Men d’Alex Garland

Affiche film Men

Avec Jessie Buckley, Rory Kinnear. Sorti en Juin 2022

Résumé : Au lendemain d’une tragédie personnelle, Harper se retire, seule, dans la belle campagne anglaise, espérant y trouver un endroit pour guérir. Cependant, les choses ne vont pas être aussi simples.

Avis : J’ai été voir prudemment ce film pour deux raisons : j’adore le cinéma d’Alex Garland mais je me méfie des œuvre pseudo féministes surtout quand elles émergent des hommes.

Pour ce qui est de la forme : Alex Garland sait faire des images sublimes et horribles à la fois, qui tatouent la rétine et vous laissent un goût étrange dans la bouche. Son casting est parfait ! Jessie Buckley est très juste. Le comportement de son personnage est raisonnable et sensé, ce qui nous change des héroïnes qui frisent l’hystérie comme on en voit trop. Mention spéciale à Rory Kinnear qui donne vie à un méchant protéiforme de génie. Seul l’adolescent souffre d’un traitement en “deep fake” de mauvais goût mais qui fait sens. Il n’est ni homme, ni enfant et se trouve à son paroxysme de frustration et de refus du non.

Rory Kinnear

Pour les amateurs de “sound design”, vous ne serez pas déçu ! Un énorme travail a été fait et participe à une ambiance bien glauque. Je vous en livre la bande son à la fin de l’article !

Voilà pour la forme, voyons pour le fond…

Les films de genre estampillés “féministes” représentent souvent des femmes traumatisées, qui deviennent fortes pour affronter Le Mâle. Dans Men, le propos est différent même si les ressorts restent peu ou prou les mêmes : une femme isolée et fragilisée subit les attaques et pressions des hommes de son “entourage”. Pourtant, ce ne serait pas juste de s’arrêter là. Notre héroïne Harper ne se cache pas, ne se laisse pas démonter et pour une fois dans ce genre d’œuvre, adopte un comportement logique et rationnel. Ce qui est plaisant, c’est qu’à aucun moment on ne peut remettre sa position de victime en doute, ni le harcèlement qui en découle.

Si l’héroïne part en séjour pour se remettre de ses émotions, le doute plane sur la mort du mari : suicide ou simple accident ? Dans les deux cas, elle ne se sent pas responsable et le dit mais, bien entendu, les hommes autour d’elle vont lui dire le contraire : elle en est responsable juste parce qu’elle a dit “non”. Elle devient donc responsable de la violence de son mari, des désirs qu’elle suscite chez le prêtre, de l’attitude condescendante du flic qui la juge hystérique ou encore de cet ado qui pense pouvoir l’insulter car il ne peut pas la posséder. A dire vrai, on a toutes vécu au moins une de ces situations, de jugements hasardeux ou d’agressions communes.

La fin m’a laissé un peu dubitative quant à l’acceptation de la situation par notre héroïne et pour ma part, j’y ai vu un message peu attractif :  la seule solution de survie pour les femmes serait de dire “Ok!” et de se rendre à l’évidence que ça ne changera jamais. Je vous laisse méditer là-dessus…