Magma Magma

Magma Magma. Ce mot, ce nom m’a toujours fasciné. D’une part, étant petit garçon Haroun Tazieff me fascinait, d’autre part, étant devenu jeune ado, Magma, le groupe, me fascinait.
J’ai découvert Magma avec Mekanïk Destruktïw Kommandöh à l’été 1973. La claque. L’univers musical, la langue créée, tout était différent de tout ce que j’avais pu écouter jusqu’alors. Cerise sur le gâteau, Magma est français et fait la nique aux groupes British et allemands. Incroyable. Je ne pouvais écouter rien d’autre, tant et si bien que je me suis débrouillé pour me procurer les enregistrements existants du groupe, à savoir Kobaïa et 1001° centigrades, avant la fin de cette année 1973. Magma c’est aussi une imagerie et une iconographie mystérieuse et fascinante. Le logo du groupe figurait sur tous mes cahiers de classe, en posters dans ma chambre et tracés maladroitement aux feutres sur mes quelques t shirts blancs. On parle en kobaïen mon meilleur pote et moi. On en vient même à utiliser des noms d’emprunt avec mon copain lorsque l’on se fait chopper sans ticket dans le bus ou autres conneries de gamin. Et je tiens là à m’excuser auprès de Christian Vander (nom qu’utilisait mon pote) et Robert Fripp, que je faisais orthographier Frippe (nom que j’utilisais).
Les années passent, un courant musical surgit et vient tout emporter dans sa vague, le punk, ô combien important pour moi. Et Magma part aux oubliettes. Les années passent encore, la vie aussi et je me retrouve dans la fin des années 2010. Tout ce que je peux écouter de nouveau en musique ne m’apporte plus rien. Y a pas de grand trucs qui émergent, tout est déjà entendu pour moi, à l’exception de quelques très rares groupes.
Je me reporte alors sur le Jazz et je me noie dans Coltrane (Alice et John), Sun Ra, Miles Davis, Pharoah Sanders, Ornette Coleman, j’en passe et des meilleurs. La vie est bizarre mais ainsi faite, Magma passe au mediator à Perpignan en mars 2020. Des copains y vont et me demande si je veux les accompagner. Moi!!, l’ancien punk. Oh non! Je les avais vus en septembre 1975 à Toulouse. J’avais cru que je resterai sourd après ce concert grandiose et voulais garder ce souvenir. Donc, je ne suis pas allé au Mediator, mais j’ai remis les albums sur ma platine. Je m’étais arrêté Köhntarkösz.
Et de nouveau, la claque. Certes l’effet surprise de la nouveauté n’est plus là. Mais quel son, quel présence. La magie opère, Magma est toujours ce groupe mystérieux de ma jeune adolescence. Je redécouvre les magnificences de 1001 et ses sonorités coltraniennes. Le brûlot incandescent de MDK m’emporte toujours aussi loin. Aussi je décide de me procurer d’autres enregistrements du groupe, studio et live. Et aujourd’hui j’ai reçu le tout dernier opus du groupe, Kartëhl. L’objet est beau, vinyle 3 faces, une pochette noire montrant une cymbale avec le logo reproduit (presque) à l’infini.
Magma reste toujours ce groupe fascinant et inclassable ressemblant à nul autre, tout droit sorti d’une planète inconnue (Kobaia avez vous dit?). La magie opère et je redeviens cet ado qui découvrait les sonorités envoûtantes de la bande à Vander. J’espère que cela durera encore longtemps.

Jaques Cognon