelle » qu’on a rencontré sur un concert. Ils avancent très vite et on a hâte de rejouer avec eux. On pense aussi à « Pondérale », un groupe naissant à Clermont-Ferrand avec une bonne énergie, qui ressemble très fort à ce qu’on faisait il y a quelques années.  


Dans vos chansons il y a un côté énergique et festif mais aussi des propos qui donnent de la profondeur à votre musique. Que cherchez-vous à transmettre le plus dans vos chansons ? 
Sylvère : Comme tu le dis, il y a un aspect hyper important autour de l’énergie et de la spontanéité. C’est quelque chose de vital parce que le punk-rock ça reste une musique qui se vit en live ! 

Ensuite, évidemment ça se joue au niveau des textes. On va exploiter des thématiques qui peuvent être personnelles, biographiques, environnementales ou encore sociales. Mais une chanson, c’est 3 minutes et 200 mots donc c’est peu. Alors, j’encouragerai tout le monde à poursuivre la réflexion entre elleux et à nous en parler quand on se croisera sur les concerts ! Le seum, c’est un EP un peu nostalgique et énervé, dans lequel, on l’espère, des gens peuvent se reconnaître et se sentir moins seuls avec toutes ces émotions. 


A quelques jours de la sortie de votre EP, quel est votre état d’esprit ? 
Hugo : L’impatience atteint son paroxysme, on a hâte qu’il sorte dans la nature. On a travaillé dur pour avoir le meilleur résultat possible, la sortie sera une libération et une grosse fête. 

Sylvère : Ouais on est vraiment très reconnaissants de l’accueil qu’ont déjà reçu les extraits et on espère que la dynamique va se poursuivre et s’élargir encore ! 

On est heureux de proposer ce disque parce que c’est une belle étape pour nous qui espérons passer un tournant professionnel dans les mois à venir. 

On a aussi une belle tournée qui se profile, à retrouver sur nos réseaux, parce que l’important maintenant c’est de rencontrer le public et propager le son !

 


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Photo de couv. ©Lucas Relachon