En ce mois de Novembre 1987, Bambi se la donne comme une bête. Au diable, les regards alanguis, sourires timides et déclarations transies au coin d’un cimetière ! Dans la basse-fosse, la séduction sur fond de jalousie rigolarde avec Paul Mc Cartney ! Au grenier, le Capitaine Crochet et Peter Pan ! En cette fin d’année frissonnante, Michael Jackson fait monter la température et se pare d’attributs nettement plus virils qu’à l’accoutumée. Mais qu’est ce qui s’est passée dans la tête de MJ ? Bien avant l’avènement du mouvement « #MeeTo », le voici qui se contorsionne dans la rue, mimant un acte sexuel explicite, face à une demoiselle des plus perplexes. La drague pour Michael ? Elle est, à présent, digne d’une chasse à courre où la meuf accourt. L’amour courtois ? Bon pour « Thriller » et ses ballades romantiques. Avec l’album « BAD », le milliardaire durcit le ton et, à l’image de son visage remodelé, mise sur la transformation. Son premier single se calait sur une boucle hypnotique et des cuivres pétaradants ? « The way you make me feel » copie son prédécesseur tout en l’équipant d’une touche « dance »… teintée de funk moite.
Le clip ? Chatoyant. Extérieur nuit. Une rue quasi déserte. Quelques loulous issus de gangs pavoisent. Et, à l’écart des lascars, MJ converse avec un vieil homme. « Sois toi-même, ne leur ressemble pas » lui serine l’octogénaire.
Attends, deux minutes…
Digression et constatation.
Ce MJ timoré pourrait être celui vu dans « BAD » ! Daryll (prénom hommage au long-métrage de Simon Wincer sorti en 1985), ce jeune homme propre sur lui s’extrayant du Ghetto par la grâce de hautes études. Rangé des voitures le Daryll jusqu’à ce que… le volcan s’éveille.
Macho, macho man.
La chrysalide ainsi mue et tout ce qui mue, d’ordinaire, m’émeut.
Mais là…
Je ferme la parenthèse.
Pause.
Je rembobine.
A l’instar du clip « BAD », on reprend les mêmes et on recommence. Faune noctambule. « Boyz in the Hood » gueulant sur des trottoirs trempés, noyés dans le bleu. Mais de ce bleu (Calvin) Klein sentant le slip et rappelant « Miami Vice » de Michael Mann. Hot hot hot. Dans cette ruelle gorgée de désir, MJ délaisse la tenue de motard sexy pour se la jouer Fred Astaire. Chemise ouverte, pantalon fuseau, chaussettes « Flashdance » et ceinture de peignoir autour de la taille. Sobriété/excentricité. Tout MJ.
Et le clip s’emballe.
Le voici, avisant le sosie de Julia Roberts et fanfaronnant parmi ses compagnons d’infortune. Traque. Harcèlement. Le môme caoutchouc ne lâche pas sa proie d’un iota. Et les copains de l’encourager…jusqu’à ce que la Belle se laisse tenter par la Bête sous une pluie factice.
Attention, les enfants regardent. Mais qu’est ce qui s’est passé dans la tête de notre performer ? Et si toute la carrière du Moonwalker ne tenait qu’à ça ? Se la jouer devant les copains et enterrer le teenager sensible six pieds sous terre ? Envoyer un « fuck » à son père violent et à sa fratrie rigolarde ? Et si « BAD » était la réponse négative mais friquée/risquée à l' »American Way of Life » ? Faites comme moi, les kids. Envoyez paitre vos parents ! Serrez les filles dans un coin ! Touchez-vous l’entrejambe.
Mais, dans ce machisme forcé, qui peut raisonnablement le croire ?
Lui, le E.T. de la soul-pop. Le lutin de la Motown. Le chic type de la bande.
Emancipation ? Crise d’adolescence mal digérée ? Le 45 tours « BAD » devait être, à la base, un duo avec Prince mais son Excellence déclina l’offre, jugeant les paroles peu propices au duel. « Your butt is mine ». « Ton cul est à moi » ? Qu’importe. Epaulé par le fidèle Quincy Jones, l’homme au Fedora saisira l’opportunité d’être un peu natif de Minneapolis dans un clip-vidéo à la sauce Rocco.
Ainsi, Mr Rogers Nelson « kiss » aisément le TOP 50, tant sa personnalité est sulfureuse ?! Qu’à cela ne tienne, Etienne. The King of Pop explosera les codes de la bienséance à grands renforts de cris, hoquètement et copulation à même le sol.
Le t-shirt Marcel ? Il faudra attendre « Dangerous » (et sa new-jack quelque peu datée) via « Keep in the Closet ». Pour l’instant, Michael conjugue « Love on the Beat » avec « Dancing in the street », sous nos yeux ébahis…
En 2025, le clip de « The Way you make me feel » est gênant à bien des égards. Et bien des écarts. Rouleau compresseur du dancefloor ou méthode pourrie de séduction, à vous de juger.
Autre temps, autres mœurs ?
Avouons-le. Dans cette glorification de la misogynie dégoulinante et l’apologie de la fille « facile », la critique n’est en aucun cas une autre paire de « manches ». Elle est évidente.
Symptomatique.
Tout à la fois chanteur à la voix d’or, danseur bionique et recycleur priapique (voir le pillage éhonté de « Soul Makossa » de Manu Dibango et l’emprunt à Bob Fosse dans le film « Le petit Prince » …), MJ rimera, dès son 3ème album en solo, avec schizophrénie.
Entre les accusations nombreuses vis-à-vis d’un comportement inapproprié avec les plus jeunes et tes frasques innombrables.
Entre Beat It et Biloute.
Petit bonhomme en mousse et quéquette à Raoul.
Franchement.
Tu t’es perdu. Tu m’as perdu.
Dans mes années lycée, je t’ai aimé, adulé, copié…
Mais, rétrospectivement, Michael, parfois, tu déconnais grave.
John Book.