Après un premier opus en 2017, le combo masqué bruxellois, Why The Eye, réunissant Jean-Paul Domb, Nico Gitto (Avalanche Kaito, Facteur Cheval), Damien Magnette (Wild Classical Music Ensemble, Facteur Cheval) et Thomas Giry remplacé depuis 2024 par Jean-Philippe De Gheest (Piloot, Joy As a Toy), a donné naissance aujourd’hui à un nouvel album, « Inspirex ». Explorant plus que jamais le vaste champ expérimental d’une « techno préhistorique » à la plastique DIY surprenante, le band cultive le mystère d’un folklore imaginaire en laissant grandir en nous la frénésie d’une transe électronique post punk noisy à mi-chemin entre The Residents, Renaldo and the Loaf ou encore SNAPPED ANKLES. L’ensemble mixé par Jean Lamoot (Alain Bashung, Brigitte Fontaine, Dominique A…) et avec une pochette réalisée par Françoiz Breut, inutile de vous dire que nous en avions les neurones en ébullition. Il ne nous en fallait pas plus pour investiguer les protagonistes de Why The Eye… Interview.
– Pouvez-vous nous parler brièvement de l’origine de votre incroyable quatuor masqué ?
Djp inventait depuis l’an zéro-zéro différents instruments DIY allant de castabignettes à une usine à gaz électronique à base de circuit bending et de K7 appelé radiocaphone, en passant par des lamellophones et instruments-à-roue, etc. C’est le duo Zoft (Damien et Nico) qui a proposé en 2013 une réunion à quatre musiciens autour de ces instruments dans l’idée de créer un groupe qui mettrait en valeur les instruments fabriqués par Jp. Un premier concert finalement annulé s’annonçait pour le Carnaval Sauvage de BXL en mars 2014, chacun avait déjà réalisé son masque, il y avait ces quatre vestes de cuistot, le groupe avait un nom, une image et un répertoire.
– Loufoque, atypique, expérimental, sauvage ou encore créatif à l’extrême : beaucoup de qualificatifs nous viennent en tête. Mais vous, comment définiriez-vous votre univers ?
On a certainement un côté « steampunk », comme si on avait quitté la route toute tracée des avancées technologiques autant que musicales, pour continuer sur un petit chemin de terre qui s’enfonce dans l’inconnu…
– Votre premier album remonte à 2017. Qu’est-ce qui vous a donné envie de reprendre l’aventure avec ce deuxième album » Inspirex « ?
En 2017 on a commencé à renouveler notre set live et la plupart des morceaux de « Inspirex » (à part « Inspirex ») ont longtemps été éprouvés sur scène, ils ont évolué et mûri puis c’était le moment de les enregistrer (avant que ça ne pourrisse !).
Nous voulions un rendu différent de notre premier album, Damien a proposé pour celui-ci de s’occuper de l’enregistrement et de la production. Le paris était d’arriver à un résultat enregistré qui rendrait, à travers un gros travail de production et d’overdubing, l’énergie que le groupe produit en live, mais d’une façon tout à fait différente, pensée pour le disque.
Jean Lamoot a finalisé le mix à Paris et le label Exag records se trouve être nos nouveaux voisins de palier de grotte secrète…
– Sept ans se sont écoulés entre vos deux disques. Le monde a changé, la musique aussi. Votre envie d’en découdre avec les conventions semble pour autant intacte. C’est quoi Votre secret ?
Hormis qu’on est chacun une source musicale intarissable, habitué à l’impro et aux dissonances, il y a une certaine authenticité car ce sont les instruments qui nous contraignent à jouer leur musique. Même si on les maîtrise selon notre volonté, sensibilité et précision, les limites qu’ils imposent donnent une couleur forcément hors-norme.
– Avez-vous changé votre façon de composer ensemble ?
Nous avons surtout changé d' »ensemble » puisque Jean philippe de Gheest remplace Thomas Giry depuis mai 2024 et rejoue pour l’instant ses parties avec entre autres un nouvel instrument qui ouvre de nouvelles portes sonores ! On avait essayé différentes formules avec ou sans tableau, dont « chacun gère un morceau » ou “composer par prises successives en multipiste” pour le court métrage « Simbiosis Carnal » (2017) mais nous retombons instinctivement sur un riff ou un rythme qui nous stimule et qui devient le pilier (central ou pas) d’un morceau. Chacun s’essaye, des propositions fusent puis ça se précise, se minimalise, se fige, se modifie, ça doit être bien éprouvé en live… On a un nouveau lieu et un nouveau membre, on est impatient de produire du neuf !
– Vous êtes des explorateurs sonores et ou des bricoleurs de génies de façon presque schizophrénique, que cherchez-vous à transmettre au fond dans vos compositions ?
La liberté de faire du hors-piste musical et offrir au publique la transe dans la danse.
– Le caractère imprévisible qu’apporte le live est-il un espace de jeu qui vous permet d’être encore plus libre dans votre démarche ?
Il y a bien ce moment rituel (pour « Free gluten ») de passage de micro dans le public avec hurlements et/ou chants chamaniques, tentatives diverses, parfois absurdes, moments libérateurs. Puis il y a eu quelques ateliers et/ou jam avec enfants/parents/publique sur nos instruments, on n’y est pas « plus libre dans notre démarche » mais l’approche est conviviale, simple et sans contrainte, on offre l’occasion de jouer librement, de s’essayer, c’est accessible, on n’est pas derrière un écran !
– Pour vous, quel serait le lieu de concert idéal ?
Tu veux dire « combien ? » (:
Tout est dans l’occasion, l’accueil, le public, le son, peu importe le lieu !