[Live report] Trois heures de concert téléphoné pour Jean-Louis Aubert au Zenith de Rouen

 

4800 personnes quand même pour applaudir Jean-Louis Aubert, l’homme des grands tubes de Téléphone, jeudi 13 novembre dernier au Zénith de Rouen.

En première partie non annoncée, le groupe Kriill a dans ses rangs un ancien prof de musique de l’école Harpa, rue Verte, aujourd’hui fermée. Kriill distille une musique soignée avec des instruments simples. Une guitare, un clavier, une batterie ou des dérivées et surtout des textes en anglais. Le guitariste Eliot a travaillé avec Jean-Louis Aubert sur le dernier album de ce dernier. La grande aventure pour Kriill a ainsi commencé avec un concert commun où Jean-Louis Aubert a fait leur 1ʳᵉ partie du groupe devant 150 personnes. En échange, ils ont pu jouer 40 fois devant 5 000 personnes lors de la tournée des Zénith. Le succès est au rendez-vous, Kriill reviendra, mais peut-être pas au Zénith. D’autres salles existent dans la Métropole.

Debout là-dedans.

Le Zénith est en configuration tous assis. Le public n’est pas encore celui de Michel Sardou mais il n’est plus très jeune. L’ancien chanteur de Téléphone arrive en contre-jour. Dès les premiers accords de « C’est quand ça commence », les premiers rangs se lèvent et prennent d’assaut le devant de scène. Il n’y a pas de crash barrières mais l’ambiance est bon enfant, la sécu laisse faire. Chacun veut, peut, profiter à sa manière.

La déferlante de tubes

Très vite, c’est la déferlante de tubes.  « New-York avec toi », « Les Plages« , « Argent trop cher« , les titres de Téléphone n’ont rien perdu de leur verve, ceux de Jean-Louis solo sont toujours aussi magnifiques. Et il y a cette chanson, le chanteur s’était promis de ne plus la jouer mais elle a refait son apparition avec cette tournée.   « La bombe humaine » est l’occasion de rendre hommage aux disparus du Bataclan.  « Je voulais pas que le Bataclan devienne un garage (…) On va pas faire la minute comme CNews (…) J’ai pleuré alors je rechante cette chanson. »

Le Bataclan en mémoire

La minute de silence est vite expédiée, on touche à l’intime mais c’est pour mieux redonner du sens à la musique. Ce n’est pas que la fête commence, juste qu’elle continue.  « C’est bien les minutes de silence mais, pour nous, faut pas qu’on reste silencieux toute notre vie. »

En plongée dans les océans

Jean-Louis Aubert communique facilement, a le sourire en bandoulière, comme sa guitare. Le voilà en train de rappeler comment il a composé « Hygiaphone », en repompant allègrement Chuck Berry. Et il enchaîne sans temps morts, voilà « Métro c’est trop ». Maintenant assis au piano, on se dirait dans Le Grand Bleu, au fond des abysses avec les tortues. Les images sous-marines projetées en fond de scène sont superbes. Forcément, les tonalités virent à l’orange pour « Le jour s’est levé ».

Les Stones en référence

Toujours au piano, Jean-Louis emporte le Zénith ailleurs. Retour à la guitare pour le toujours magnifique « Juste une illusion ». Bientôt les notes du « Paint it black » des Stones résonnent. Ce n’est pas le Vietnam, mais une autre guerre se joue insidieusement. Jean-Louis Aubert la gagne, chaque accord, chaque riff, résonne comme une victoire.

Un parfum de téléphone

Surprise, bonne surprise, Richard Kolinka, batteur historique de Téléphone et pote de Jean-Louis Aubert arrive. C’est l’hystérie à Rouen mais tout est sous contrôle. Un nouvel hommage aux Stone est rendu, avec cette fois un Rickard Kolinka de feu à la batterie pour reprendre « Satisfaction ». « Voilà, c’est fini. »

Jean-Louis Aubert revient guitare en bandoulière avec ses 6 musiciens, tous de noir. L’occasion d’un dernier coup de griffe à propos de « nos urgences non essentielles ».

On ne savait pas Jean-Louis Aubert aussi concerné. Et c’est plutôt une bonne nouvelle. Quant au concert, il fut à l’image du chanteur : exceptionnel durant presque 3 heures !

Et maintenant ? Bien, cela recommence encore et encore avec en point d’orgue une date à la Défense Aréna le 13 décembre prochain et une programmation lors du prochain festival des Vieilles Charrues à Carhaix le 17 juillet 2026, le même jour que Nick Cave ! La classe !

Patrick Auffret