A la manière d’un seul homme, le trio rémois OK Choral mène un duel flamboyant basé sur une motivation commune, celle de faire des chansons « influencées par le rock et la pop anglaise, avec des textes en français ». A l’écoute de leur premier album éponyme (paru en octobre 2018), on se rend vite compte que leur style est bien plus complexe que cette simple description laconique, et que leurs horizons musicaux et leurs compositions sont riches de sens. OK Choral possède une rage intérieure et une sensibilité à fleur de peau qui rendent l’ensemble captivant et complexe. Véritable immersion en apnée dans un bain nocturne aux reflets tumultueux, sous un ciel étoilé, la mélodie devient alors une compagne qu’on ne veut plus quitter.
Déjà auteur d’un remarquable effet sur nos esprits sensibles, le trio en rajoute une dose avec le clip brillamment réalisé par Rod Maurice. Il persiste et signe avec une exponentielle accélération vers un devenir grandissant.
Devant la qualité des compositions du groupe et pour notre plus grande joie (le cumul des plaisirs n’est pas interdit), nous sommes allés à la rencontre de leur chanteur Grégory Blanchon pour en savoir un peu plus…
Votre premier album est sorti en octobre. Peux-tu nous en dire plus sur sa conception ?
Ça a été une longue aventure ! L’album regroupe des morceaux issus aussi bien de la création d’Ok Choral, comme « Collision » ou « Pourvu que la nuit soit longue » que de la période de bouclage de l’enregistrement, comme « Tout deviendra flou » qui est le dernier morceau écrit pour compléter ces 9 titres. Il y a eu évidemment des périodes de doutes, des morceaux que l’on a défaits et refaits plusieurs fois. Et puis quand on a senti que nous étions arrivés à un « plafond de verre », on a décidé de faire appel à un réalisateur pour terminer l’ensemble et emmener les arrangements encore plus loin.
Là où le rock s’exprime majoritairement en anglais vous chantez en français. Pourquoi avoir choisi la langue de Molière ?
C’est au cœur du projet : proposer un son influencé par le rock et la pop anglaise avec des textes en français. C’est un peu essayer de rentrer un rond dans un carré… On ne peut pas tout chanter en français. Il faut être hyper attentif au rythme du texte et à la façon dont sonnent certains mots. Il faut trouver le bon équilibre.
Dans vos morceaux, il y a un ancrage au temps qui passe, au quotidien qui envahit l’espace. Vous avez peur de perdre le fil ?
J’aime être contemplatif. Cela fait surgir en moi toutes sortes de sentiments, positifs ou négatifs. Et je me sers de ces émotions ensuite pour écrire les textes. C’est donc logique que l’on sente l’empreinte du quotidien dans mes mots ou encore le temps qui défile sous nos yeux…
« Lumière » : photophobie ou anthropophobie ?
Nous ne sommes pas photos phobiques mais quand on est des musiciens, on est pas les plus exposés à la lumière du jour… ah ah ! Cette chanson porte plutôt un certain regard sur le monde qui nous entoure, et le fait de se sentir ni mieux, ni moins bien que les autres.
Sur « Le centre du monde », il y a une appréhension du lendemain. Qu’est-ce qui te fait le plus peur dans le monde actuel ?
Il y vraiment deux lectures possibles pour ce texte. Il y a effectivement une lecture qui parle du mode de vie occidental actuel. Ce n’est pas de la peur mais plutôt la certitude que ce mode de vie destructeur ne pourra pas durer, sur le plan de l’environnement et des personnes. On le sait bien et on essaye de l’oublier soir après soir en se disant que tout va bien. La seconde lecture est celle de son propre mode de vie qui peut parfois ne pas mener bien loin non plus s’il dure…
Vous venez de dévoiler votre nouveau clip « Pourvu que la nuit soit longue », réalisé par Rod Maurice. Comment s’est passée votre collaboration avec lui ?
On a avant tout été séduit par son travail de photographe de live. Il sait très bien ce qu’est un groupe de rock ! Il est lui-même très rock’n’roll. C’est un personnage qui fonctionne beaucoup à l’instinct. Le tournage a un peu été comme un road trip, chaotique et parfois surréaliste, ce qui ne se voit pas du tout dans le résultat final.
« Collision » ressemble à une course poursuite en pleine nuit, tous phares éteints. D’où vient le rythme fou de cette chanson ?
C’est le premier morceau d’Ok Choral et c’est ce texte qui a donné le rythme du morceau et sa pulsation. Ça fait partie des morceaux un peu magiques, de ceux qui s’écrivent très vite et avec facilité. Même le solo a été enregistré quasiment en one-shot, sur l’instant. Je crois que ce sont tous ces éléments qui donne son énergie au morceau.
Sur « Feeling », on perçoit cette manière de ressentir l’attraction vers quelque chose ou quelqu’un. Est-ce un vécu en particulier que tu voulais exprimer ?
On a tous vécu, je l’espère, ce sentiment d’attraction pour quelqu’un ou quelque chose, ce côté irrésistible et obsédant. Ça colle particulièrement bien avec l’univers de la nuit où les tentations sont multiples. A l’inverse de « Collision », c’est un morceau que l’on a dû faire, défaire et refaire plusieurs fois avant de s’arrêter sur une version satisfaisante.
Quels sont vos projets ?
L’album doit sortir en début d’année 2020 au Québec avec, si tout va bien, quelques dates de tournée outre-Atlantique pour défendre la sortie. On aimerait bien également continuer de présenter l’album en France en live avant de laisser passer un peu de temps pour penser au 2ème album…
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Stef’Arzak