[Live report] The Sisters Of Mercy dans un gant de velours

Groupe gothique mythique des années 80, The Sisters Of Mercy et son unique leader Andrew Eldritch est de retour en France dans un Olympia bien fourni sans être sold-out. On n’en attendait pas grand-chose. A tort.


Paris. Dimanche 18 mai 2025.
Divine Shade, en duo pour l’occasion, vient de Lyon pour chauffer la salle. Son leader fondateur Rémi Thonnerieux est accompagné d’un guitariste très expansif et assure la première partie aisance. Un set bien envoyé et séduisant, une sorte d’électrorock d’obédience indus assez noir mais suffisamment accrocheur, avec des textes en anglais et en français.
L’Olympia se remplit peu à peu pour accueillir l’un des groupes quasi-fondateurs du mouvement gothique. Le public est disparate. Des jeunes mais aussi des moins jeunes. Des looks surprenants, emblématiques du mouvement et remis aussi au goût du jour avec même des filles perchées sur des triples talons compensés. Le groupe touche visiblement de nombreuses générations. A 21h15, le set commence sous les premières acclamations.

Une bulle nébuleuse de velours

Andrew Eldritch n’a, hélas, toujours pas retrouvé sa belle tignasse noire et longue des années 80. Il reste chauve, le regard caché comme toujours sous des lunettes noires. La formation d’origine a bien changé, entre batailles d’ego et procès. Le groupe a été une rampe de lancement pour de nombreux projets annexes et a vu défiler dans ses rangs la fine fleur de la scène rock de l’époque, dont la célèbre Patricia Morrison à la basse. Cette année, la boîte à rythme Doktor Avalanche est toujours présente et est manipulée par Chris Catalyst. Ben Cristo est à la guitare et Kai a des allures, en version japonaise, de Patricia Morrison, la bassiste la plus marquante de la formation qui a par ailleurs engendré une constellation de groupes, dont The Mission, toujours en activité, sans jamais perdre son leadership incontestable.
Ce dimanche, sous les lumières jaunes, et dans un décor de scène minimaliste, avec un Y en fond de scène, l’Olympia semble enrobée par une bulle nébuleuse de velours, le tout porté par un très bon son, surtout au balcon.

Une voix grave noyée dans les guitares

Est-ce voulu ou pas, la voix est mixée en dessous, et est souvent noyée par les guitares mais on reconnait bien, quand les guitares sont absentes, la voix sombre et basse qui a fait la réputation du chanteur.
Autour d’Andrew, Kai fait le show avec sa basse, tourne virevolte et saute. Elle ferait, par exemple, du bien aux Pixies mais là n’est pas le propos. Elle se montre très complice avec Ben Cristo, guitariste également très expansif. Andrew joue souvent à cache-cache avec les lumières et se cache régulièrement en coulisse, tout en arpentant d’un bout à l’autre l’arrière scène.
A 22h 15, Temple of Love clôture le set et un constat s’impose : les compteurs sont relevés et plutôt bien relevés.
Pour preuve, personne ne bouge et chacun en redemande. Suspense de courte durée car le quatuor est effectivement bientôt de retour pour un final de feu avec trois classiques dont, en clôture, un très bon This Corrosion.

De nouveaux titres performants

Avec cette setlist renouvelée, un seul titre du somptueux premier album First, Last and Aways est joué, Marian comme toujours, mais la plupart des classiques sont joués, dont bien sûr Alice, Temple Of Love ou encore, au hasard parmi tant d’autres, More. De quoi satisfaire tout le monde. Et puis, et c’est le plus surprenant pour un groupe n’ayant pas sorti d’album depuis des lustres, les nouveaux morceaux, dévoilés au fil des concerts depuis le début des années 2000, ont fait leur petit effet.
Joués uniquement en live, les titres évocateurs comme le tout nouveau Quantum Baby mais aussi Eyes of Caligula, But Genevieve, When I’m on Fire, On The Beach ou encore Don’t Drive on Ice, joué en début de concert, laissent augurer d’un très bon éventuel nouveau disque et surtout encore des belles années pour la nouvelle formation, en passe d’être stabilisée, d’Andrew Eldritch.
La promesse pour le leader vampire du combo rock gothique et mythique de quitter l’ombre pour la lumière sans pour autant se brûler les ailes. En attendant, il passe toujours le show à jouer, dans des nappes brumeuses, à cache-cache avec son fidèle public en prenant souvent des poses évocatrices à la manière du Nosferatu du cinéaste allemand Murnau. Fascination quand tu nous tiens …

 

Texte et photos : Patrick Auffret