Puutarha

« Un mot engendre un mot, une étincelle embrase la terre. »

Proverbe Finlandais

Avoir un jardin est une chose importante qui devrait être un droit pour chacun d’entre nous. En effet il permet de prendre du temps pour soi-même et d’en avoir pour les autres. Ici les autres, peuvent être nos proches mais aussi les habitants des jardins : animaux, insectes et enfin la nature qui compose ce lieu. Dans nos habitations urbaines, le jardin fait plus volontiers référence aux jardins intimes que nous entretenons avec nous mêmes et nos rêves ou cauchemars. De temps en temps d’autres personnes – des jardiniers de l’esprit ou des artistes, s’occupent de nous proposer un autre type d’espace. Celui-ci est suspendu à d’autres réalités.

Hanging Garden, se positionne comme un nouveau gardien de ces espaces.

* Puutarha signifie jardin en Finlandais.

Souffle nouveau

The Garden – Agonia Records – 2023.

Depuis 2004, Hanging Garden propose un Métal / Doom atmosphérique respirant l’intelligence et la véracité des émotions. Après plusieurs années passés chez LifeForce, ils intègrent l’écurie d’Agonia Records en 2022,  bénéficiant ainsi d’une plus grande diffusion à l’échelle européenne et bien évidement mondiale.

Groupe complexe, ils sont 7 avec un et une chanteuse :  Mikko Kolari à la guitare , Nino Hynninen – au keyboards,  Jussi Hämäläinen – seconde guitare, Toni Hatakka – au chant ( growl) , Antti Ruokola – à la batterie, Jussi Kirves – à la basse et enfin depuis 2019 – Riikka Hatakka – au chant ).

11 nouveaux titres composent le nouvel album. A la manière d’un livre avec des chapitres différents mais qui font sens à travers chaque titres. Toujours à la recherche de mélodie donnant la possibilité de pouvoir offrir un dialogue entre les deux voix du groupe : Toni pour les growl et autres vocaux death et Riikka pour les voix plus douce. La symbiose fonctionne de manière magistrale encore une fois pour notre plus grand plaisir. Pour The Garden, le groupe bénéficie d’une très belle production. Il est agréable de voir l’évolution depuis leurs premier album  » Inherit The Eden «  en 2007, les différents albums et de reconnaître toujours le fil conducteur et la pâte des musiciens depuis presque 20 ans. Hanging garden, fait partie des groupes  qui s’offrent le luxe de créer entre deux albums. Ep et live sessions rythment leurs vie artistique et le groupe devient ainsi terriblement crédible aux yeux du publics.

Tracks list :

1. The Garden
2. The Four Winds
3. The Construct
4. The Song of Spring
5. The Fire at First Dawn
6. The Nightfall
7. The Stolen Fire
8. The Journey
9. The Derelict Bay
10. The Fireside
11. The Resolute

Le groupe Hanging Garden en 2023.

Tout est question de souffle dans l’album. Chaque morceaux appel une réponse musicale, soit par les différents instruments. Soit par les différentes sonorités ( harmonie ) ou les atmosphères qui sont présent. Comme par exemple : bruit des vagues, oiseaux (mouettes et rapaces) et au final cela créer un ensemble qui s’apprécie sur la durée du titre même ou bien dans l’intégralité du disque.  Une mention spéciale pour « The Nightfall » qui respire la moiteur des émotions noir et qui renoue avec leurs premiers amours « death/doom ». Et pour conclure le titre « The Fireside » qui à lui seul justifie l’acquisition de l’album.

La pochette est une très belle peinture de Kalle Pyyhtinen. Qui à déjà réalisé plusieurs « cover »  depuis  » At every door »,  notamment sur le précédent EP « Neither Moth Nor Rust » et sur les albums  » I am Become » et « Into That Good Night ».

Cette fois-ci  l’on retrouve l’ombre d’une silhouette humaine, orné d’une couronne qui doit être le soleil. Et aussi une éclipse de lune à la place du cœur. La tristesse et la mélancolie y sont à leurs place de prédilection. La nature et le corps humain est bien au centre de l’œuvre et c’est ce qui fait que ce groupe est important à mes yeux.

Bref, un très bel album, qui inaugure encore de belles choses pour le groupe dans les prochaines années.

 

Un monde sans fin

Loin des clichés qui composent la majorité des groupes de métal issus de la scène Nordique, Hanging Garden se positionne comme le groupe qui prends soin d’eux et des autres. Les textes traduisent les émotions lié aux paysages – source d’inspiration du groupe – de leurs environnement le plus proche. Une sensibilité à toutes les choses du quotidien, comme par exemple, un simple bol en bois. La nature,  quelques pierres, le froid et son compagnon la glace. Et bien évidement le corps humain.

Cette sensibilité se traduit par une collaboration avec tous les formes d’expression artistique : la photographie, la peinture – avec les pochettes des derniers albums. Mais aussi avec la dance. Source d’inspiration et d’expression gestuelle utilisé dans le clip du morceau Field of Reeds avec la participation du danseur Arttu Peltoniemi.

Hanging garden respire la sincérité, que nous pouvons retrouver dans les séances Balck Wood Sessions, en prise direct. Je vous encourage à visionner tous les clips que le groupe à fait depuis plus de dix ans. Certains d’entre eux ne démériteraient pas dans un festival de courts métrages. En particulier celui-ci : At every door.

La distance et le travail graphique est à l’image du renouveau des groupes de métal dans les pays du nord. Exit les monstres, trolls, gobelins, chevaliers pourfendeurs de dragons comme Grendel et autres hordes de Vikings réduisant les paysages à des steppes sans avenir. La violence et les belles choses, sont ici muettes et présentes dans le premier cercle de nos vies : famille, ami-e-s, proches et bien évidemment notre environnement.

Cette prise de distance, non pas sur l’affirmation des émotions, mais sur la démonstration est compréhensible par l’histoire et la culture des pays du nord. La religion joue aussi un grand rôle, n’oublions pas que la majorité des pays sont de confession Luthérienne. Même si depuis quelques années, nous pouvons constater l’apparition du Paganisme et néo-paganisme. Ces deux mouvements  sont d’ailleurs assez présents dans le milieu de la musique en générale. Ces croyances et pratiques sont souvent présentées et interprétées, par pratiquants ou participants, comme un retour aux racines, en dehors de toute appartenance à une association néo-païenne, et sans nationalisme culturel.

Le rapport à l’image est souvent traité de la même manière simple et efficace et sur n’importe qu’elle supports ou la technique : peinture, cinéma et musique. Ce que nos cultures latines peuvent considérer comme étant froide, sans exubérance ou dans le pire des cas, sans intérêt. Traduit en réalité, ici, une prise de distance et induit une contemplation. Une réalité, qui est vrai, pour ne pas dire cru. C’est ce qui, à mon avis, fait la force des groupes comme Hanging Garden. Une violente simplicité, en gardant beaucoup d’humanité.

Hanging Garden

Ne doutons plus que les jardins suspendus sont reconnues d’utilité publique. The Garden est un album à écouter et Hanging Garden dispose d’une discographie formidable. Ce groupe est plus proche de nous que ce qu’il n’y parait,  il est donc à découvrir d’urgence. En espérant qu’ils passent sur Paris pour un concert dans les prochains semaines ou mois, histoire de cultiver mon jardin musical.

Je dédie cet article aux pays du nord et au jardin de ma grand mère.

Ekimr


Liens

Site Officiel : https://hanging-garden.org/

Bandcamp : https://agoniarecords.bandcamp.com/album/the-garden?from=footer-cc-a356848143

Instagram : https://www.instagram.com/hanginggrdn/

Illustration : Mike Rouault