Un an que j’attends ce film. Suivant de très près l’actualité d’Harrison Ford (mon Héros), quelle ne fut pas ma surprise de découvrir ce dernier dans une nouvelle adaptation de « L’Appel de la Forêt »! Pré-production alléchante, casting au poil et le réalisateur de « Dragons » derrière les manettes! Allions-nous assister à la naissance d’un grand cinéaste classique et le même heureux résultat que « Mission Impossible 4 » réalisé de main de maitre par Brad Bird (ex-Indestructibles)? Le passage « film d’animation »-long-métrage dramatique » se ferait-il sous des auspices favorables ou à coup de forceps?Un an d’attente, donc, et au final un résultat plutôt positif!J’entends déjà le cercle d’ami(e)s cinéphiles pousser des « holà!!! » peu engageants. Quoi? Une relecture du chef-d’œuvre de Jack London avec un chien (et un bestiaire) entièrement « numérisé »? Du carton pâte à quatre pattes? Et pourquoi pas un Wookie pour tout acolyte, tant que nous y sommes?Dans l’imaginaire collectif, Buck, chien de traineau courageux et affectueux, n’est ni Gollum ni Andy Serkis. Ce choix étonnant de « sur-humaniser » notre fidèle compagnon n’a qu’un seul but: tendre vers le film familial « so cute » à destination des bouts de choux et non des amateurs d’aventures polaires à hauteur d’homme. Pas de dressage, donc, juste de l’image.
Cette faute est impardonnable et gâche souvent notre plaisir de spectateur tant Buck possède des mimiques humaines à faire pâlir Rocket Racoon ou Scooby-Doo! Notre gros poilu cabotine outre mesure et se permet toutes les audaces, quitte à tomber dans le surréalisme total (je vous mets au défi de demander à un chien de rester stoïque dans un canoé… quand des rapides lui font face!). Le réalisateur de « Lilo & Stich », issu de Disney et Dreamworks, cède, donc, à la facilité et aux fonds bleus sans retrouver la magie d’un « Croc Blanc » (celui réalisé par Randal Kleiser en 1991) ou d’un épisode de Rintintin. Aucun animal ne fut maltraité durant le tournage, certes, mais rien ne vaudra jamais l’ interaction naturelle entre un Maitre et son toutou.
Ceci étant dit, le soin global apporté à cet « Appel de la Forêt » 2.0 est toutefois à saluer.La réalisation de Chris Sanders alterne, avec équilibre et élégance, moments d’intimité et morceaux de bravoure, la photographie de Janusz Kaminski (chef opérateur attitré de Steven Spielberg, tiens, tiens,…) sublime les décors enneigés ou les couleurs mordorées et le fil narratif se déroule sans que le public adulte ou enfantin ne soit perdu. Les caractères des personnages sont, parfois, dessinés à gros traits- avec des méchants vraiment méchants- mais l’on sent véritablement l’amour que porte le scénariste des « Croods » pour le film d’aventure et les grands espaces.
Enfin, la distribution ne peut qu’emporter notre adhésion: Omar Sy incarne Perrault ( le conte est bon!), un « Postman » amoureux de ses canidés, avec beaucoup de chaleur et d’humanité et Karen Gillan campe une bourgeoise écervelée avec la retenue qu’il convient.
Mais ce blockbuster enneigé ne serait rien sans la présence magnétique d’Harrison Ford, dont les effets du temps n’ont plus de prises sur lui depuis l’absorption d’un Graal sacré. John Thornton, homme blessé épris de solitude et de plaines verdoyantes, nous émeut en un seul regard. Point besoin de jeu forcé ou d’emphase chez cet acteur d’exception. Un simple mouvement de la main, une intonation de sa voix (inimitable Richard Darbois en V.F.) ou une un œil qui frise et nous voici pris dans les filets de l’émotion pure et dure. Harry marche à l’économie mais dépote toujours autant. Du grand Art.
James Mangold ( « Le Mans 66 ») est crédité comme producteur exécutif sur ce très beau « Call of the Wild » » et pressenti comme réalisateur pour « Indiana Jones 5″.Alors, en attendant le retour de l’Homme au Fouet pour 2021, n’hésitez plus! Foncez voir ce long-métrage familial et moral, aux valeurs profondes et inaltérables. »L’appel de la Forêt »?
Un film Old School but so cool(d)!
John Book.