Diable!
Le temps est trop court pour mes petites mirettes et l’avalanche de films, chaque mois, trop conséquente. J’avais une grande envie de revoir , sur grand écran, le canadien ténébreux dans son ultime (?) baroud contre les assassins de tous poils. Malheureusement il n’en fut rien. Trop de films à voir, de choix à faire et pas forcément les bons…
Après une séance de rattrapage en DVD avec quelques mois de retard, je ne résiste pas à l’envie de vous chroniquer cette expérience de cinéma à la violence cathartique et hypnotique!Attention! Johnny s’en va t’en guerre.
Totalement en phase avec les précédents (puisque commençant à la minute près par la fin du chapitre 2) et nettement supérieur à son prédécesseur, « John Wick 3 Parabellum » ne fait pas dans la dentelle mais le complet seyant. Mieux, il se révèle extrêmement élégant- à l’image de son héros implacable.La réalisation de Chad Stahelski, ancien cascadeur et acteur, fait des merveilles en matière de confrontations brutales, chorégraphiées et sanglantes et l’on se surprend à décrocher une mâchoire crispée (devant tant de prouesses physiques et techniques) tant la caméra fait corps avec les altercations nerveuses de notre mutique killer.
Keanu Reeves, investi dans son rôle et adepte de longue date d’arts martiaux divers et variés, prouve qu’il en a encore sous le capot à l’aube de la cinquantaine et nous enivre de parades insensées. Point de moments racoleurs ou inutilement dégueulasses. Chic et choc, cette boucherie annoncée se pare de ses plus beaux atours par la grâce d’une photographie métallique et clinique signée Dan Laustsen. Cette dernière, indispensable à la tenue irréprochable de cette destruction massive, enrobe ce troisième volet d’un climat étrange, à mi-chemin entre le polar futuriste cher à Ridley Scott et le chef-d’œuvre de Michael Mann: « Heat ». Ne nous voilons pas la face: cette saga ne s’inscrit aucunement dans une prétendue réalité et emprunte aussi bien à la BD qu’aux films de John Woo en matière d’action pétaradante. Mais sous le vernis bleu glacé et l’entertainment , l’on sent poindre dans cette dernière virée une once de nostalgie inédite.Les héros sont éreintés. Vidés. Sans repères.Les dés sont pipés.
Et ce polar noir se teinte, alors, de désespoir…
Keanu Reeves trouverait-il en son personnage de tueur à gages cynophile un néo avatar d’Humphrey Bogart? La comparaison peut paraître hâtive mais ne l’est pas tant que cela. Il faut voir avec quelle nonchalance Jordani Jovanovic se fraye un chemin jusqu’à Casablanca (tiens, tiens) afin d’y régler quelques comptes …pour terminer défiguré mais sapé comme jamais dans une ruelle désaffectée.Tout l’étreint mais rien ne le touche.Pour cent balles, t’as plus rien.
Ajoutez à cela un clin d’œil amoureux et appuyé à « Matrix » (Laurence Fishburne est impérial en sosie de « Ghost Dog« ) et à « James Bond » (les « bourre-pif » sont garantis sans gadgets et Halle Berry, aux abois, a du chien) et vous obtiendrez un blockbuster de qualité mais s’essoufflant un peu vers la fin… à l’instar de son protagoniste?On me souffle à l’oreille qu’un 4ème épisode se profile à l’horizon. Shit! Nous tenions la trilogie quasi parfaite…Peu importe.
Chad Stahelski n’est certainement pas John Mac Tiernan, mais cette « Journée en Enfer » particulière talonne de près la trilogie « Die Hard » dans ce mélange de nonchalance et de vengeance assumé. Sans doute finira t’il en beauté?Puissant comme le morceau « Les Brutes » de Rawdog, classieux comme Belmondo dans « Le Magnifique » et gonflé à bloc, ce « John Wick » ne manque décidément pas d’air!
John Book.