#MDOFOREVER

 

C’est avec une infinie tristesse et une vive émotion que nous avons appris hier la mise sous scellés de Mains d’Oeuvres, un « lieu pour l’imagination artistique et citoyenne : danse, musique, arts visuels, théâtre, fêtes et festivals », installé dans l’ancien centre social et sportif des usines Valeo, propriété de la ville, sis au 1 Rue Charles Garnier à Saint-Ouen, dans le quartier des Puces mondialement connu.

Désarroi, incompréhension, tristesse et dégoût. Tels étaient les sentiments des quelques 250 artistes résidents (parmi lesquels Frustration, Vox Low, Charles de Goal, The Psychotic Monks, Structures, Mademoiselle K, Grand Blanc, Naive New Beaters ou encore Rawdog), des 25 salariés permanents, de la centaine de bénévoles qui animent ce lieu au quotidien, et des 200 élèves de l’école de musique.

L’ensemble de la rédaction de L4L souhaite leur apporter son plus vif soutien et sa plus grande affection.

Car Mains d’œuvres, c’est un peu plus qu’un lieu de culture, un peu plus que des locaux de répétitions pour ces artistes : c’est LEUR lieu de VIE, un bout d’eux-mêmes, un peu de leur chair et beaucoup de leur cœur.

C’est ce que nous avions ressenti lorsque nous avions longuement interviewé Audrey et Michael du duo Rawdog en octobre 2018, dans leur QG partagé avec AQME. « Ce lieu n’est ni un squatt ni un coupe-gorge » avaient-ils cru bon de nous préciser en préambule, « mais un endroit vivant où le métissage des cultures n’est pas un vain mot et où bon nombre de grands groupes (The National, Gossip, Lofofora, Serge Teyssot-Gay, Akosh S. Unit, etc…) s’y sont produits ».

On peut aisément comprendre dès lors la déchirure, le dégoût et la colère que cela a provoqué pour eux, expulsés de leur lieu de travail, de leur vie sociale, de leur (presque) domicile !

« C’est non seulement notre matériel musical qui est inaccessible (instruments, matériel d’enregistrement) mais aussi notre salle de répé, notre TEMPS de répé, notre inspiration, notre cocoon, notre deuxième maison, notre lieu de créationS, notre chez nous qui nous offrait son hospitalité, son accueil, la possibilité d’être artistes (…), et on nous enlève tout ça » s’insurge Audrey sur sa page facebook. 

Cet événement brutal fait suite à un bras de fer juridique engagé depuis 2014 entre le centre culturel pluri-disciplinaire et la mairie, qui souhaite récupérer le lieu pour y déplacer le conservatoire. Un prétexte selon beaucoup, soupçonnant la mairie de vouloir récupérer les 4000m² pour y construire des biens immobiliers. Le bail de Mains d’œuvres n’avait d’ailleurs plus été renouvelé par la municipalité depuis le 31 décembre 2017. Le 2 juillet dernier, le TGI de Bobigny ordonnait l’expulsion des occupants mais une audience en appel était prévue le 3 décembre. La préfecture en aura décidé autrement ».

Alors évidemment, derrière la douleur du moment, on y verra (sûrement plus tard) son versant positif. La loi de conservation, chère à Lavoisier, nous montre que « rien ne se crée, rien ne se perd et que tout se transforme ». Qu’il y a un trésor caché derrière les challenges.

Le premier d’entre eux sera ce grand rassemblement, samedi 12 octobre 2019 à 9h devant la mairie de Saint-Ouen pour un « cri d’amour artistique et collectif ». Mercredi soir sur la page facebook de l’événement, près de 1320 personnes se disaient prêtes à participer !

L’appel à la participation est lancé ! Les propositions d’amour, de performances, d’arts, de musiques peuvent être envoyées à cridamourpourmdo@gmail.com

« Créer, c’est résister. Résister, c’est créer. » (Stéphane Hessel)

Alechinsky.