Denis Bortek a le vent en poupe. Un nouvel album est déjà disponible sous la forme inédite de deux vinyles, un blanc et un noir. Le mercredi 26 juillet dernier, le leader-créateur de Jad Wio a livré un show exceptionnel mais pas vraiment prohibé à l’International, à Paris.
On pouvait à juste titre s’interroger sur l’avenir de Jad Wio, le groupe emblématique des années 80, à la fois sulfureux et dévastateur. Au printemps dernier, le groupe se produisait en duo en première partie de The Mission mais point encore de release party de l’album, en fait 2 EP de six titres, annoncés depuis plusieurs années déjà. Cadavre Exquis, c’est son nom, était pourtant bien présent physiquement au merch’ de l’International, la salle en vogue à proximité de la rue Oberkampf.
D’emblée, la présence de K-Bye à la terrasse du bar rassure. Le duo magique se reformera bien ce soir pour jouer quelques morceaux.
La soirée a l’allure d’une carte blanche à Denis Bortek. Plusieurs invités sont au programme ce soir pour un florilège de reprises mais aussi d’inédits.
Les nombreuses guitares sur scène laissent présager une tornade électrique mais il faut d’abord écouter le maître de cérémonie, cheveux longs et chemise blanche à fleurs derrière des lunettes noires, faire la lecture d’un livre de Sylvie Germain et invoquer Saint Denis l’évêque de Paris.
Un reprise du Gun Club, Mothers of Earth, ouvre la cérémonie. Dans la foulée, Denis Bortek convoque une vieille canaille, Jacques Dutronc.
« C’était un petit jardin Qui sentait bon le métropolitain.
De grâce monsieur le promoteur Ne coupait pas nos fleurs » chante Denis Bortek seul à la guitare acoustique.
Les morceaux s’enchaînent dans une ambiance feutrée. A peine quelques rares bavardages viennent perturber la bonne interprétation d’un calypso.
L’instant est précieux, les titres s’enchaînent dans une ambiance de velours. D’ailleurs, Denis joue en solo en une reprise du Velvet, Who Love the Sun.
Il se montre très attachant, mettant même en musique un fait-divers sordide, la chanson Lavomatik. L’interprète d’Ophélie n’est pas à une dérive musicale prêt.
La première invitée est la bassiste Bat Kat. Elle vient pour deux chansons, dont un très belle reprise de Boys Boys, un titre de l’excellent album Dantzig Twist de Marquis de Sade.
Les morceaux sont choisis avec une élégance raffinée. « On est vieux nous aussi » lâche Denis Bortek tout en ironie.
Voilà le temps de La loi des pauvres gens, morceau hommage à Dominic Sonic, le rockeur breton décédé en 2020.
Pour le titre Champagne de Jacques Higelin, premier moment fort du concert, Denis Bortek est accompagné à la guitare par son ami Mars Hello. Ce dernier se fait attendre mais le voilà bientôt sur scène.
L’ambiance est savoureuse, Denis Bortek parfait dans le rôle de maître de cérémonie. Le duo enchaîne avec une reprise de Diamond Dogs, de David Bowie.
Richard Maubert vient interpréter un vieux titre de1977 mais surtout Jaloux, sa dernière chanson. Le public est captif, mais a envie d’une musique endiablée. Justement, une reprise des Cramps est au programme.
Le temps d’une courte pause. Kristof Kbye, le comparse de toujours, est enfin sur scène avec sa guitare, le duo mythique venu sans son Revox, ce magnéto à bandes avec lequel Jad Wio envoyait sa rythmique dans les années 80, lorsque Denis Bortek et Kbye écumaient l’Europe et au-delà : ils sont allés jouer jusqu’en Russie, et aussi aux USA !
Trois morceaux seront joués lors de ce rappel d’un nouveau genre, Priscilla, un extrait de l’album Contact mais surtout, en final, à quatre guitares, la sublime reprise du titre You’re Gonna Miss Me de 13th Floor Elevators paru sur Cellars Dreams, le premier album studio de Jad Wio. C’était en 1986.
Plus de 30 ans plus tard, le duo a prouvé ce mercredi 26 juillet à l’International qu’il n’avait rien perdu de sa force de frappe !
Photos et chronique de Patrick Auffret (avec Lysianne Roche)