[photos] Sade Songs + Complot Bronswick @Le Jardin Moderne

La soirée s’ouvrait sous le signe de la transmission et de la mémoire musicale avec une passionnante conférence sonore de Philippe Gonin, musicologue universitaire. À travers un travail d’archives aussi précis qu’émouvant, il revenait sur le processus de création du groupe Marquis de Sade des débuts, en prenant pour point de départ une simple cassette audio. Sur ce support, quelques démos esquissées par Frank Darcel, confiées à Sergeï Papail, avec pour seule consigne d’y inventer des lignes de basse. Une matière brute, et intime, révélant la genèse d’un son devenu culte.

Dans le prolongement de cette plongée analytique, la théorie laissait place à la scène. Philippe Gonin, Sergeï Papail et Stéphane Cantero proposaient une réinterprétation habitée des six titres nés de ces échanges fondateurs. Un moment suspendu, où la rigueur musicologique rencontrait l’émotion du jeu live, faisant résonner le passé dans le présent.

 

La seconde partie de la soirée changeait de texture mais non d’intensité avec Complot Bronswick. Leur électro-rock élégamment ciselé se déployait au service de la poésie d’Emily Dickinson, sublimée par les images d’Yves Trémorin projetées en arrière-plan. Une proposition immersive et cohérente, où musique, mots et visuel dialoguaient avec justesse.

François Possémé et Boris Guffer, entourés du talent de Richard Dumas, Patrick Chevalier et Pascal Karels, livraient une performance dense et inspirée, confirmant la singularité et la maturité du projet.

Une soirée riche, exigeante et sensible, où l’histoire de la musique, la création contemporaine et l’émotion partagée ont trouvé un terrain d’entente rare à l’image des instants capturés par les photographies d’Annick Fidji.