Ayant acquis une certaine réputation d’année en année, Les Marquises reviennent à leur véritable premier amour, dans le souhait de se réinventer, sans pour autant s’oublier en chemin. Ils redéfinissent le contour de leur temporalité, ce qui les rend réellement ancrés à une certaine forme d’anticipation musicale, tel un écho de leur futur intérieur.
Avec “La Battue”, Les Marquises déterminent l’importance qualitative de leurs parcours déjà opéré, jonché d’expériences sonores aux multiples ramifications (Colo Colo, Immune, Recorded Home, etc…). Ils développent également la nature même de leur condition chimérique.
Ils assènent des rythmes basés sur des amplitudes sonores évocatrices de rêves et de cauchemars. Semblant provenir d’un long récit fantasmagorique, que nous pourrions aisément imaginer en BO d’un film de Terrence Malick, d’un genre aussi complexe qu’immersif. Ils s’appuient de temps en temps sur des passages proches de l’expérimental.
On pourrait les affilier à Bruit Noir puisqu’ils cultivent comme eux le goût du cryptage musical, mais aussi à Dead Can Dance par des passages d’une pure puissance céleste.
Pour autant, ils ne sont pas des ersatz ! Puisqu’il y a chez eux, et c’est là justement ce qui fait la différence et plaira aux amateurs, la voix douce et claire, quasi monocorde, de Jean-Sébastien Nouveau, flottant subtilement comme autant de nappes évanescentes.
Jean-Sébastien a intégralement composé et arrangé ce disque en collaboration avec son acolyte Martin Duru. La plupart des morceaux sont marqués par cette volonté clairement délimitée entre une lenteur dans la diction et l’onirisme sonore de passages plus mélodiques qui s’éclairent au fur et à mesure du déroulement de l’opus. La batterie de Rémy Kaprielan (Da Break) et les percussions de Jonathan Grandcollot (Société Etrange), complètent cette chasse aux expériences poétiques variables.
Les Marquises excellent dans le maintien d’une tension qui devient rapidement immersive et collective (“La Battue“ et “Shape The Wheel“), nous emportant hors du conditionnement physique par une exigence issue d’une vision d’un monde renversé.
En abordant “The Trap“ et “Head As A Scree“, par le biais de rythmiques électro sombres, fait d’ “interfréquences”, Les Marquises étirent le contraste d’une mentalisation dimensionnelle au cœur du raisonnement physique. Là même où l’union intime d’un désordre naturel se dérobe au conscient.
Plus qu’une simple vue de l’esprit implicite, cette “Battue“, d’une exigence créatrice délibérée, nous amène à l’équilibre par cette aspiration incoercible pour, en définitive, nous libérer de nos spectres !
Une chose est certaine, avec déjà de nombreux fidèles, Les Marquises possèdent le talent nécessaire pour élargir encore les limites de leur continent.
Disponible ici : https://lesdisquesnormalrecords.bandcamp.com/album/la-battue
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Stef’Arzk
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