“Last Christmas”. You have been loved.

Une peine insondable. 25 Décembre 2016, j’apprends avec stupéfaction la mort de George Michael et cette nouvelle, soudain, ternie ce jour béni où les preuves d’affection affluent. Abasourdis, mon frangin et moi-même nous dévisageons, l’incompréhension le disputant à la plus grande tristesse.
Comment ? Notre pop-star n’est plus ? Tous ses LP écoutés religieusement durant notre adolescence, ses clips dans l’air du temps, ses paroles profondes et canailles. 100 millions d’albums vendus et autant de cœurs brisés. Une icône s’en est allée, laissant derrière elle une œuvre populaire et impérissable. État des lieux.​​ Wham! Ces boys bandent, revendiquent le droit de ne pas se perdre dans un job stupide pour subsister et apportent un peu de légèreté sous l’ère Tatcher. Le saxophone rutilant de « Careless Whisper » se substituera pour bon nombre d’anglais à l’utilisation du gingembre, lors de « cinq à sept » à l’heure du « Tea Time »…​et sous l’apparente légèreté de tubes hédonistes se révèlera un auteur-compositeur de génie. ​« Faith ». Willie Nelson  roule une pelle à Jerry Lee Lewis, fornique avec Barry White et pratique l’amour dans tous les sens. Lascif et pensif, frontal et sensible, « Faith » , c’est la revanche d’un artiste jugé un peu trop hâtivement chanteur à minettes et qui assoit son règne sans partage sur la pop-rock. Le mec en cuir qui envoûta, en 1988, du haut de ses santiags et d’un jeans déchiré un Bercy en feu.J’y étais. Les soutien-gorge  volaient au premier rang.​​ Listen Without Prejudice, la consécration critique et le pied de nez à la major Sony. Johnny Belle gueule n’apparaîtra plus à l’écran et formulera son coming-out via un hit planétaire. D’autres précieux albums (“Patience”, “Older”, …) s’ajouteront à la liste mais n’atteindront jamais, selon moi, l’excellence de cette galette à la mystérieuse et chromatique pochette.​​ L’archange Michael. Celui qui promettait des nuits peu vertueuses aux lycéennes et surtout à ma cousine. Georgios Kyriacos Panayioutou. Statue grecque au sourire ravageur et bête de scène. Star People Gay. Adulée. Adorée. Engagée. Très vite, le londonien philanthrope s’engage pour le Sidaction mais vit dans l’ombre de la Mort.  Adepte des rencontres coquines dans des lieux dangereux et amateur de drogues dures et d’alcools forts (pour mieux se déconnecter d’une réalité déchirante), le songwriter tente de survivre tant bien que mal à la perte de son petit ami puis à celle de sa mère.  Mais las et après bien des tentatives d’auto-destruction, on le retrouvera inanimé sur son lit au lendemain d’une soirée entre amis. Please send me someone…​​ Trois après la disparition tragique de l’une des plus grandes voix du 20ème ( et 21ème) siècle, hommage lui est rendu dans un long-métrage où 15 de ses chansons apparaissent.« Last Christmas », donc, LA comédie romantique de cette fin d’année-ou vendue comme telle- avec Paul Feig à la réalisation et un casting étincelant pour vitrine (de Noël).​Le pire était à prévoir. Paul Feig, illustre movie-maker de comédies vulgaires (SOS Fantômes, Les Flingueuses, …) s’attelait donc au périlleux exercice de la chronique amoureuse, malicieuse et so british.​ Mission Impossible?C’était sans compter le talent d’Emma Thompson à la production et au scénario. My Lady s’étant entretenu longuement avec la rock-star, lors de la pré-production, et cette dernière, emballée par le synopsis, ayant donné son feu vert  pour l’utilisation de ses chansons, l’impensable se produisit :  la qualité d’une production BBC alliant humour pince sans rire et portrait d’une jeune femme en quête de reconstruction. Emilia Clarke, parfaite, glamourise avec beaucoup d’entrain une insupportable paumée.  Son partenaire, Henry Golding, campe avec classe un gendre idéal et fantasmé. Michelle Yeoh semble beaucoup s’amuser en dragon tyrannique et néanmoins pudique. Enfin, l’immense Emma Thompson étonne dans un registre comique, nous rappelle les meilleurs moments de « Peter’s Friends » et nous tord de rire en mère possessive et truculente.​On pourrait reprocher au long-métrage son aspect “United Kingdom of Benetton”. Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil.C’est un peu plus complexe que cela.George Michael possédait une âme tourmentée. Brassant avec équilibre et distance nécessaire les béances sociales et politiques de notre temps (le Brexit, l’homophobie, la dépression et le manque d’altruisme ambiant), « Last Christmas » puise dans l’Esprit de Noël mais surtout l’ADN du chanteur disparu. Au “Final”?Un véritable « feel-good » movie,  contemporain et teinté de tristesse, qui prend son essence même dans le tube interplanétaire du duo britannique et que n’aurait aucunement renier notre crooner au timbre d’Or.​​”Last Christmas”? I give you my Heart!​
John Book .​