JEWLY “Toxic” la voix Analeptic

On a souvent tendance à chercher un exutoire, aux chemins de nos vies cabossées, dans la musique comme une thérapie. Défouloir ne pouvant leur conférer des vertus positives sur nos corps et notre esprit. Il est impossible de nier que tout rythme frénétique ou introspectif contient un principe actif qui, comme tout médicament, peut avoir un pouvoir médicinal. L’effet du syndrome sérotoninergique lorsqu’il fait écho à notre fort intérieur, entraîne l’augmentation du tempo cardiaque, cadencé à l’unisson qui nous libère et nous soigne. JEWLY en mettant en pratique l’hypersensibilité qui incarne sa musique, a tout compris. Sur cette voie vers la détoxicité cette artiste au charisme équivalant à une Janis Joplin, gracieuse et féline, séduit par son univers personnel enchanteur. La chanteuse, par sa voix puissante et ses maux intimes, transforme l’énergie créatrice qui devient aujourd’hui sa ligne de vie. A l’écoute de cet album “Toxic” JEWLY nous élève à la hauteur de la passion qui l’anime, pour une guérison fiévreuse, d’amour musical indéniable.
L’interview qu’elle nous offre ici ne vous laissera pas indifférent ! Attention analepsie imminente !

Est-ce que tu peux nous expliquer comment Jewly est née ? 
Et bien de manière assez inattendue je dirais ! J’ai une formation d’altiste puis de violoniste et mon grand-père me faisait écouter du Mozart quand j’étais enfant. Ado, la guitare est venue dans mes bras car l’instrument était plus logique pour m’accompagner au chant, j’aimais bien ça. Je n’ai jamais « rêvé » d’être chanteuse, la musique s’est plutôt imposée à moi, à travers des rencontres, des histoires sans doute loin du « hasard »… Au départ je chantais plutôt en cachette. Puis j’ai commencé à faire quelques concerts et j’ai eu l’opportunité d’enregistrer un single que j’ai décidé de vendre au profit de l’UNICEF. ça a été le déclencheur, j’ai goûté à la joie de chanter ses propres chansons et d’aller en studio… « contaminée » ;). En même temps, l’écoute de la version « Summertime » de Janis Joplin a été la révélation de ce qu’est, selon moi, être chanteur : quelqu’un qui donne ses tripes et met toute son âme dans chaque seconde de partage musical. Et puis la scène a ensuite révélé définitivement ce besoin profond en moi de rock et de blues… le reste s’est enchaîné très naturellement et comme une évidence !

Est-ce que tu as toujours eu ce projet aussi Rock’nroll ?
Au départ, quand on écrit des chansons, ce n’est pas toujours évident de trouver son identité et sa voie. Petite, j’ai été bercée dans des univers musicaux très variés et très loin du rock. Au départ, je chantais des reprises, souvent plutôt de jazz. Chanter les chansons des autres, c’est assez « facile » ; créer son univers est plus complexe et celui-ci évolue avec nos expériences, nos rencontres, nos aspirations, etc…  J’ai écrit mes premières chansons à 15 ans, qui sont très différentes de celles que j’écris aujourd’hui. Une chose subsiste néanmoins, cette volonté de puiser au fond de soi pour parler de choses profondes et assumer sa singularité. Pour moi le rock & roll c’est surtout cela. Mes albums ont tous suivi une évolution les uns par rapport aux autres, et c’était une vraie volonté de ma part. Que l’on rajoute de l’électro, du blues, de la pop, ou autre, l’état d’esprit rock & roll demeure.

Avoir une voix comme la tienne c’est un peu comme recevoir un don de la déesse du Rock ! Qui sont tes maîtresses à chanter ? 
Merci déjà pour ces mots ! Alors de ce côté-là, je suis un peu une sale gosse… Ce qui m’attire dans une voix c’est l’émotion, le mimétisme ne m’intéresse pas. Quand on commence à me comparer à une chanteuse, j’évite de l’écouter ;). J’écoute plus de voix masculines d’ailleurs. L’exemple parfait est Nick Cave, il me touche droit en plein cœur. Après évidemment qu’il y a les « maîtresses » ! Une Nina Simone et son Backlash blues piano-voix, Beth Hart, Alanis Morissette, Amy Winehouse ; ces chanteuses qui inspirent évidemment un respect foupour moi.

Qui sont les musiciens qui t’accompagnent ? 
L’équipe de live n’est pas forcément la même équipe qu’en studio. Toujours dans cette volonté d’évolution, j’estime que c’est bien de s’enrichir des influences, expériences et personnalités de différents musiciens. Quand j’ai validé l’arrangeur et réalisateur (en gros le directeur artistique) de l’album Toxic, Moon Pilot, je lui ai laissé constituer l’équipe du studio. Il m’a proposé Romain Lejeune (Blind Suns)à la guitare et Vincent Lechevallier (Pony Pony Run Run, HollySiz, Luke…) à la batterie. Romain avait vraiment le son que je recherchais, avec aussi cette touche blues, blues/rock et Vincent, ce frappé franc et l’habitude de travailler avec des sons plus électro. Moon Pilot m’a aussi proposé les cordes (pour cet album très introspectif, cela me tenait à cœur d’en avoir), Richard Bourreau au violon (Lo’Jo) et Jean-Baptiste Noujaim au violoncelle. Et puis il y a eu des guests, qui ont tout naturellement adhéré au projet et accepté de jouer sur le(s) titre(s) que je leur ai proposé(s) tout simplement parce qu’ils le(s) kiffaient !! Le bassiste anglais Phil Spalding (Mick Jagger, Robbie Williams, The Who, Mike Oldfield…)devait enregistrer 3 titres et au final en a enregistré 7 ! Axel Bauer, Justin Adams (Robert Plant, Sinead O’Connor, Brian Eno…) et Pascal Danaë (Delgres) ont chacun posé des guitares sur un titre et quelles guitares !!

Après on travaille le live avec mon équipe, Raph Schuler (Norbert Krief, Suzanna Choffel, Jean-Claude Rapin…) batteur qui joue avec moi depuis… 11 ans ! Le bassiste Jean-Christophe (JC) Bauer (Patrick Rondat, Dirk Verbeuren, Hassan Hajdi…) a intégré l’équipe il y a 5 ans et le guitariste Seb Bara (Ahmed Soultan…) en 2017. D’excellents musiciens et surtout une équipe complice et soudée.

Comment les as-tu rencontrés ? 
Pour ce qui est de l’équipe « studio », c’est principalement via Moon Pilot, le réalisateur. Pour les guests, Phil je le connais depuis 2013 car il a collaboré sur mes 3 derniers albums. Et pour les autres guests, c’était par le biais de connaissances bienveillantes.

Pour mon équipe live, j’ai rencontré mon batteur Raph lors d’une soirée bœuf musical assez surdimensionnelle pour la fête de la musique dans un endroit complètement perdu ;), il m’a dit « si jamais tu cherches un batteur un jour… ». Quand j’ai commencé à développer mon projet, je l’ai appelé et il a toujours été fidèle au projet. C’est d’ailleurs lui qui m’a fait rencontrer JC et Seb.

Le travail de composition a-t-il été long ? 
Plus ou moins je dirais, mais dans ma tête oui c’est certain ! Il a fallu gérer les émotions de cette introspection. J’ai composé Toxic un peu différemment de mes autres albums, à savoir au piano. Les morceaux marchaient piano-voix et ont ainsi permis de sortir librement toute mon émotion. Très très vite est née l’idée que tous les titres mis bout à bout forment une phrase révélatrice d’une délivrance, ainsi que l’idée de ce parcours de vie déballé de manière chronologique. Du coup, c’était un challenge d’écriture, car une fois que j’avais mis les émotions et thèmes sur chacun des âges (et donc des titres), il a fallu composer en pensant à une dynamique et à un fil conducteur musical pour l’album mais aussi pour le live ! Le live retrace ce parcours chronologique, avec les 10 clips qui l’illustrent, l’ordre des chansons devait ainsi être le même en live. J’ai donc dû écrire en me projetant déjà dans le concert. C’est excitant, mais aussi plus complexe.

Dans cet album « Toxic » tu prends soin de créer une ambiance élégante touchant l’intime et à la fois d’une puissance brutale indéniable. Avais-tu cette idée esthétique dès le départ ? 
Assez rapidement oui ! Et c’est souvent ma façon d’écrire. Dénoncer des choses mais en n’imposant rien. L’auditeur doit rester libre mais en même temps, je veux qu’il ressente, se questionne, vive, agisse aussi ; que ce soit pour les autres mais surtout pour lui-même. Les sujets que j’aborde sont souvent universels et peuvent être bouleversants. Ce qui diffère un peu dans Toxic, c’est que cela touche directement à mon intime. Le 27 décembre 2017 j’écrivais le 1er titre, « Purify », suite à un électrochoc quelques jours avant qui m’a fait comprendre tant de choses. Je savais que la suite allait être profonde, parfois cinglante, mais authentique.

Tu as aussi le souci du détail  dans tes textes, qui évoquent ton parcours dans une sorte de longue introspection de ta vie. Cet album est une thérapie ou une story ?
Je dirais plutôt un partage d’émotions, d’expériences, une libération de la parole. Montrer que toutes ces étapes parsemées de rencontres et de situations toxiques ne doivent pas être subies. On peut s’en sortir ! Mais il faut l’accepter et réussir à aller au-delà. En tant qu’artiste, on a une chance incroyable de pouvoir, quand on puise au plus profond de soi, ressortir toutes ces émotions. D’autres n’ont pas ces cartes, et certains réalisent ou comprennent plus tard, trop tard. Chaque histoire est différente mais tout ce dont je parle dans Toxic nous a forcément tous impactés un jour, plus ou moins, que l’on soit dans le rôle de victime ou de témoin. Accepter ce que l’on est. Comprendre qui on est vraiment. Un antidote, une story sans filtre peut-être…

Pourquoi l’avoir nommé « Toxic »?  
Alors le titre était évident d’emblée ! Tout comme la phrase formée de tous les titres. Il aurait pu s’appeler « Purify » mais je voulais plus d’impact, et surtout véhiculer le message de se débarrasser du toxique, de ne plus le subir, mais aussi de comprendre la part de toxicité et d’atoxicité en chacun de nous-même.

Avec plus de 500 concerts tu es une vraie Bête de scène. Le live est une forme d’expression de ta musique que tu sembles aimer plus que tout ?
Si je fais ce métier, c’est pour le live oui ! Après plus de 500 concerts, je ne me lasse pas. Mais parce que j’écris des chansons que j’ai envie et besoin de porter, de crier. Cette alchimie avec les gens, cet état de libération déroutant, ces partages réciproques, c’est fort. On donne tout ce que l’on est sur scène, sans filtre, en tout cas c’est ma manière d’aborder le live et de voir ce métier.

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Stef’Arzak

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