MY CONCUBINE QUE LA VIE EST BELLE AVEC BRIGITTE FONTAINE

Éric Falce chanteur de MY Concubine nous évoque son nouveau clip “Ah que la vie est belle” extrait de l’album “Quelqu’un dans mon genre” Dont nous avions déjà parlé >ici<. Ainsi que le plaisir non dissimulé d’avoir la libellule la plus Punk en guest …

Le décor conçu par l’artiste plasticien Patrice Ferrasse est sublime, comment est venue l’idée d’un lit à baldaquin volant ?

Il faut rendre à César ce qui appartient à Eric Falce mais en l’espèce c’est Patrice Ferrasse qui a eu l’idée des ballons d’hélium. Mon idée initiale était celle d’un lit simple en fer forgé voire à baldaquin mais dès que j’ai proposé le projet à Patrice et que je lui ai dévoilé le scénario avec Brigitte il a immédiatement réagi en me proposant le concept du lit. Il m’a dit : “Pour Brigitte j’ai le lit qu’il faut” . Cela a été instantané comme si l’idée attendait son heure pour se matérialiser… Le décor de Patrice ferrasse a largement contribué à l’écriture du scénario.

Peux-tu nous en expliquer la symbolique ?

Le lit fait de ballons d’hélium rend plus irréelle la présence de cette princesse endormie. Il vient d’ailleurs, pour venir intégrer une dimension qui semble elle aussi être d’ailleurs. Deux mondes qui auraient pu ne jamais se croiser mais qui le devaient un jour ou l’autre…Comme un ballon d’enfant, si on le lâche il s’envole et on le pleure mais on est paradoxalement content de le voir s’envoler tout là haut là haut… C’est le thème de la chanson, le bien et le mal qu’il faut tour à tour savoir gérer. Rien n’est constant le lit est là et puis un jour il disparaît avec la princesse qui y reposait.

Tu as confié la réalisation du clip à Sébastien Auger. Vous connaissiez-vous déjà ? Pourquoi ce choix ?
Je ne connaissais pas Sébastien Auger Monsieur le commissaire. C’est Vladimir Féral le producteur (Affreux Sales et Méchants) qui m’a suggéré de le mettre dans la combine. D’autres réalisateurs avaient été pressentis pour ce coup mais ça ne s’est pas fait. J’ai demandé à Vladimir s’il connaissait des personnes susceptibles de réaliser ce clip ; il m’en a présenté quelque unes et mon choix s’est porté sur Sébastien Auger. En visionnant son travail j’ai tout de suite compris qu’il n’avait pas froid aux yeux et qu’il saurait conjuguer une certaine folie avec un certain classicisme auquel je tenais. Nous nous sommes rencontrés et le courant est passé immédiatement. Il avait les bonnes références cinématographiques, la folie nécessaire , l’inventivité et la réactivité. Nous avons retravaillé ensemble le scénario auquel il a apporté sa touche personnelle comme par exemple le coté très fantomatique qui règne dans le clip, les serpents qu’il faut savoir manipuler avec précaution, par pour leur venin mais pour leur cliché et la mise en scène du lit filmé comme un personnage à part entière . Sébastien Auger a eu d’emblée une vision globale de l’atmosphère fantastique à restituer en effets réels et porter le projet jusqu’au bout entouré d’une équipe formidable .Tout s’est déroulé comme si Sébastien Patrice et moi même avions apporté les pièces d’un puzzle qui préexistait . Lorsque nous avons visionné le clip pour la première fois c’était comme si nous l’avions déjà vu mais qu’il était enfin matérialisé. Je n’oublie pas bien sûr le formidable montage d’Antoine Ferrando.

Lors de notre précédent interview, je t’avais demandé si tu avais des anecdotes sur le tournage. Tu n’avais pas souhaité me répondre à l’époque pour ne pas spolier le clip qui n’était pas encore sorti. Mais à présent, peux-tu nous répondre ?
Il y a beaucoup d’anecdotes. Parmi elles le fait que Brigitte n’ait pas vu le lit avant le tournage. Pas même une maquette.Je lui avais dit que nous allions lui confectionner un lit spécial avec des ballons sans rien lui dire de plus. Le danger était qu’arrivant sur le plateau le lit ne soit pas à son goût et qu’elle refuse de s’y allonger.Quand elle a débarqué avec ses amis et conseillers il y a eu un grand silence…Mais l’effet a été immédiat. Elle a adoré le lit au point qu’elle voulait l’intégrer à ses concerts.Patrice Ferrasse lui a expliqué à regret que c’était un décor fragile difficile à manipuler. Mais il lui a offert le dessin original.
Autre anecdote, je me suis retrouvé un jour chez Brigitte en compagnie d’Areski Belkacem et j’ai dû écouter en leur présence trois fois de suite ma version de leur titre. C’était la version album qui est plus longue que la version clip. Une sorte de grand oral qui s’était terminé par une mention « très bien » d’Areski Belkacem, Brigitte étant plus avare de compliments… Lors du tournage j’ai dit à Brigitte de s’allonger sur le lit, de retenir sa respiration et de ne plus bouger…On a passé dix fois de suite le titre sur de superbes enceintes avec un gros son pour le tournage.Petite vengeance… De retour dans les loges ou je l’accompagnais nous nous sommes assis, elle s’est retournée vers moi et ma déclaré : »j’ai oublié de te dire que la reprise est très belle ! » Cela aussi c’est du Brigitte Fontaine.

© Loraine de Paris

Vouloir voler un baiser comporte des risques, même lorsque la princesse sommeille ! Prendre une claque par Madame Fontaine, ça fait quoi ?

Ça sonne ! Nous avons fait plusieurs prises et j’ai dit à Brigitte de ne pas se gêner…Au bout d’un certain temps elle a dit à l’équipe de se dépêcher de faire la bonne prise car elle souffrait pour moi d’autant qu’elle avait de belles bagues à chaque doigt. On s’est bien marrés.

A un moment, ton visage et celui de Lizzy Ling nous apparaissent dans des morceaux de miroir jonchant le sol. Cette scène me rappelle la pochette de « Quelqu’un dans mon genre » où, là aussi, vos portraits apparaissaient sur papier déchiré dans une sorte de patchwork. Cela a-t-il une signification ou s’agit-il simplement d’un effet visuel ?

C’est une idée de Sébastien Auger. Je trouve ce plan très esthétique. On va chercher les visages dans des reflets de miroirs cassés où rampent des serpents. Il y a en effet un petit rappel de la pochette de l’album.On ne voit les individus et le monde que par petits bouts morcelés , ça coupe ,ça mord, mais nous ne pouvons appréhender les personnes et les choses que de manière fragmentée.

© Loraine de Paris

L’esthétique du clip ainsi que la mise en scène romantique/fantastique lui donne une atmosphère qui me rappel Orphée de Jean Cocteau. Aviez-vous eu une influence de départ ?

Dès le départ j’ai évoqué avec Sébastien les réalisateurs qui pourraient nous influencer pour la photographie et l’ambiance. Nous sommes tout de suite tombés d’accord sur des metteurs en scène comme Jean Cocteau bien sûr mais également David Lynch voire David Lean dans ses premiers films ainsi que Joseph Mankiewicz . Le noir et blanc accentue le coté onirique en mettant une certaine distance , il nous transporte immédiatement dans un passé qui nous semble lointain.

Dans votre précédent clip « Dragon », Denis Lavant était en guest. Cette fois-ci, c’est Brigitte Fontaine. Avec qui rêveriez-vous de jouer dans un prochain clip ?

J’ai déjà ma petite idée et elle commence à se mettre en place. Mais mes origines italiennes me rendent sans doute un peu superstitieux aussi je n’aime pas parler de mes projets tant que je n’ai pas l’assurance qu’ils vont se réaliser.Mais si celui ci se réalise ça fera un grand boum…Comme je le dis toujours il ne faut pas tuer l’ours avant de l’avoir vendu , ça évite les morts inutiles…

Brigitte a commencé une tournée, je rêverais de vous voir faire une date en commun ! Et toi, as-tu envisagé de partager la scène avec «la libellule la plus PUNK de la chanson française» ?

Oui j’aimerai qu’elle puisse me rejoindre sur scène pour la reprise mais j’ai déjà une autre idée qui germe. Il ne me reste qu’à la lui proposer en espérant que je ne recevrai pas une gifle.

My Concubine en Concert le Vendredi 24 mai 2019 “Concert d’Emile”  12 Rue Émile Desvaux (Paris)
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Stef’Arzak