[Interview] One Rusty Band –  « Line After Line »

Avec leur énergie brute, leur esthétique rétro-blues et leur passion contagieuse, One Rusty Band bouscule les codes du rock’n’blues en y injectant une bonne dose de modernité et de sueur. Derrière ce nom, un duo explosif : Greg, homme-orchestre aussi à l’aise à la guitare qu’aux percussions, et Léa, performeuse aérienne et danseuse de claquettes électrisante. Ensemble, ils livrent des performances scéniques d’une intensité rare. Avec « Line After Line », ils poursuivent leur exploration sonore et émotionnelle, entre riffs nerveux et groove viscéral. Un morceau qui groove autant qu’il cogne, et qui révèle une nouvelle facette de leur univers.

À l’occasion de la sortie de leur dernier opus, nous avons échangé avec le duo pour évoquer leur processus créatif, les inspirations derrière « Line After Line » et leur vision de la scène indépendante.

 

« Line After Line » est votre troisième album. Comment ce nouvel opus se distingue-t-il de vos précédents ?

Greg : Nous avons plus d’expérience, nous travaillons mieux à deux et l’avons vraiment composé à quatre mains ; ce qui donne un album mélangeant réellement nos deux univers. On a également découvert de nouvelles techniques d’enregistrement et cela nous a permis de créer un son qui colle mieux avec ce qu’on avait en tête. 

Léa : On a beaucoup appris, progressés à chaque album et au fur à mesure des tournées. Cet opus est le fruit de nos dernières années sur la route et d’avoir construit de A à Z un espace de travail qui nous correspond, à la suite d’un déménagement. Nous avons à présent notre propre home studio.


En 2019, vous disiez que, pour vous, votre identité première était la rue. Presque 5 ans après la pandémie mondiale, avez-vous toujours le même sentiment ?  

Léa : C’est un projet qui a commencé dans la rue et c’est toujours important pour nous : dans la rue, tu peux tester pleins de choses, les gens ne t’attendent pas et c’est toi qui choisis l’endroit, l’horaire etc… Le groupe n’aurait pas pu exister sans cela. Nous avons toujours cette énergie très spectacle vivant dans nos concerts. Ça nous permet de ne jamais nous ennuyer et d’avoir la chance de jouer autant sur des scènes de festivals de rock qu’à même le sol dans des festivals d’art de la rue. Grâce à cela, on rencontre plein de gens différents, des artistes différents… L’ambiance n’est pas du tout la même si tu joues à 16h dans une cour d’école qu’à 23h sur une grosse scène. Les deux sont de super expériences !


Votre mélange de blues du bayou et de rock’n’roll groovy insolite, vous l’avez encore développé un cran au-dessus pour « Line After Line ». Y a-t-il pour vous une évolution dans votre façon de pratiquer votre musique ?

Greg : Question difficile. Je ne sais pas trop. Peut- être que nous connaissons mieux nos forces et faiblesses et que nous allons plus à l’essentiel, directement à ce qu’on aime vraiment jouer !


L’album s’intitule « Line After Line ». Y a-t-il un fil conducteur ou une histoire derrière ce titre ?

Greg : C’est en écoutant la première maquette de l’album qu’on s’est rendu compte que presque toutes les chansons parlaient d’expériences de tournée, que le fil conducteur était la route. C’est logique vu le temps qu’on y a passé ces dernières années ! Nous l’avons appelé « Line After Line » pour les lignes de la route, les kilomètres de câbles qu’on déplie soir après soir, les lignes des carnets où on écrit… 

Léa : On nous a fait remarquer que ça faisait ligne de cocaïne aussi (rires). C’est cohérent avec l’histoire rock’n’roll même si nous, nous sommes plutôt yoga et figues séchées en tournée !

Pouvez-vous nous en dire plus sur les thèmes abordés dans les chansons ?

Léa : On y aborde toutes les émotions ressenties quand on passe 8 h par jour les fesses posées dans un van : l’ennui, le rire, la joie d’être sur scène ; les belles choses comme les moins belles.
Dans « Dust Bowl », on parle de ce qu’on a pu observer de derrière notre pare-brise : un jour on pouvait traverser une forêt en feu, le lendemain une inondation. On a même vu une place de village disparaître dans une coulée de boue ! Durant la canicule, il m’est même arrivé de vomir à la fin de concerts, tellement il faisait chaud sur scène. On traversait des paysages où les arbres se mourraient, desséchés… On a vu les conséquences sur la vie des gens… C’est anxiogène, c’était important que cela apparaisse sur l’album.
On parle aussi de notre super aventure de déménagement façon Road movie dans « Across The Country » ou encore de la joie d’être libres et de rester de grands enfants dans « Wild Child ».

Greg : On s’est inspiré de rencontres. Des mauvaises : dans « Mr Catfishman, on dépeint un personnage prédateur, harceleur et manipulateur, comme des bonnes : dans « Happy Mess », on détaille une espèce de recette de cuisine où on mélange les gens et toutes les bonnes choses de la vie comme on préparerait un bon dîner ! Pour « Again », c’est notre addiction aux réseaux sociaux, dûe au fait de devoir faire notre propre com, qu’on a voulu décrire. Bref, des inspirations multiples aux allures de montagnes russes, la vie quoi.

Vous êtes reconnus pour vos performances live énergiques avec un nombre de dates hallucinantes. Y a-t-il des concerts qui vous ont particulièrement marqués ?

Greg : Un concert qu’on a fait dans la Drôme où il y avait une énergie incroyable (festival Aoustock. Si vous pouvez, allez-y ! Super prog et ambiance !). Il faisait très chaud et la tempête, les éclairs tournaient autour de nous jusqu’au moment où les éléments se sont véritablement déchaînés. Les gens ont continué à danser sous la pluie battante, on a continué à jouer et à la dernière note du concert, une énorme grêle a commencé à tomber. C’était très impressionnant. L’organisation a malheureusement dû évacuer le site et annuler la suite du festival. Pour nous, ce moment reste inoubliable car l’énergie de l’instant et la connexion avec le public était folle. On a de la chance d’avoir la fin du concert filmé (il est sur youtube). Vraiment électrique !

Léa : Après, pleins de dates nous ont marqué de par l’accueil de l’organisation, des bénévoles, du public … Nous passons vraiment de supers moments en tournée. Nous faisons des rencontres incroyables et avons des discussions passionnantes hors scène ! 


Pour la tournée de promotion de « Line After Line », vous avez déjà un agenda bien rempli. Beaucoup d’artistes indé souligne le fait que trouver des dates devient de plus en plus compliqué surtout avec les restrictions budgétaires. Comment vivez-vous cette évolution et comment gardez-vous l’énergie et la foi ?

Léa : Nous avons la chance de faire partie du roaster de l’Orient’Artist, avec une équipe au top où on se serre les coudes : Kristell Arquetoux qui booke les dates et nous manage, Marie à l’organisation et admin. Elles font un travail de dingues.
La situation actuelle de la culture en France est alarmante et symptomatique d’un problème plus large. L’histoire nous a appris que l’on commence avec la culture et qu’après, c’est tout le reste qui suit (aides sociales, services public, associations d’aide à la personne, d’insertion, pour les jeunes …).

Greg : Le fait d’avoir commencé dans la rue nous permet de nous dire que quoi qu’il arrive on continuera à faire du spectacle, on pourra toujours y retourner.


Comment envisagez-vous l’avenir de One Rusty Band après cette sortie ?

Léa : Devenir des rock stars, remplir des stades et utiliser des effets pyrotechniques !
Non, en vrai c’est toujours un étonnement de réussir à faire un album donc on va profiter de la sortie et de la tournée. Personnellement, je trouve déjà incroyable de vivre de la musique. Mon but c’est de continuer à s’amuser et à essayer de faire de notre mieux ; continuer à tester, à créer !

Greg : On a aussi très envie de s’exporter un peu plus dans d’autres pays européens…
Continuer de découvrir de nouveaux endroits à travers la musique !
 

Plus d’infos : https://linktr.ee/onerustyband 

Précommande digital + physique de l’album https://bfan.link/line-after-line-1