Loïc Lantoine & Marc Nammour, torses bombés et voix aux aguets “Fiers et Tremblants”

Loïc Lantoine et Marc Nammour deux chanteurs, deux conteurs, deux identités aux facettes très différentes et pourtant unis dans un même dialogue rappé/chanté. Ces deux-là ont associé leurs univers scandés dans un projet aux torses bombés et l’esprit aux aguets, pour poser un regard sur notre humanité malmenée “Fiers et Tremblants”. 

“Fiers et Tremblants” est un album pas vraiment comme les autres. Il y a l’objectif d’apparence simple, réunir deux amis presque frères sur un LP avec l’envie première d’étendre la vérité sourde et, pour ce faire, ils développent une certitude poétique rationnelle dont l’intention conduit, avec force à la connaissance d’une vérité aveuglante, celle des petits.

Les grands mots d’idées sacrées !
Liberté et fraternité beaux programmes, n’est-ce pas ? Ces neuf chansons mélodiques mettent en place un doute méthodique, à la grammaire coup de poing, développé autour de métaphores et des cris de la rue assourdissante, mais que personne ne semble vouloir entendre. Quête homérique d’un désir d’existence riche de ses connaissances acquises à la sueur d’un front haut qui décide de remettre en cause les fondements mêmes de la connaissance des grands penseurs et des bien-pensants.

Nos sens ne sont pas faibles. Non ! Nous l’entretenons d’abord par les sens d’une orientation militante à travers eux qui nous en font, à la chaine, à la ligne (à l’instar d’un Joseph Pontus), l’expérience des vies ordinaires qui souffre sans baisser les bras, la tête haute. Les racines des fauves, nous disent Nammour et Lantoine, entretiennent le feu sacré d’une lutte sans cesse renouvelée, et même si nos instincts peuvent nous tromper parfois, “je sais d’où je viens” reste un leitmotiv, qui ne laisse aucune équivoque dans les convictions du duo, nous amène sur un chemin. Telle une évidence cette vivacité nous scotch.

Plongée en apnée dans un océan urbain, le stylo plume trempé dans un verre de vin rouge sang, la voix cassée de Loïc et les envolés slamés de Marc, à la limite de l’eau trouble, où les marginaux et les laissés-pour compte sont à l’honneur. Ils surfent sur les lignes lumineuses, sans casser le flow, sous un effet d’optique fantasmé le noir devient beau. Apolitique, cette supernova existe aujourd’hui mais pourrait bien parler d’hier et malheureusement de demain.

 

Révolution, résolution, fantaisie militante mais pas militaire. Expérience sensible, forte et fragile, comme incertaine, faussement désabusée, viscéralement caustique, si l’on peut douter de l’existence d’un idéal, à l’écoute de “Fiers et Tremblants” nous en sortons autant exténué qu’infiniment remotivés pour un jour toucher nos rêves, le torse bombé et l’esprit aux aguets.

Loïc Lantoine & Marc Nammour, “Fiers et Tremblants”

Photo © Cyrille Choupas

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Stef’Arzak